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Le retour du made in France va-t-il séduire les DSI ?

Par La rédaction, publié le 08 juillet 2013

Bien que le phénomène soit encore marginal dans le domaine de l’informatique, la pression en faveur des relocalisations s’intensifie en France. Un modèle qui pourrait finir par séduire les nombreux DSI déçus des résultats de leurs projets d’offshoring.

Coûts cachés, manque de réactivité, volatilité des ressources, difficultés liées aux différences culturelles… l’offshoring est souvent source de désillusions pour les DSI. Les chiffres varient selon les études, mais on estime entre 20 % et 50 % la part de DSI n’ayant pas tiré les profits escomptés de leurs projets d’offshoring. Quelles que soient les raisons de ces échecs (surestimation des bénéfices attendus ou sous-estimation de l’effort de mise en œuvre), la question de l’opportunité d’un retour en France mérite d’être posée.

Principal argument en faveur du reshoring : la hausse des coûts salariaux dans les destinations traditionnelles de l’offshoring. En Inde par exemple, tirée par des années de croissance à deux chiffres et de demande soutenue dans le secteur de l’informatique, l’augmentation annuelle des salaires dépasse les 10 %. Cette hausse est venue progressivement éroder la profitabilité du modèle délocalisé (externalisé ou non), une profitabilité déjà souvent inférieure aux prévisions initiales du projet.

Dans le même temps, face à un taux de chômage record dépassant les 10 %, encourager le retour au made in France est devenu une priorité de la politique économique de notre pays. Avantages consentis aux entreprises qui relocalisent, accord sur l’emploi conclu entre patronat et syndicats : consciente de la nécessité de soigner son attractivité, la France cherche à envoyer des signaux positifs aux entreprises susceptibles de revenir s’installer sur son territoire. Encore jugés timides, ces signaux pourraient bien s’amplifier si la courbe du chômage ne s’inverse pas rapidement.

Le glas de l’offshoring est loin d’avoir sonné

Pour l’instant, les coûts offshore restent nettement avantageux, un argument qui prévaut souvent en période de crise économique. Mais la perte relative de rentabilité incite les DSI à considérer l’opportunité du retour en France, en particulier lorsqu’ils sont confrontés à des difficultés opérationnelles, et que le modèle délocalisé a été suffisamment éprouvé pour pouvoir envisager un retour arrière.

A la perte relative d’attractivité de l’offshore s’opposent les bénéfices que le retour en France peut apporter aux DSI. L’IT joue un rôle croissant dans la performance des entreprises, or la proximité et la pérennité des ressources apparaissent comme de réels facteurs de succès pour les DSI soucieux de se positionner comme partenaires des directions « métier ». Relocaliser peut ainsi faciliter l’utilisation de méthodes de développement agiles, ou encore améliorer significativement la qualité d’un service d’assistance perçue par les utilisateurs.

En outre, la démarche de relocalisation offre l’opportunité de conduire de nouveaux projets de transformation, comme l’offshoring l’a permis en son temps. Venedim a par exemple couplé son projet de re-shoring à des chantiers d’industrialisation et d’automatisation de certaines tâches, les gains de productivité générés venant compenser la hausse des coûts salariaux liée à son retour en France.

Dans un contexte de crise économique faisant peser une forte pression sur les coûts IT, les relocalisations restent cependant rares, et le glas de l’offshoring est loin d’avoir sonné. Mais l’effet de mode dont a pu bénéficier ce modèle au cours des dernières années s’est estompé, et le retour au made in France peut désormais être envisagé comme une option sérieuse par les DSI, susceptible de les aider à mieux répondre à leurs nouveaux enjeux.

Silvère Ruellan, consultant du cabinet Kurt Salmon

Silvère Ruellan, consultant du cabinet Kurt Salmon

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