La dernière étude Numeum montre un brutal et inquiétant ralentissement du marché du numérique en France !

Eco

Numeum alerte sur « un ralentissement brutal » du marché du numérique

Par Xavier Biseul, publié le 25 juin 2025

Le syndicat des entreprises du numérique en France abaisse ses prévisions pour 2025. Si les éditeurs et les plateformes cloud permettent au secteur de maintenir la tête hors de l’eau, les sociétés de services plongent dans le rouge. L’effectif du secteur a baissé l’an dernier, une première depuis 2009.

En décembre dernier, Numeum évoquait « un ralentissement de la croissance ». Au cours de l’année 2024 déjà, le marché s’était dégradé, le climat d’instabilité politique et économique pesant sur la capacité des entreprises à investir. Six mois plus tard, le retournement de conjoncture est confirmé. Le premier syndicat des entreprises du numérique en France parle même d’« un ralentissement brutal de l’activité ».

« L’industrie manufacturière, la banque et le commerce, connaissent une baisse ou une stagnation, réduisant la demande en services numériques », précise Numeum à l’occasion de la publication de son Observatoire semestriel de conjoncture. Résultat, l’organisation patronale estime désormais que le marché du numérique en France, évalué à 70,5 milliards d’euros, ne devrait progresser que de 1,8 % cette année contre une hausse de 4,1 % envisagée fin 2024.

Si la profession maintient la tête hors de l’eau, elle le doit aux éditeurs et aux plateformes cloud, les seuls acteurs du numérique en croissance (+ 8,2 %). Mais cette dynamique est davantage portée par la stratégie « move to cloud » de long terme des entreprises ou à une augmentation de la consommation des ressources cloud que par de nouveaux investissements.

En revanche, le gel ou le report des projets pénalisent les sociétés de conseil et les intégrateurs. Pour l’année en cours, Numeum anticipe une baisse de l’activité de 2,1 % pour les ESN (contre + 0,7 % en 2024) et de 2,5 % pour les sociétés de conseil en technologies ou ICT (contre + 1 % en 2024). Quant au taux d’occupation de leurs équipes a diminué de 32 %

L’engouement autour de l’IA ne constitue pas encore le relais de croissance espéré. Si 48% des entreprises mènent des projets d’IA générative contre 29 % au second semestre 2023, elles ont du mal à quitter le stade du POC. Le manque de compétences (47 % des répondants parmi les DSI interrogés par Numeum) et la difficulté à identifier des cas d’usage à forte valeur (également 47 %) sont les principaux obstacles cités.

Le ralentissement de l’activité a un impact direct sur l’emploi. Pour la première fois depuis la crise financière de 2009, l’effectif du secteur a baissé l’an dernier, avec 7 000 postes en moins. Ce recul de l’emploi efface les créations nettes d’emplois de 2023 pour retrouver le niveau de 2022, soit environ 666 000 postes. Les jeunes diplômés et les alternants sont les premiers impactés, 36 % des entreprises membres de Numeum anticipant une diminution de leurs recrutements en 2025.

Dans ce climat d’instabilité, le syndicat demande, dans le cadre du futur projet de loi de finances, aux élus politiques de ne pas revenir sur les mécanismes de soutien à l’innovation comme le Crédit d’impôt Recherche, le Crédit d’impôt Innovation ou le statut de Jeune Entreprise Innovante.


2 questions à…. Benoît Darde, administrateur de Numeum, directeur associé chez Wavestone

Comment expliquez-vous ce ralentissement d’activité dans les services ?

Le retournement de conjoncture s’est opéré courant 2024. Alors que le contexte économique et géopolitique était déjà incertain s’est surajouté « l’effet Trump ». Ses prises de décisions sans fondements rationnels ont créé un sentiment d’imprédictibilité. Avec cette épée de Damoclès sur la tête, les décideurs ont du mal à se projeter sur le long terme.

Il ne s’agit pas de donner l’image d’un marché numérique qui se désespère de son sort mais de sonner l’alerte. Les industriels qui n’investissent pas aujourd’hui dans les sujets de la tech, et plus particulièrement de l’IA, compromettent leur compétitivité de demain.

Dans ce contexte, avez-vous observé un intérêt accru pour l’enjeu de souveraineté ?

Les DSI interrogés dans notre enquête évoquent effectivement les sujets de souveraineté et d’autonomie stratégique. Cette prise de conscience ne se traduit toutefois pas encore sur le carnet de commandes.

Une politique d’achats responsable permettrait de favoriser les solutions technologiques souveraines et l’emploi sur le sol français. Les pouvoirs publics doivent, de leur côté, maintenir un environnement propice aux investissements dans le numérique.




À LIRE AUSSI :

À LIRE AUSSI :

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights