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Le BYOD, en France, ça n’existe pas !

Par La rédaction, publié le 22 février 2013

Le «vrai» BYOD (à l’américaine) n’existe pas et n’existera jamais en France. Il y a beaucoup trop de contraintes légales et sociales avec lesquelles composer

Encore un article sur le BYOD… ou pas. Car de mon point de vue, le « vrai » BYOD (à l’américaine) n’existe pas et n’existera jamais en France. Il y a beaucoup trop de contraintes légales et sociales avec lesquelles composer : droit du travail, partage de la responsabilité juridique, assurance, défiance entre employés et employeurs, syndicats, CHSCT, médecine du travail, et j’en passe…

Attention, sous le vocable désormais assez flou de BYOD (Bring Your Own Device), je parle bien d’apporter son propre équipement – quel qu’il soit (PC, tablette…) – tous les jours au bureau comme outil de travail principal. Car s’il s’agissait simplement d’apporter du matériel informatique sur son lieu de travail sans le déclarer, alors la pratique du BYOD serait aussi ancienne que l’informatique personnelle. Certains s’amusent à considérer la clé USB comme une forme primitive de BYOD ; j’irais plus loin en disant le BYOD a commencé dès qu’un particulier a pu acheter à ses frais un outil informatique identique à la version professionnelle, ce qui nous ramène à… la disquette 5″1/4. Nous fêtons donc les trente ans du BYOD !

Le BYOD à la française

Comme presque tous les projets, le BYOD est vendu comme un outil de productivité et de réduction des coûts. S’il est vrai qu’il améliore considérablement la satisfaction des utilisateurs – qui retrouvent un environnement familier au bureau –, aucune étude n’arrive à démontrer de manière crédible que les économies à l’achat ne soient pas compensées par une explosion des coûts de support et de gestion.

Mais surtout, je n’ai jamais vu personne apporter son propre matériel au bureau, et le soumettre à un quelconque processus d’enrôlement dans le système d’information de l’entreprise. Franchement, qui a envie que l’équipe informatique – de dangereux geeks dont les perversions sont souvent moquées à l’écran – intervienne sur son matériel personnel ?

Dans les faits, les projets de BYOD consistent surtout à donner accès à la messagerie professionnelle sur une tablette ou un smartphone. Ce qui est tout de suite moins ambitieux, mais beaucoup plus réaliste face au besoin réel des utilisateurs.

Le point de vue des utilisateurs

Il est un point qui est rarement abordé dans les réflexions sur le BYOD : pourquoi y a-t-il une telle demande des utilisateurs ? Ne faudrait-il pas comprendre la question avant d’y apporter une réponse ?

Le fond du problème ne va sans doute pas faire plaisir aux services informatiques : l’évolution de l’informatique personnelle a fait comprendre aux utilisateurs qu’ils étaient en droit d’exiger plus.

Comment peut-on attendre cinq minutes l’ouverture de sa session Windows, alors qu’une tablette s’allume instantanément ? Comment peut-on mettre trois minutes à retrouver un e-mail, alors qu’on peut chercher dans tout l’Internet mondial en moins d’une demi-seconde ? Comment peut-on mettre deux minutes à monter un VPN, alors que les e-mails arrivent en temps réel sur sa tablette, même en veille ?

Le problème de fond du BYOD est le suivant: les utilisateurs n’acceptent plus de travailler avec les solutions complètement dépassées que leur propose leur informatique d’entreprise depuis qu’ils ont vu mieux ailleurs.

Selon une récente étude de Gartner, la direction marketing aura un budget informatique supérieur à celui de la direction informatique en 2017. A croire que l’informatique est devenue une chose trop sérieuse pour être encore confiée à des informaticiens.

Les DSI et le marché doivent s’adapter… ou s’effacer

Outre leurs limitations techniques, toutes les solutions proposées pour « gérer » le BYOD jusqu’à présent (tel le MDM) sont vouées à l’échec, car elles ne répondent pas à l’attente fondamentale des utilisateurs : avoir des solutions informatiques performantes, conviviales, et sécurisées « out of the box ».

Les directions informatiques – ainsi que leurs fournisseurs et leurs sous-traitants – doivent rapidement entrer dans le XXIe siècle sous peine de sortir du jeu, et d’être remplacées par des prestataires externes plus innovants (ça y est, le mot cloud est lâché).

Bonne nouvelle, j’ai eu l’intuition suivante : le développement d’outils modernes ne coûterait qu’une part marginale du budget dépensé chaque année pour le support des technologies archaïques (legacy). Alors on disparaît ou on s’adapte ?

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