

Gouvernance
2035 : Comment le service public sera-t-il plus performant, plus proche et plus Souverain ?
Par La rédaction, publié le 14 août 2025
Cloud souverain, IA, hyperpersonnalisation : les clés d’un service public plus performant et plus humain d’ici 2035 sont déjà en marche, portées par des technologies sécurisées, une gouvernance des données renforcée et une innovation au service de chaque citoyen.
De Martin Hubert, CEO de Nexpublica
Et si le numérique, loin de déshumaniser le service public, en révélait au contraire toute sa puissance ? Au fil d’échanges avec les collectivités, les administrations centrales ou les opérateurs publics, une conviction, en tout cas, émerge : la transformation numérique ne peut être réduite à une simple dématérialisation. Elle est une opportunité historique de repenser le rôle, l’organisation et l’impact du service public. La Cour des comptes ne dit d’ailleurs pas autre chose dans son rapport de janvier 2025, en soulignant que les outils numériques, bien déployés, permettent à l’État de conjuguer simplification pour l’usager et gains de productivité pour les administrations. Mais pour que cette transformation tienne ses promesses, encore faut-il qu’elle s’ancre dans les attentes réelles des citoyens. Et celles-ci sont claires : simplicité, accompagnement humain, et proximité (selon une étude de la fondation Jean Jaurès).
Prenons donc le temps d’analyser les conditions de réussite d’une transformation numérique au service d’un service public plus proche, plus juste et pleinement ancré dans les valeurs de la République :
Dix ans. C’est à la fois une éternité et un battement de cils à l’échelle d’une administration. Le service public de demain – tout en continuant à répondre à ses missions actuelles ! – se sera, de toute évidence, métamorphosé. Plus numérique, plus fluide, plus réactif, mais aussi plus humain. La transformation apportée par le numérique ne se limite pas en effet à la digitalisation des démarches : elle redéfinit la manière dont l’administration interagit avec les populations, les citoyens et les usagers, gère ses ressources et garantit la souveraineté de ses infrastructures.
Dans ce futur proche, l’agent public ne sera plus un agent administratif, mais un médiateur augmenté, libéré des tâches répétitives par des outils intelligents et recentré sur l’accompagnement, la décision et l’expertise. Fini les heures perdues à saisir des données, à traiter des formulaires ou à s’assurer de la conformité d’une demande. Grâce à des interfaces simplifiées et des algorithmes capables d’analyser et d’analyser automatiquement les dossiers, ceux-ci pourront consacrer leur temps là où leur valeur est maximale : au contact direct des citoyens afin d’apporter une dimension humaine à l’administration, à l’anticipation des besoins et à la gestion proactive des politiques publiques.
Les administrés, pour leur part, auront accès à un service public conçu autour d’eux et de leurs attentes et non de la complexité administrative. L’époque où il fallait jongler entre plusieurs plateformes, connaître les circuits administratifs, envoyer des pièces justificatives en double ou attendre des semaines pour une réponse sera révolue. Grâce à l’interopérabilité des systèmes et à une gestion intelligente des données, les services publics seront capables d’anticiper les besoins et de proposer des solutions à tous avant même qu’ils n’en fassent la demande. Une personne en perte d’autonomie se verra ainsi proposer spontanément un accompagnement social et des aménagements adaptés sans avoir à naviguer, seule, dans un labyrinthe de dispositifs.
Le service public de demain reposera sur un modèle hybride, combinant le meilleur du numérique et de l’humain. Les guichets physiques auront évolué, avec des espaces de médiation où des conseillers accompagneront les citoyens dans l’usage des services en ligne, garantissant ainsi que personne ne soit laissé de côté. L’inclusion numérique ne sera plus un vœu pieux, mais une réalité ancrée, avec des plateformes accessibles, intuitives et disponibles sur tous les supports, y compris pour les personnes en situation de handicap ou peu à l’aise avec le numérique. Cette approche hybride se doit d’éviter les écueils d’une administration de la surveillance tout comme celui de l’opacité induit par la personnalisation des parcours. Cet équilibre fragile est à trouver entre les institutions européennes, nationales et locale.
L’intelligence artificielle jouera un rôle clé, non pas pour remplacer les décisions humaines, mais pour éclairer les choix des décideurs publics et laisser place à plus d’humanité. Grâce à des outils capables d’analyser en temps réel des millions de données économiques, sociales et environnementales, les politiques publiques pourront être ajustées avec une finesse inédite, évitant ainsi des allocations budgétaires inefficaces ou des dispositifs inadaptés aux réalités locales.
Enfin, ce futur ne pourra exister sans une maîtrise souveraine des infrastructures numériques. Le service public de demain s’appuiera sur des solutions cloud sécurisées et certifiées et sur une gouvernance stricte des données publiques. La cybersécurité sera un pilier fondamental, assurant la protection des données sensibles des citoyens et la résilience des services en cas de crise. Cette donnée est le bien le plus précieux de cette transformation.
Ce service public de demain ne sera pas une administration dématérialisée et impersonnelle, mais un acteur agile, innovant et profondément enraciné dans le quotidien des populations, citoyens et usagers. Loin d’être une rupture brutale, cette transformation s’inscrit dans une évolution progressive, co-construite avec les agents publics et les usagers. Une décennie peut sembler courte pour une révolution, mais suffisante pour redonner au service public sa pleine capacité d’action et sa place centrale dans la société.
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