La France, Terre d'Asile des chercheurs américains privés de Diversité

Gouvernance

La France, terre d’accueil des chercheurs américains ?

Par Xavier Biseul, publié le 11 novembre 2025

Avec le programme « Choose France for Science », le pays des Lumières entend attirer les chercheurs menacés ou censurés par la nouvelle administration américaine. Le CNRS et CentraleSupélec mènent des programmes similaires.

« Personne n’aurait pu imaginer, il y a quelques années, qu’une des plus grandes démocraties du monde allait supprimer des programmes de recherche sous prétexte qu’il y avait le mot « diversité » dans ce programme. Personne ne pouvait penser qu’une des plus grandes démocraties du monde allait biffer d’un trait la capacité à avoir des visas de tel ou tel chercheur, parfois de ceux qui avaient contribué à sa propre sécurité numérique. »

C’est par ces mots forts qu’Emmanuel Macron a lancé le 5 mai dernier, depuis l’amphithéâtre de la Sorbonne, l’initiative « Choose Europe for Science » et sa déclinaison française « Choose France for Science ». Objectif : inciter les chercheurs et les entrepreneurs publics et privés du monde entier à choisir l’Europe et tout particulièrement la France pour exercer.

Comme on l’entend dans son discours, les chercheurs américains – ou en poste aux USA – sont particulièrement dans le viseur du chef de l’État. Menacés par les coupes budgétaires, la censure des programmes de recherche ou la restriction du nombre de visas, ils sont invités à trouver un refuge sur le Vieux Continent qui, de la Renaissance aux Lumières, a montré « cette capacité à nous émanciper de tous les dogmes ».

« Il n’y a pas de démocratie qui tienne longtemps s’il n’y a pas une science libre et ouverte. »
Emmanuel Macron, la Sorbonne, 5 mai 2025

Doté de 500 M€ provenant de la Commission européenne et de 100 M€ supplémentaires puisés dans le programme France 2030, le dispositif cite, parmi les axes prioritaires, le quantique, l’intelligence artificielle ou les infrastructures numériques. Trois semaines après son lancement, la plateforme « Choose France for Science » avait enregistré, selon le président de la République, « plus de 30 000 connexions, dont un tiers depuis les États-Unis, et plusieurs centaines de dossiers ouverts. »

Depuis, silence radio. Et ni le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ni l’Agence nationale de la recherche (ANR) n’ont répondu à nos demandes répétées d’interviews afin de dresser un premier bilan.

À défaut de chiffres, il faut saluer l’effort des chercheurs qui auront été jusqu’au bout du processus de dépôt de candidature. Aussi austère et longue qu’une demande d’Esta, le visa américain, la plateforme exige un très grand nombre d’informations sur le projet poursuivi, les motivations à poursuivre les recherches en France ou les financements demandés.

En parallèle à ce dispositif, des établissements publics ou de grandes écoles comme le CNRS ou CentraleSupélec ont lancé leurs propres programmes. Lancé début avril, « Choose CNRS » propose d’accueillir les chercheurs étrangers dans un des dix pôles scientifiques du CNRS, dont l’informatique, pour des postes de « chaire de professeur junior » (CDD de trois à six ans) et de « chargé de recherche » (statut fonctionnaire).

Rejoignant l’initiative « Safe Place For Science » d’Aix-Marseille Université, l’école CentraleSupélec a lancé pour sa part mi-mars, via sa fondation, son programme d’accueil doté de 3 M€. Selon des chiffres datant de mai, sept candidatures étaient retenues sur la cinquantaine reçues pour des profils de professeurs d’université et de maîtres de conférences.



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