Le O de DOSI... Un O inutile car induit ?

Gouvernance

Le O de DOSI, une lettre de trop ?

Par La rédaction, publié le 21 avril 2023

Une petite lettre pour la DSI, un grand pas pour l’entreprise ? Il arrive que le DSI se voie augmenté d’un O pour se transformer en « DOSI » (Directeur de l’Organisation et des Systèmes d’Information). Une lettre haute en symbole… Voici pourquoi.


Par Josselin Ollier, DSI du Groupe JJA


Les directions générales ont négocié en l’espace de quelques années un vrai virage, en se convainquant de l’importance du système d’information et de la valeur « nécessaire » qu’il peut, qu’il doit apporter dans l’accomplissement de la stratégie de l’entreprise.

À cet intérêt accru s’ajoutent de fortes attentes vis-à-vis de la DSI : renforcer l’excellence opérationnelle, développer des relations de proximité avec les directions métiers, faire preuve d’agilité et de rapidité, « simplifier » leur communication, actionner la valeur des outils, du digital, de la data et, si possible, « faire plus avec moins ».

Un changement de paradigme

En réponse, les DSI ont opéré leur propre mue, en devenant business partners, centres de services, « usines » à délivrer des projets au service des métiers avec un souci constant de performance, de transversalité, d’urbanisation et de sécurité.

La maîtrise d’ouvrage (MOA) et son management sont devenus une question centrale pour la réussite des projets. Ses succès sont conditionnés à une collaboration constructive et responsabilisante avec la DSI, où chacun apportera sa pierre à l’édifice.

C’est ainsi que sont nées les DOSI, impliquant une concentration de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’oeuvre sous le même toit pour prendre en charge la transformation des processus métiers, faire avancer les programmes de transformation, mais aussi, sans l’avouer, éviter les éventuels « écueils » et « blocages » au bon déroulement des opérations.

Un cadeau empoisonné

Il y a dans cette disposition une forme d’hybris. Dans la pratique, les DOSI évitent difficilement la situation délicate où elles sont mises en porte-à-faux tout en devenant juge et partie… un déséquilibre source de tensions pouvant conduire à l’échec.

L’expérience montre d’ailleurs que cette situation nourrit finalement une opposition entre la DOSI et des directions métiers, légitimement frustrées d’être ainsi dépossédées d’une responsabilité qui leur incombe assez naturellement. Les « blocages » ne tardent pas à revenir. À force de vouloir être au-dessus des métiers, la DSI risque de se mettre en dehors du jeu.

Le « O » du hors-jeu

L’acronyme arboré – DOSI ou DSI – n’est pas une priorité, pour ne pas dire le sujet ! La vraie question est celle des ingrédients qui font qu’une DSI maintienne sa performance et sa modernité, qu’une DSI soit reconnue de ses pairs, qu’une DSI comprenne les enjeux business et leurs méandres fonctionnels, qu’une DSI sache anticiper les choix technologiques d’avenir pour son entreprise.

La DSI est un trait d’union entre la stratégie de l’entreprise, les besoins fonctionnels des métiers, les outils et la technologie, tout en sachant apporter de la méthode et une capacité à challenger grâce à sa compréhension des enjeux fonctionnels du métier.

Plutôt que de souhaiter détenir les clés de l’entreprise, jusqu’à empiéter sur la responsabilité des métiers, la DSI a tout intérêt à nouer une relation équilibrée en capitalisant sur toutes les compétences et forces vives. Elle ne sera jamais au coeur de l’entreprise parce qu’elle concentre les pouvoirs : elle EST au coeur parce qu’elle est un point de rencontre incontournable, parce qu’elle est un facteur de transversalité, au service de l’intérêt commun.

Alors DOSI ou DSI ?

Pour ma part, vous l’avez compris, DSI tout court me va très bien. Fortes compétences fonctionnelles, « O » que oui ! Concentration des pouvoirs, « O » que non ! Dans les faits, le « O » n’apporte aucune légitimité supplémentaire à la DSI et peut même, dans certains cas, devenir contre-productif.

Le DSI n’a pas vocation à devenir commanditaire-architecte-artisan, mais plutôt à mettre à disposition sa vision, sa transversalité et ses expertises au service de la réalisation de la stratégie et des projets associés. Partenariat, responsabilités partagées et assumées, écoute, entraide sont le meilleur terreau d’un succès partagé avec les directions métiers.

Ceux qui voudraient avoir plus pourraient se noyer dans un verre d’« O »…


À LIRE AUSSI :

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights