Nouveau Wallet européen, signatures numériques interopérables : eIDAS 2.0 propulse l’Europe vers une identité numérique souveraine et sécurisée, tout en imposant un défi organisationnel majeur aux entreprises.

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Wallet européen, signature numérique… Ne ratez pas le virage eIDAS 2.0

Par La rédaction, publié le 07 août 2025

L’Europe accélère sur la confiance numérique : eIDAS 2.0 et le Wallet d’identité électronique révolutionnent identification, signature et gestion documentaire, obligeant entreprises et administrations à repenser leurs pratiques.


Tribune de Pierre Feligioni, CEO de Signaturit


Avec l’adoption du règlement eIDAS 2.0, l’Union européenne pose les bases d’un véritable espace numérique de confiance. Un espace où les citoyens, les entreprises et les services publics pourront s’identifier, signer, contracter ou transmettre des documents de manière fluide, sécurisée et interopérable. Une ambition bienvenue, qui confirme la volonté de souveraineté européenne dans un domaine stratégique… mais aussi une exigence de conformité que les entreprises doivent anticiper dès maintenant.

Petit retour en arrière

Adopté en mars 2024, le règlement eIDAS 2.0 renforce le cadre posé par le premier texte du genre (eIDAS en 2014) en matière d’identification électronique et de services de confiance. Entrée en vigueur en mai 2024, cette évolution réglementaire vise d’une part à harmoniser les standards de confiance numérique à l’échelle européenne. D’autre part, elle donne le coup d’envoi de son Wallet d’identité numérique (EUDI), une application mobile permettant à tout citoyen européen de prouver son identité et d’attester d’un certain nombre d’informations (diplômes, permis de conduire, données de santé…). En jeu, un meilleur contrôle des données par les citoyens et une meilleure fiabilité et traçabilité pour les entreprises.

Le texte introduit également de nouveaux services de confiance, tels que la vérification d’identité à distance, l’archivage électronique à valeur probatoire, une meilleure reconnaissance des signatures électroniques qualifiées à travers l’UE. Pour les entreprises, cette évolution minimise les risques et offre une garantie de conformité des contrôles. Pour les citoyens, c’est l’assurance d’une traçabilité des données et un gain de temps.

L’entrée en vigueur d’eIDAS 2.0 se fera progressivement. Les premières obligations réglementaires sont attendues fin 2025 pour certaines entreprises et prestataires. En mai 2026, l’ancien texte sera caduc pour les prestataires. En novembre 2026, chaque État membre devra proposer son portefeuille électronique.

Si le calendrier semble encore long, la mise en conformité est un chantier transversal, qui nécessite du temps, des ressources et des arbitrages. Ne pas l’anticiper expose à des risques réglementaires, opérationnels et de réputation.

Entreprises : comment se préparer ?

Évaluer

Comme tout projet d’envergure, une première phase d’analyse de risque et d’impact est indispensable. Elle permettra de comprendre le niveau d’exposition de l’entreprise à la réglementation. Quels sont les processus qui incluent des signatures électroniques, une vérification d’identité ou de l’archivage de documents sensibles ?

Cette cartographie exhaustive doit être menée dans tous les départements. Sont notamment concernés les ressources humaines (contrats de travail, on & offboarding), les achats et le juridique (appels d’offres, signatures fournisseurs, NDA), la finance (KYC/KYB, ouvertures de compte, crédits), la relation client (abonnements, souscription à distance).

Désigner un pilote

Il est essentiel de nommer un référent transverse chargé de piloter le projet auprès de toutes les entités impactées. Il coordonnera les parties prenantes (IT, juridique, DPO, RH, relation client, etc.) et s’assurera du suivi de la feuille de route, de la cohérence des décisions et évitera les silos.

Auditer l’existant

Les solutions de signature, d’archivage ou d’identification existantes sont-elles qualifiées et conformes tel que la réglementation l’exige ? Les données sont-elles hébergées en Europe et le niveau de sécurité est-il aligné ?

Certains outils devront être mis à niveau, d’autres remplacés. Ce choix doit être mûrement réfléchi car il engage plus ou moins de dépenses, suppose plus ou moins de temps mais détermine aussi une bonne transition d’une mauvaise. Il impacte aussi la sécurité, l’ergonomie et la rapidité des parcours utilisateurs.

Adopter

Adopter d’abord la meilleure approche technologique. On optera soit pour une approche fragmentée, solution par solution, ou pour une plateforme intégrée et unifiée, capable de traiter toute la chaîne des services de confiance (identification, signature, preuve, archivage).

Ensuite, il sera indispensable de favoriser une adoption collective qui nécessite de former les équipes, adapter les parcours internes, revoir certains workflows et piloter les intégrations technologiques.

A l’instar du RGPD ou de la DSP2, des abréviations qui ont donné des sueurs froides à de nombreuses entreprises, la mise en conformité eIDAS 2.0 peut être une opportunité stratégique : celle de revoir les parcours numériques, de mieux protéger les données sensibles, d’optimiser les temps de traitement, et de renforcer la confiance des clients et partenaires. Plutôt que de la subir, il faut s’y préparer dès maintenant.


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