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Les contrats de services cloud sont un véritable maquis juridique

Par La rédaction, publié le 10 décembre 2012

Gartner a décortiqué les clauses juridiques d’Amazon Web Services et de HP Cloud Compute. Conclusion : les conditions d’indemnisation sont ultracomplexes et peu favorables aux sociétés.

Pour une entreprise, signer un contrat de service cloud, c’est un peu comme signer un  contrat d’assurance : en cas de problème, on peut être presque sûr de ne jamais être indemnisé. C’est en tout cas l’avis de Lydia Leong, analyste chez Gartner, qui a décortiqué les clauses juridiques de deux offres Iaas (Infrastructure as a Service) majeures : Amazon Web Services et HP Cloud Compute.  

Première constatation : l’usage d’un jargon peu intelligible pour désigner les composants de leurs contrats de niveaux de service (SLA). Ces derniers sont définis pour des « régions » géographiques données, elles-mêmes subdivisées en plusieurs « zones de disponibilité » (Availability  Zones ou AZ). Mais c’est quoi une AZ ? C’est un datacenter ou, pour être plus précis, un site de datacenter. En effet, un site de centre de calcul peut être composé de plusieurs bâtiments physiques, mais il sera quand même considéré comme une AZ unique.  C’est sur ces AZ que sont exécutées les instances de calcul, c’est-à-dire les machines virtuelles de l’entreprise.

Le diable se niche dans les détails

Une fois que l’on a bien compris ça, passons à l’étape supérieure : les conditions d’indemnisation en cas de panne. Chez Amazon, on est indemnisé si la disponibilité est inférieure à 99,95 % sur une année. Chez HP, on est indemnisé si la disponibilité est inférieure à 99,95 % sur un mois, ce qui est plus favorable pour l’entreprise. Une panne de 22 minutes sera automatiquement indemnisée chez HP, mais pas forcément chez Amazon, qui pourra cumuler jusqu’à 4h30 de pannes sur l’année avant de rembourser un euro.

Mais la grande question est la suivante : quand une application est-elle considérée comme indisponible ? Dans les deux cas, le périmètre d’indisponibilité se situe au niveau de la « région ». Une instance qui tombe en panne dans un datacenter n’ouvre donc pas, en soi, le droit à une indemnisation. Toutefois, la définition de « l’indisponibilité régionale » est fluctuante.

Chez Amazon, une région est indisponible pour un type d’application si :

1)      celui-ci fait tourner des instances dans au moins deux AZ,
2)      les connexions réseaux de ces instances ne fonctionnent pas, 
3)      il est impossible de lancer de nouvelles instances dans ces AZ et
4)      cette situation perdure pendant plus de 5 minutes.

Chez HP, une région est indisponible pour un type d’application si :

1)      celui-ci fait tourner des instances dans au moins deux AZ,
2)      les connexions réseaux de ces instances ne fonctionnent pas,
3)      il est impossible de lancer de nouvelles instances dans n’importe quel AZ de cette région et
4)      cette situation perdure pendant plus de 6 minutes.

Des clauses juridiques qui incitent à la consommation

Dans la pratique, ces conditions sont véritablement draconiennes. En effet, pour avoir une chance d’être indemnisée, l’entreprise devra donc gérer au moins deux instances dans deux datacenters différents, avec tout ce que cela implique. Ainsi, les instances devront autoriser le basculement automatique en cas de panne, ce qui n’est pas forcément le cas. Chacune devra disposer, en outre, d’une copie synchronisée en temps réel des données (la base de données, par exemple). Car, évidemment, une instance sans données ne sert à rien.  

En ce sens, les conditions de HP sont particulièrement défavorables car, pour avoir une chance d’être indemnisée en cas de panne, une entreprise devra assurer une réplication des données dans toutes les AZ. En d’autres termes, les clauses juridiques incitent à la (sur)consommation.

Néanmoins, tous les fournisseurs de cloud ne coupent pas les cheveux en quatre. Lydia Leong donne l’exemple de Dimension Data, où l’indisponibilité est calculée simplement sur la base d’une machine virtuelle et non pas d’une « région » d’instance. Conclusion : avant de signer, il faut absolument éplucher les clauses juridiques et, surtout, comprendre ce que cela implique d’un point de vue technique.

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