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Interop : la virtualisation des réseaux reste à l’état de promesse

Par La rédaction, publié le 14 mai 2013

A Interop, les Cisco, Juniper et autres Alcatel-Lucent se déclaraient déjà prêts pour le SDN mais les solutions opérationnelles se font attendre. En survendant la virtualisation avant qu’elle ne soit disponible, les fabricants peinent à écouler des châssis de communication bientôt démodés.

SDN. Le « cartel » des fabricants d’infrastructures réseaux n’avait que ces trois lettres à la bouche la semaine dernière à Las Vegas lors d’Interop, sa grand’messe annuelle. Comme la virtualisation des serveurs il y a dix ans, celles des réseaux s’annonce comme une remise à plat à terme des systèmes existants, celle des réseaux TCP/IP, ceux d’Internet, un marché énorme que les opérateurs rechignent à financer.

En liant automatiquement la priorité des échanges au type d’applicatif, à la demande, le Software Defined Network (SDN) diminue les contraintes de paramétrage des ports de communication et de la gestion des adresses et les coûteuses interventions des rares spécialistes des routeurs. Pour les opérateurs, ce serait déjà une bonne économie, les réseaux n’ayant cessé de croître sans cesse avec de nouveaux routeurs sophistiqués. « Les opérateurs comme les grandes entreprises en ont assez de payer du matériel coûteux et complexe. Il faut que cela change », déclarait ainsi Dan Pitt, président de l’Open Network Foundation (ONF) une association qui rassemble la plupart des acteurs du logiciel réseaux et, en particulier, les opérateurs autour du SDN. Par ailleurs, les réseaux deviendraient ainsi des entités logiques de communication très difficiles à pirater. Ce qui est un important motif d’achat. Les analystes d’IDC prévoient que le marché du matériel SDN passerait de 360 millions cette année à 3,7 milliards en 2017.

Mais cette nouvelle vague SDN déjà annoncée il y a deux ans se fait attendre. A Interop, chez les poids lourds, les Cisco, Juniper, Alcatel-Lucent, Brocade, Arista, le mode d’ordre était : « Nous sommes compatibles avec le SDN et nous intégrons déjà Open Flow (symbole du SDN) à nos systèmes  ». Concrètement, on peut acheter déjà une demi-douzaine d’appareils SDN dont le code sera mis à jour « bientôt ». Mais des solutions SDN qui soient compatibles avec les infrastructures existantes se font attendre. Mais, en vendant la peau de l’ours SDN avant l’heure de leur disponibilité réelle, le secteur des réseaux a du mal à vendre des solutions plus classiques. A Interop 2013, personne n’avait envie d’acheter des châssis de commutation bientôt démodés.

La virtualisation associé au SDN, en favorisant une administration et des applications centralisée sur de simples serveurs X86, va déjà passer par de nouveaux contrôleurs encore en phase bêta. Nec et IBM, en particulier, y travaillant d’arrache-pied. Il y va de la domination des offres logicielles sur les datacenters.
Aravins Sukumar, un ingénieur système, précisait sur le stand NEC : « Avec les réseaux 40 Gigabits (et bientôt à 100 Gbits), le réseau Ethernet est devenu un vrai bus d’ordinateur. Pour optimiser les échanges entre ces datacenters, que l’on peut comparer à des zones mémoires, il faut un contrôleur central comme le nôtre qui optimise les échanges en fonctions de la charge et des protocoles. Cela passe par la virtualisation des échanges. »

Chez Extreme, connu pour ses switchs, l’intégration d’open flow dans le système d’exploitation va déjà simplifier la mise en route des offres SDN. « Si l’intelligence est centralisée chez nous sur un contrôleur Nec, il faut toujours construire des switchs ultra rapides et de haut débit, consommant peu d’électricité avec des temps de latence ultra court. Cela reste un défi », explique Derek Granath, spécialiste des flux vidéo et directeur de projet produit. Extreme travaille donc avec Nec pour le contrôleur, et les spécialistes d’OpenFlow et de l’intégration des applicatifs : Flooligth et Big Switch. Chez Arista, l’argumentaire tient à la bonne intégration des applications big data, un plus qui a valu à la firme le prix du salon Interop.

Pour Doug Willis, le directeur marketing de l’offre SDN, l’évolution du système d’exploitation Junos de boîtiers Juniper passe déjà par le support d’Open Flow. Comme tous les autres fournisseurs de commutateurs et de routeurs, Juniper était sous pression pour montrer une stratégie cohérente qui ne cède pas le contrôle des réseaux virtuels à un autre fournisseur de logiciels. Son offre, en fait, se base depuis peu sur celle rachetée à la firme Contrail Systems, qui développait une technologie contrôleur compatible avec le protocole Open Flow et les futurs commutateurs virtuels. Il est amusant de voir que le principal créateur de Contrail, Kireeti Kompella, était un ancien pilier de Juniper parti il y à peine quinze mois de la firme. La moitié des 176 millions de dollars payés en actions Juniper iront compléter sa collection d’actions déjà très importante. On peut toujours faire fortune dans la Silicon Valley, mais avec un bon « PHD » en télécommunications.

Le SDN, comment ça marche ?

Le SDN permet de passer d’un réseau de paquets de données géré de manière distribuée entre routeurs, à un mode de routage centralisé sur des serveurs.  Ceux-ci pilotent des commutateurs plus simples. Les tables de routage sont sans cesse mises à jour et transmises via le protocole « stratégique » Open Flow aux différents commutateurs. Chaque constructeur développe sa version en faisant référence à un groupe de réflexion. Outre l’ONF, sensible aux critères des opérateurs, on trouve le groupe Open Dayligth, qui rassemble surtout les constructeurs de switchs.

TCP/IP un modèle de réseau crée par les militaires qui survit

Conçu pour résister aux attaques atomiques de la guerre froide, les réseaux de paquets TCP/IP ont supporté sans gros changements l’énorme trafic d’Internet. Personne en 1969, au lancement d’Arpanet, le réseau militaire et universitaire, n’aurait imaginé que quarante quatre ans après, le protocole TCP/IP, hyper solide mais assez lourd, résisterait encore à un tel trafic. Mais en 2013, les temps de réponse très courts sont devenus des obligations pour les opérateurs et les promesses de vitesse du SDN se font attendre.

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