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Johnson & Johnson sollicite Schneider Electric pour booster la digitalisation d’une usine
Par Alain Clapaud, publié le 20 octobre 2022
Avec l’industrie 4.0, la transformation digitale des usines s’accélère. Grâce à la vitrine que constitue son site du Vaudreuil, Schneider Electric s’est imposé comme un leader dans cette transformation. C’est donc vers l’industriel français que s’est tourné Johnson & Johnson pour accélérer la digitalisation de son usine voisine de Val de Reuil.
Site historique de Johnson & Johnson en France, l’usine de Val de Reuil (27) est spécialisée dans la production de produits pharmaceutiques et cosmétiques. En septembre 2020, l’entreprise charge un autre industriel, Schneider Electric, de mener un audit de ses installations pour en accélérer la digitalisation. Sa mission : proposer en moins de trois mois un plan de transformation sur toutes les activités du site avec l’idée de définir un schéma directeur sur trois ans et un ROI des actions engagées inférieur à cette échéance. Sébastien Fauvel, responsable de la transformation digitale du site Johnson & Johnson de Val de Reuil se rappelle : « Notre volonté était de nous transformer afin de tendre vers ce que l’on appelle aujourd’hui l’Industrie 4.0. Nous avons fait appel à Schneider Electric car ils viennent du milieu industriel et ils ont développé leurs propres usines sur ce nouveau modèle. Si nous étions très avancés en termes d’automatismes et d’informatique, le volet digital était en revanche assez nouveau pour nous. »
Simplifier les processus avant de les moderniser
Ce plan de transformation se concentre sur des actions présentant un ROI court, l’objectif n’étant pas de renouveler les équipements de production ou de réinventer les processus, mais bien de les améliorer pour gagner en performances. Le but est de cadrer les initiatives Industrie 4.0 avec un accent donné aux volets cybersécurité, sustainability et production, alors qu’un programme d’amélioration continue est déjà engagé depuis plusieurs années. « Notre démarche visait d’abord à simplifier nos processus, ajoute Sébastien Fauvel. En cela, le digital vient aider le processus d’amélioration continue. L’objectif, c’était d’améliorer globalement notre performance industrielle et de nous concentrer, au début de l’année 2022, sur deux objectifs : la compétitivité et l’agilité pour continuer d’exister sur un marché extrêmement concurrentiel. »
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Pour Yoann Caballero, spécialiste transformation digitale chez Schneider Electric, le défi était d’auditer un périmètre très large puisqu’il portait sur l’ensemble du site industriel et des services : « La priorité était de trouver des gains en consommation énergétique et tout ce qui pouvait participer à la réduction du lead time. »
Pour autant, l’activité industrielle de Schneider Electric semble bien différente de celle de Johnson & Johnson Val de Reuil : « Si les processus de fabrication diffèrent de ceux de notre usine voisine du Vaudreuil, il y a de nombreux points communs, à commencer par les rituels d’animation à intervalles courts qui existent dans toutes les industries, ou encore l’organisation de la maintenance, la prédiction des pannes et le suivi des consommations énergétiques. »
Parmi les activités présentant les plus forts potentiels de gains sur le lead time figurent le contrôle et l’assurance qualité, des problématiques très présentes dans l’industrie pharmaceutique.
Quatre actions lancées immédiatement après l’audit
Le diagnostic mené par les consultants de Schneider Electric a fait apparaître une trentaine d’actions à mener. « Nous avons fait le choix d’en lancer quatre dans un premier temps. Elles vont nous permettre de dégager un premier ROI avant de passer à la suite, prévoit Sébastien Fauvel. La plus grosse initiative porte sur la réduction de la consommation énergétique. Notre usine fait partie d’un véritable campus d’une trentaine d’hectares avec un château, une ferme, des bâtiments administratifs, des bâtiments de production, etc. Nous avions de multiples compteurs électriques et gaz qui n’étaient pas suffisamment précis pour nous permettre d’améliorer notre consommation. »
Le plan d’action implique le déploiement d’un système de smart metering (télémesure intelligente) dans le courant de l’été 2022 pour pouvoir rapidement prendre des mesures alors que les coûts de l’énergie s’envolent.
La deuxième priorité de ce programme Industrie 4.0, c’est de gagner en agilité. L’usine dessert l’Europe pour la majorité de sa production, mais aussi les États-Unis et le Japon. Sa compétitivité est benchmarkée au niveau mondial et doit exceller pour assurer son avenir. « Avoir une vision end-to-end, nous benchmarker avec d’autres industries comme l’agroalimentaire ou l’industrie manufacturière sont des moyens d’y parvenir. »
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Pour cela, la data offre un moyen d’optimiser la performance industrielle d’une usine mais, comme beaucoup d’industriels, Johnson & Johnson est confronté à de multiples sources de données : « De nombreux outils étaient déjà en place, mais il faut souvent multiplier les exports pour croiser ces données sous Excel, explique Yoann Caballero. Or aujourd’hui, ces analyses sur des données passées ne suffisent plus. Le temps réel et la réponse à tout moment sont devenus des standards. »
Si Johnson & Johnson a mis en place une stratégie data au niveau groupe, il lui faudra des outils d’analyse performants pour l’usine, interconnectés avec ceux du groupe. « C’est un sujet sur lequel nous continuons encore de travailler, car c’est un effort de longue haleine, ajoute Sébastien Fauvel. Nous disposions déjà d’éléments au niveau global, mais il nous fallait interconnecter l’usine avec ces moyens. J&J est amené à se scinder dans les années à venir et notre usine restera au sein de l’activité Business Consumer. Nous devons aussi nous préparer à cette future transition. »
L’objectif fixé aux consultants de Schneider Electric était de mener un diagnostic 4.0 du site qui devait aboutir à un plan d’actions avec le ROI le plus faible possible. Sébastien Fauvel l’assure, ces objectifs à l’horizon 2023 seront bien tenus et le programme de transformation digitale va pouvoir se poursuivre selon la roadmap établie avec Schneider Electric.

Sébastien Fauvel,
responsable de la transformation digitale du site Johnson & Johnson de Val de Reuil
« L’idée n’est pas de digitaliser pour digitaliser, mais bien de simplifier les processus avant de songer à les digitaliser »

Yoann Caballero, spécialiste transformation digitale chez Schneider Electric
« Pour le site de Val de Reuil de Johnson & Johnson, nous avons imaginé 30 axes d’amélioration, à commencer par la consommation énergétique, le suivi des expéditions et livraisons des fournisseurs, le suivi de la performance des lignes de production et du packaging, l’amélioration des flux dans le contrôle qualité, mais aussi la maintenance prédictive ou la mise en place de navettes autonomes entre deux bâtiments du site afin d’étendre l’amplitude horaire des transferts. La cybersécurité s’est imposée comme un axe à part.»
Le projet en quelques chiffres
30 actions à mener, dans tous les services
2 M€ Investissement initialement prévu dans le plan d’actions
2 années pour le ROI attendu
L’ENTREPRISE
ACTIVITÉ : Industrie pharmaceutique et cosmétique
EFFECTIF : 400 collaborateurs sur le site de Val de Reuil
CA : 93,8 Md$ (2020)
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