L'inflation impacte les datacenters, les clouds et donc les dépenses des DSI...

Gouvernance

L’inflation rattrape les datacenters… et les dépenses de la DSI

Par François Jeanne, publié le 17 octobre 2022

Il fallait s’y attendre. L’inflation, en particulier des tarifs de l’électricité, impactent frontalement les clients des cloud providers qui voient les prix de ces derniers augmenter parfois de 10 à 15 % impactant les dépenses des DSI. Justifié ?

Un courrier d’OVH, fin août, qui annonçait à ses clients des augmentations de l’ordre de 10% de ses tarifs sur Bare-metal (Serveurs, Eco, VPS), Hosted Private Cloud et les hébergements web, étalés au long de l’automne, n’est sans doute pas le dernier de ceux à recevoir dans les DSI. Déjà, en janvier dernier, une première salve d’augmentations avait émané de plusieurs hébergeurs (voir IT for Business n°2268).

L’opérateur de datacenters Interxion France avait par exemple expliqué que, dans la mesure où l’électricité représente entre 20 % et 40 % de ses coûts, une répercussion sur la facture des clients devenait inévitable. Sa promesse de l’époque était de la limiter à moins de 15 %. Certes, mais combien de fois dans l’année ? La crise ukrainienne est, depuis, venue accélérer l’envolée des prix et, par exemple, Equinix et Telehouse ont tous deux également relevé leurs tarifs.

Inéluctable ? « Nos clauses commerciales prévoient deux augmentations au maximum par an, et elles sont capées à 5 % », tempère Thomas Lanaute, directeur des ventes du spécialiste de la connectivité BSO pour l’Europe continentale. Il serait même encore possible de maintenir des marges correctes, dans la mesure où l’augmentation de l’électricité est compensée par d’autres gains. « C’est parce qu’elle n’entre au final que pour 10 % des coûts de nos services facturés aux clients. »

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Pour un opérateur des datacenters en revanche, la facture d’énergie représente en moyenne 49 % des coûts, devant le foncier et les coûts humains, selon l’ATEE (Association Technique Énergie Environnement). Difficile dès lors de ne pas répercuter les hausses.

Certes, mais il faut aussi se pencher sur l’origine de l’électricité pour juger de leur légitimité. Car si en France ou en Allemagne, ses coûts ont fortement progressé, il n’en va pas de même en Espagne ou au Portugal par exemple. Et que dire des États-Unis, où se trouvent 53 % des datacenters des hyperscalers (dont un tiers dans le seul état de Virginie, selon Synergie Research Group). Les coûts de l’électricité y sont pour l’instant beaucoup plus stables. En revanche, son origine (mix énergétique incluant le gaz de schiste par exemple) pourrait poser à terme des problèmes aux responsables RSE, même si un Google met volontiers en avant ses investissements dans les énergies renouvelables pour expliquer qu’il n’a pas à augmenter ses prix.

Le client de ces providers est donc en droit de se demander, tel le consommateur de base devant le rayon des pots de moutarde au supermarché, si l’augmentation réclamée est justifiée ou juste opportuniste. JoAnn Rosenberger, directrice des études chez Gartner, pense en tout cas que « ces annonces sont conçues pour vous inciter à prendre une décision rapide ». Elle recommande plutôt de ralentir le processus avant de les accepter. Et bien sûr de faire savoir qu’on consulte les concurrents…


SAP, premier de cordée chez les éditeurs ?

Bon timing ou pas ? C’est quelques semaines avant la convention annuelle de l’USF (Utilisateurs SAP francophones), début octobre à Lyon, que SAP a prévenu ses clients qu’il allait « ajuster » ses coûts de support à partir du 1er janvier 2023. Arguments avancés : les prix qui s’envolent aussi bien « sur l’énergie, que sur la main-d’œuvre et les services tiers ». Concrètement, les redevances de maintenance logicielle vont progresser en France jusqu’à 2,12 %, selon les produits, et au maximum de 3,3 % au niveau mondial. Un motif d’interrogation, voire d’inquiétude pour l’USF qui se demande quel taux sera appliqué aux filiales d’un client français qui sont situées dans un pays concerné par les 3,3 %…


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