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La réussite de l’entreprise 2.0 nécessite une méthodologie adaptée

Par La rédaction, publié le 12 mars 2013

Les réseaux sociaux d’entreprise mettent longtemps à s’installer dans les entreprises. Les entreprises misent sur l’individu et les bénéfices directs et immédiats pour transformer l’organisation à long terme.

Dans une semaine se succéderont deux événements à Paris : l’Enterprise 2.0 summit et le Salon Intranet & RSE. Si le marché des réseaux sociaux d’entreprise est en forte croissance, il est également en plein remous. Pour atteindre leurs objectifs de prise de part de marché, les éditeurs tassent les prix et offrent souvent des prestations complémentaires pour faciliter la prise en main. Plutôt agréable de prime abord pour les clients, sauf qu’il y a un retour de bâton vicieux pour les entreprises. Si elles ne s’occupent que de la valeur du volet technologie du projet et de son coût, elles entrent dans une logique de consumérisation de l’IT poussé par leurs collaborateurs. Et si l’entreprise investit peu dans sa solution, elle investit peu également dans la transformation culturelle et organisationnelle indispensable qui va avec. Difficile d’escompter des réussites dans ces conditions. Ce n’est pas nouveau, il est plus facile pour ces organisations d’accéder à de la technologie que de se l’approprier à des fins utiles. L’effort de transformation ne peut être pallié par une solution matérielle. L’entreprise doit engager sérieusement sa courbe d’apprentissage et placer pour cela la technologie au rang de catalyseur de cette transformation et non de composant prêt à l’emploi jetable.

Il y a plus d’enseignement à tirer des difficultés rencontrées que des réussites

Quel sera le ton des conférences de cette année ? Y aura-t-il encore de la place pour des discours « angéliques » sur le 2.0 ou des entreprises qui se gargarisent de leur réussite dans le domaine ? Se transformer est difficile, laborieux et use la peau des plus enthousiastes. Je pense qu’aujourd’hui, nous avons beaucoup appris de nos erreurs. Une improbable ambiance FailCon, autrement dit des discussions autour des projets de réseaux sociaux d’entreprise qui ont échoué, serait un signe de raison de la part de l’écosystème.

La réalité, ce n’est pas une adoption rapide et sans faille de ces outils et des usages associés par les utilisateurs. La réalité, c’est : une adoption facile, mais trompeuse au départ, suivie par une évolution lente et pas à pas des comportements.

 

© Lecko
Temps d’adoption d’un réseau social d’entreprise après déploiement

Adopter des démarches s’inscrivant dans le temps

La construction de l’Entreprise 2.0 prend du temps. Les succès sont difficiles à isoler au sein de l’organisation, comme il est difficile de percevoir la vitesse du train dans lequel on se trouve, ou de voir le mouvement de la petite aiguille d’une montre. En comprendre les concepts et le sens permet de voir les signaux faibles de son émergence. L’entreprise doit inscrire sa démarche dans la durée, une échelle temps qu’il ne lui est pas facile d’accepter face aux urgences des résultats opérationnels.

Preuve que la courbe d’expérience continue de progresser, de nouvelles stratégies de déploiement émergent. Elles privilégient l’individu et l’apport de bénéfices individuels directs et immédiats, qui sont ensuite décuplés par la mise en réseau avec d’autres collaborateurs.

Les anciennes stratégies cherchaient à créer des bénéfices collectifs par l’engagement des collaborateurs, avec une approche transversale ou autour du processus. Elles épousaient les structures organisationnelles traditionnelles. Elles ont fait leur preuve auprès de populations ayant un sens aigu du collectif, mais pas au sein de structures ayant moins le sens du collaboratif. Elles peinent donc à se généraliser.

L’intégration des modes d’organisation réticulaires, autrement dit en réseau, prendront plusieurs années, comme ce fut le cas pour celle des modes « projet ». L’entreprise a toujours eu à gérer des projets, elle a mis des années à en professionnaliser les pratiques. Elle a bien mesuré que ce n’était pas en déployant des outils de gestion de projet qu’elle formait ses collaborateurs. La même chose nous attend avec les nouveaux modes de collaboration. Les organisations entrent dans un nouveau cycle qui se nomme entreprise 2.0 ou Social Business. Et l’ensemble du marché du Software évolue vers le Social software. A ce stade, il nous manque nos Gantt, Pert, Merise, UML, ces méthodologies partagées par tous qui ont permis de faire progresser l’entreprise.

Arnaud Rayrole

Arnaud Rayrole

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