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La justice reconnaît l’influence du lean management sur les conditions de travail

Par La rédaction, publié le 29 mars 2012

Les SSII oublient généralement un des piliers de la méthode lean : le développement des salariés par l’amélioration et la simplification du travail.

Sujet polémique s’il en est, le lean management, une méthode d’amélioration continue, fait de nouveau parler de lui dans le landerneau des SSII. Le 6 janvier dernier, le tribunal de grande instance de Nanterre a en effet débouté de sa demande la direction de l’entité Capgemini Technology Services (devenue application services), qui assignait en référé le CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) de Capgemini TMD.

A l’origine, la direction de cette structure contestait le souhait du CHSCT de faire appel à une expertise extérieure pour se prononcer sur la méthode de lean management déployée au sein de la SSII. Selon le procès-verbal de la décision, la direction estime que « les conditions du recours à l’expertise ne sont pas réunies » car « le projet de déploiement d’une méthode d’amélioration du travail ne constitue pas un chantier important modifiant les conditions de travail, de santé et de sécurité des collaborateurs » et « qu’aucun risque grave (pour les employés – NDLR) n’est établi ».

Un camouflet pour la direction

Au final, le tribunal de grande instance a estimé, au contraire, que c’était à bon droit que le CHSCT avait décidé de recourir à une expertise extérieure. Difficile de mesurer, pour l’instant, les répercussions de cette décision. C’est en tout cas la première fois que la justice valide le fait qu’un projet d’organisation tel que le lean management puisse avoir une influence sur les conditions de travail des salariés. En revanche, c’est la seconde fois qu’un tribunal appuie une instance représentative du personnel sur le sujet. Le 18 février 2011, le tribunal de grande instance de Pontoise avait suspendu la mise en place du projet lean chez Atos Intégration, au motif que la direction n’avait pas respecté les procédures de consultation. Le comité d’entreprise d’Atos évoquant, à l’époque, une « tentative de passage en force ».

Une démarche forcément longue

Ces deux affaires sont révélatrices de l’utilisation restrictive du lean par les sociétés de services. Focalisées sur la stricte réduction des coûts, les SSII oublient généralement l’un des piliers essentiels de cette méthode, à savoir le développement des salariés par l’amélioration et la simplification du travail.

Dans la philosophie du lean ou « amaigrissement » (lean signifiant maigre – NDLR), on estime en effet que les opérationnels sont les plus aptes à cerner les problèmes et à augmenter la productivité en ciblant les tâches ou les processus sans valeur ajoutée qui font perdre du temps. Une démarche souvent longue (plusieurs années) et parfois incompatible avec le rythme de déploiement qu’imposent les directions de sociétés de services pour cause de rentabilité immédiate. D’où ces épisodes fréquents de tension entre direction et instances représentatives du personnel.

Article publié dans 01 Business & Technologies

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