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Open-RAN, l’architecture réseau ouverte pour une gestion agile des ressources
Par Charlotte Mauger, publié le 29 janvier 2025
Faible latence, haut débit, haute fiabilité… Selon le cas d’usage, les besoins de performances sur les réseaux mobiles diffèrent. L’architecture Open-RAN permet de s’adapter à chacun d’eux et d’allouer des ressources de manière flexible.
L’architecture conventionnelle des réseaux mobiles est statique. En cas d’augmentation du trafic, il n’est pas possible d’allouer davantage de ressources, ce qui limite la performance pour les utilisateurs. Ces contraintes, à une époque où l’accès à des connexions de qualité est indispensable, expliquent l’attention portée à Open-RAN (Open Radio Access Network), une nouvelle architecture plus ouverte, par un nombre croissant d’acteurs académiques et des télécoms.
Dans les architectures conventionnelles, les fonctions radios sont toutes implantées au niveau de la station de base, que ce soit pour la transmission / réception des signaux, la modulation / démodulation, le codage / décodage…
« Dans l’architecture Open-RAN, l’idée est de séparer ces composantes. Les unités radio continuent de recevoir et de transmettre le signal, mais la partie de traitement est faite dans le cloud », explique Sahar Hoteit, maîtresse de conférences à l’Université Paris Saclay et membre du Laboratoire des Signaux et Systèmes (L2S – CNRS/ CentraleSupélec/Université Paris- Saclay). Or, traiter le signal dans le cloud permet de gérer l’allocation de ressources de manière flexible, « ce que l’architecture conventionnelle ne peut pas faire », insiste la chercheuse.
De plus, l’Open-RAN s’accommode des différents usages du réseau : « Par exemple, l’IoT n’a pas besoin d’un haut débit, mais implique des envois réguliers de grandes quantités de données. Les utilisateurs réseaux mobile, quant à eux, ont plutôt besoin de haut débit. »
Cette capacité découle de la possibilité de différencier le traitement des signaux en fonction de contraintes données. Ainsi, la nouvelle architecture s’adapte aussi aux applications critiques comme l’automatisation des usines, la conduite autonome ou la réalité virtuelle/augmentée qui nécessitent une haute fiabilité et une faible latence. Cette agilité intéresse par exemple la société EDF qui, pour sa smart grid, a besoin d’une très faible latence pour rapporter des failles sur son réseau électrique.
Dans ce contexte, la chercheuse travaille en collaboration avec le Conservatoire national des arts et métiers, Orange, EDF et la société de services en logiciels libres Smile dans le cadre du projet ANR HEIDIS. Celui-ci vise à proposer des algorithmes d’allocation de ressources fiables dans l’architecture Open-RAN.
L’Open-RAN suscite également un fort intérêt au-delà du monde académique. En 2018, des opérateurs de télécommunications tels qu’Orange et Bouygues Telecom, associés à des instituts de recherche, ont formé l’O-RAN Alliance. Elle a pour objectif de « remodeler les réseaux d’accès radio pour qu’ils soient plus intelligents, ouverts, virtualisés et entièrement interopérables ».
Les opérateurs de téléphonie mobile notamment voient dans l’Open-RAN la possibilité d’obtenir un déploiement plus important sur le territoire et à moindre coût. Car grâce à son architecture ouverte, il permet à plusieurs opérateurs de cohabiter sur une même antenne. « Les coûts de déploiement et de fonctionnement en sont réduits. Les opérateurs peuvent désormais s’installer sur des zones faiblement couvertes qui, sans l’Open-RAN, sont moins intéressantes pour eux », détaille Sahar Hoteit.
L’utilisateur final bénéficie, quant à lui, d’une meilleure couverture partout sur le territoire. C’est d’ailleurs avec ce même objectif que la chercheuse travaille également à l’intégration des réseaux satellitaires avec les réseaux terrestres : « Nous cherchons à faire cohabiter les deux types de réseaux pour améliorer la couverture des zones peu couvertes en 5G en trouvant le meilleur routage. »