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Pourquoi l’e-mail va survivre et les réseaux sociaux sont déjà morts

Par La rédaction, publié le 07 novembre 2012

Les réseaux sociaux se comparent aux courriels pour se donner de l’importance, mais leur pérennité est loin d’être assurée.

Depuis plusieurs années, les acteurs des réseaux sociaux décrètent régulièrement la mort de l’e-mail. Ce qui me rappelle le fameux graffiti du métro, « Dieu est mort. Signé Nietzsche », auquel un autre auteur avait répondu, fort justement « Nietzsche est mort. Signé Dieu ». Dans le cas des réseaux sociaux, pour être honnête, on constate bien l’émergence de nouveaux modes de communication, qui viennent se surimposer au courrier électronique. Mais ils ne le remplacent pas, pas plus que ce dernier n’a « tué » les communications téléphoniques.

Des outils pour pallier les défauts de l’e-mail

On constate une adoption rapide par le grand public, comme par les organisations, de nouveaux canaux de communication. Ils autorisent les échanges simultanés à plus de deux personnes à la fois. Ces canaux viennent pallier la difficulté patente de mener à bien un travail en équipe à plus de deux par courrier électronique. Avec ce dernier, il devient rapidement très laborieux de suivre les ajouts et modifications des uns et des autres, de garder trace des versions successives, et de faire émerger une vision cohérente commune.

C’est ce qui a donné lieu à la création des premiers outils de groupware, dont le fameux Lotus Notes, qui a profondément transformé la façon de travailler dans de nombreuses organisations. Depuis, il semble que les innovations se situent plus du côté des termes employés que des réalités vécues. On est passé à l’entreprise 2.0 et au crowdsourcing, les wikis se développent, mais on en revient finalement toujours aux fondamentaux d’origine : c’est la communauté d’intérêts qui crée le besoin d’interactions, pas l’outil, en tout cas pas au-delà du succès initial de curiosité ; les communautés ont essentiellement besoin de partager des documents, dans des espaces éventuellement protégés, ainsi que de tenir des conversations à plusieurs ; enfin, d’identifier des contenus déjà produits ailleurs, et des personnes dans le réseau qui peuvent faire profiter de leurs compétences. Les réseaux sociaux qui fonctionnent le mieux sont en général ceux qui sont les plus simples, et qui outillent des communautés métier déjà structurées.

Les réseaux sociaux sont morts

Alors, puisque les réseaux sociaux se déclarent être le tout de la communication, j’ose annoncer de mon côté que les réseaux sociaux sont déjà morts. Ils vont exploser, comme la grenouille qui voulait se faire aussi grosse qu’un bœuf. En choisissant un des plus gros animaux de son entourage, elle pensait que cela suffirait à lui conférer de l’importance. De la même manière, les réseaux sociaux se comparent à l’e-mail pour se donner du poids. Mais leur rentabilité est négative. Elle est adossée à une contradiction intrinsèque, qui est de demander aux individus de passer beaucoup de temps à être improductifs au travail. Tout ceci va mener à leur abandon progressif, une fois l’effet de mode passé, lorsqu’il deviendra politiquement correct de reconnaître que cette voie était sans issue.

On aura franchi ce jour-là une grande étape vers la maturité, en reconnaissant que dans un contexte de travail, seuls les outils collaboratifs orientés vers un résultat en ligne avec la vocation de l’organisation peuvent perdurer et prospérer. Et ces outils-là, au-delà de favoriser les comportements collaboratifs, seront économiquement rentables.

Marc Devillard

Marc Devillard

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