Gouvernance
V and B donne le pouvoir sur les données produit au PIM plutôt qu’à l’ERP
Par Alain Clapaud, publié le 24 octobre 2024
Créée il y a une vingtaine d’années sur le concept de bars afterwork périurbains couplés à une boutique, l’enseigne V and B se développe rapidement et se diversifie sur l’événementiel ou avec de nouveaux formats d’établissements. Un nouveau logiciel PIM (Product Information Management) omnicanal accompagne cette stratégie de croissance en cadrant les processus liés aux données produit.
Déjà forte de ses 250 points de vente/cave, V and B multiplie les ouvertures ces dernières années. L’enseigne a lancé la chaîne Levrette Café du nom de l’une de ses bières, teste le Cargalou – un nouveau concept de troquet canaille – à Bordeaux et organise même un festival de musique chaque année, le V and B Fest’.
Une particularité de l’entreprise est de privilégier au maximum l’intégration verticale. Elle possède sa propre brasserie et un vignoble dans le Bordelais qui produit plusieurs châteaux commercialisés dans son réseau. Elle développe aussi ses applications en magasin et a internalisé sa logistique avec une flotte de 12 camions en propre et 12 000 m2 de stockage. « Cela nous permet de nous développer rapidement et de conserver la maîtrise du concept », estime Grégory Tocut, directeur des systèmes d’information, data & transformation digitale de V and B.
L’activité e-commerce a ainsi été lancée un peu dans l’urgence en 2020, lors de la crise Covid. La partie bar des magasins était fermée pendant le confinement, mais l’entreprise a pu maintenir une bonne activité sur son secteur « cave » grâce au site de e-commerce et au clic & collect. « Nous sommes désormais en train de refondre le e-commerce afin de mieux l’intégrer avec les technologies magasins que nous développons nousmêmes. Nous préparons la migration sur OroCommerce. »

Au-delà de son concept initial de cave et bar, V and B multiplie les enseignes et compte renforcer sa présence sur le digital. Le PIM s’impose comme le pivot de toute la donnée produit et alimente toutes les autres briques du système d’information du distributeur, ERP compris.
Le premier volet de ce projet sera à destination des magasins : la plateforme de commande de la centrale d’achat est livrée cet été avant le nouveau site B to C planifié pour le dernier trimestre 2024. « Il sera fortement modifié afin de mieux répondre aux besoins d’omnicanalité », précise le DSI.
Le PIM Akeneo pour gérer l’omnicanal
C’est aussi par cette recherche d’omnicanalité et en appui de son développement rapide que l’enseigne a décidé de remplacer le PIM Quable mis en place lors de la création du site de vente en ligne par la solution d’Akeneo : « Notre premier PIM portait essentiellement sur la partie digitale, et notre objectif est maintenant de servir tous les canaux. Le but est de centraliser toutes les données produit en amont de nos différents systèmes, notamment de notre ERP. »
Grégory Tocut considère que d’avoir laissé la création de certains produits au niveau de l’ERP et non pas du PIM était une erreur qu’il veut réparer : « Désormais, que ce soit à destination de l’ERP, de la plateforme magasin, de l’e-commerce ou des caisses, tout doit venir du PIM. Le cycle de vie du produit démarre dans Akeneo, se diffuse dans notre ERP avec lequel nous gérons la logistique, vers OroCommerce pour la prise de commande des magasins et enfin le e-commerce. »
Cette efficacité dans la gestion de la donnée produit est cruciale pour l’enseigne, car le secteur de l’alcool se caractérise par une rotation rapide des références produit. V and B gère de l’ordre de 5 000 références actives, mais en compte 20 000 dans son historique.
Grégory Tocut
DSI, data & Transformation digitale, V and B
« Notre premier PIM portait essentiellement sur la partie digitale, et notre objectif est maintenant de servir tous les canaux. Le but est de centraliser toutes les données produit en amont de nos différents systèmes, notamment de notre ERP. »
Le PIM Akeneo a été déployé dans sa version Serenity, c’est-à-dire en mode SaaS, afin de bénéficier automatiquement des mises à jour de l’éditeur. En outre, pour l’ensemble des échanges de données entre applications, V and B met en oeuvre le bus de service de l’IPaaS (Integration Platform as a Service) Informatica Intelligent Cloud Services sur laquelle elle développe ses propres connecteurs.
Aurélie Bonnevie, client service director chez Emakina, l’intégrateur venu aider V and B à déployer le PIM, ajoute : « V and B était déjà très mature sur le modèle de données, la façon de construire les produits. La mise en place du PIM leur avait permis de rationaliser les informations et la structure des produits déjà en place, déployer des meilleures pratiques et surtout adapter la technologie aux contraintes métiers. »
Cette maturité dans la gestion des données produit a permis de mener rapidement le déploiement d’Akeneo. En trois mois le projet était finalisé, contre six à huit mois généralement. Et ce, même si placer le PIM au-dessus de l’ensemble des autres applications, y compris l’ERP, reste une approche hors normes en France : « Habituellement, l’ERP vient nourrir le PIM, souligne Kévin Michelet, customer success manager chez Akeneo. Dans le schéma mis en oeuvre par V and B, c’est lui au contraire qui centralise toute l’information, assure la création des produits. L’ERP ne sera qu’un des canaux liés au PIM. »
Une conduite du changement nécessaire
Outre ce volet technique, la refonte de son PIM a permis à V and B de remettre à plat ses processus de création d’articles et de créer des modèles UVC (Unités de Vente Consommateur) qui correspondent aux produits qui sont dans les entrepôts et sur les linéaires. « Cela a eu un impact considérable sur la logistique, car dans la préparation de commande, on n’adressait plus les mêmes références qu’auparavant, explique le DSI. Cela nécessite une vraie conduite du changement pour avoir une logistique très résiliente et très agile. Mais disposer d’un PIM full-multicanal va nous permettre de développer de nouveaux canaux dans le futur. »
Un poste de responsable de base articles a été créé et V and B s’attaque maintenant au déploiement du module OnBoarder d’Akeneo. Ce logiciel permettra aux fournisseurs de gérer eux-mêmes les données de leurs produits dans le PIM. « On ne peut exiger que tous saisissent les données qui les concernent , prévient cependant Grégory Tocut. Certains gros fournisseurs sont très matures, mais il y a aussi de petits vignerons – qui en constituent la majorité – qui doivent s’occuper de leurs vignes et n’auront pas le temps. »
L’enseigne a donc choisi de donner accès au module OnBoarder à 50 fournisseurs déjà habitués à travailler avec la grande distribution, qui disposent d’équipes produits et avec qui les rotations de références sont les plus fréquentes.
Un autre chantier attend le DSI dans les prochains mois, celui des caisses en magasin. En effet, chaque point de vente peut ajouter ses propres produits à son catalogue, notamment pour proposer l’offre des micro-brasseries ou des viticulteurs locaux. Grégory Tocut espère gérer ce nouveau flux d’ici la fin de l’année avec les meilleures pratiques pour uniformiser les données entre les magasins et ne pas multiplier les doublons. « La centralisation de ces data est un vrai sujet et le PIM devra nous aider à le faire. Des règles sont fixées par rapport au contrat de franchise, avec un taux de produits locaux par rapport à ceux de la franchise qui est prédéfini. Il faut pouvoir gérer ces produits additionnels : c’est l’organisation de la base produits et la façon dont on la fait vivre sur la partie magasin qui va constituer le vrai challenge. »
Le projet en Chiffres
5 000 références produits actives en catalogue
20 000 références produits dans l’historique
50 fournisseurs auront accès au module OnBoarder
L’entreprise V and B (V&B)
Activité : Bars et vente d’alcool au détail
Effectif : 270 collaborateurs au siège, 1 800 chez les franchisés
CA : 200 M€ (2022)
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