Baromètre 2024 sur l'Ecoconception logicielle

Green IT

L’écoconception des sites internet dans le dur en 2024

Par La rédaction, publié le 18 décembre 2024

L’impact environnemental des sites web et des IA génératives progresse dangereusement. Complexité des interfaces, poids des contenus et multiplication des requêtes soulignent l’urgence d’une écoconception proactive et responsable qui peine à s’inscrire à l’agenda des DSI et responsables métiers comme en témoigne le baromètre 2024 de l’écoconception digitale.

Le Baromètre de l’éco-conception digitale de Razorfish France (Publicis France) et du collectif Green IT constate un recul préoccupant des bonnes pratiques en matière de performance environnementale des sites web et des outils numériques.

Pour rappel, l’EcoIndex (de 0 à 100) et les notes associées (de G à A) mesurent l’impact environnemental des pages web en fonction de trois critères principaux : la complexité du DOM (Document Object Model), le nombre de requêtes HTTP engendrées, le poids total des pages.

Cette année, les 80 sites étudiés – répartis entre sites corporate du CAC40 et top 40 e-commerce français – affichent un recul moyen de 2 points, passant de 32 à 30/100.

Les sites e-commerce, en particulier, peinent à intégrer les bonnes pratiques d’éco-conception : 95% des pages obtiennent une note située entre E et G, témoignant d’un manque d’optimisation structurelle et technique.

Les sites corporate du CAC40, bien que plus performants avec une moyenne de 39/100, stagnent par rapport à 2023 (-1 point), et les écarts de performance entre pages internes (biographies, gouvernance, carrières) restent importants.

Impact des IA textuelles : une performance hétérogène

L’analyse a été élargie cette année aux IA textuelles conversationnelles en étudiant leurs interfaces et leur évolution au fil des prompts. Les résultats mettent en évidence des variations marquantes :

* Au chargement des interfaces, les IA textuelles obtiennent un score moyen de C avec un EcoIndex de 55/100.

* Dès le 1er prompt, pour un service rendu équivalent, les écarts d’impact se creusent, atteignant un rapport de 1 à 3 entre les meilleures et les moins performantes interfaces.

* Après 5 prompts, la performance environnementale se dégrade significativement, avec une moyenne descendue à E (EcoIndex de 27/100).

Mistral AI et ChatGPT se démarquent comme les outils les moins impactants environnementalement, tandis que les IA de type “Search” affichent des résultats bien plus coûteux en ressources, notamment en raison de l’augmentation du DOM, du poids des pages et des requêtes cumulées.

IA créatives : des impacts encore plus marqués

L’étude des IA créatives (DALL·E, MidJourney, Leonardo.ai, etc.) révèle une empreinte environnementale plus lourde :

* Dès le chargement initial, les IA créatives obtiennent un EcoIndex moyen de 40/100 (contre 55 pour les IA textuelles).

* Après 6 prompts, les performances chutent à 18/100, avec des écarts importants entre les différents acteurs en raison de choix graphiques et techniques spécifiques.

Les interfaces visuelles complexes, la multiplication des requêtes HTTP et le poids accru des contenus générés expliquent ces résultats peu glorieux. Selon les rapporteurs, « l’essor des IA génératives va drastiquement augmenter l’impact du numérique sur l’environnement, rien qu’à l’échelle de leur interface ».

Enjeux et recommandations

Dit autrement, l’écoconception peine à s’imposer dans le paysage du développement des sites et dans les pratiques des créatifs et développeurs. Dans leur quête d’un numérique plus responsable et de la réduction de leur émission carbone, les entreprises privilégient des approches plus immédiates et aux résultats plus immédiatement spectaculaires. Les motivations de leurs DSI sont plus directement liées à des performances mesurables et dans le champ de leurs responsabilités.   

Comme le montrait notre enquête de mai dernier, l’un des problèmes de l’écoconception, c’est que les solutions restent embryonnaires même si la littérature sur le sujet ne manque pas.

Et les responsables de l’étude de constater avec inquiétude que « les directions business n’ont pas pris la mesure de l’éco-conception digitale alors qu’il n’a jamais été aussi urgent d’agir sur le plan climatique ».

Nonobstant, ils encouragent les entreprises à poursuivre leurs efforts en y ajoutant une démarche proactive qui combine usages responsables et écoconception.
Ils invitent ainsi les entreprises à :

1. Optimiser les sites existants : réduire la complexité du DOM, limiter les requêtes et alléger le poids des pages pour améliorer l’EcoIndex.

2. Prompter de manière responsable : pour les utilisateurs d’IA génératives, apprendre à formuler des prompts optimisés permettrait de réduire drastiquement l’impact (jusqu’à 10 points d’EcoIndex gagnés).

3. Réviser les interfaces des outils numériques : simplifier les choix graphiques, sans compromis sur l’expérience utilisateur, pour aligner performance et sobriété.

Une façon aussi de rappeler que l’éco-conception digitale n’est pas seulement une nécessité écologique, mais aussi un levier stratégique pour anticiper les défis énergétiques et réglementaires à venir.

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