Gouvernance
Perrin-Pelletier (IRT SystemX) : Chef d’orchestre de la recherche appliquée
Par La rédaction, publié le 12 décembre 2014
Depuis plus de 30 ans, Éric Perrin-Pelletier, directeur de l’IRT SystemX met ses compétences au service de la R&D appliquée. Un engagement constant qui s’est traduit tant par des commutateurs réseaux que par des smartphones.
L’innovation c’est par exemple « passer d’un smartphone pesant 500 grammes à un modèle de 100 grammes sans oublier de prendre en compte le passage d’une fabrication presque artisanale à la production industrielle de millions de modèles », explique Éric Perrin-Pelletier. À l’époque, dans les années 1990, ce dernier est responsable chez Alcatel d’une partie du programme de développement lié aux téléphones mobiles. Un poste qui l’amène à coordonner toutes les problématiques liées à ces nouveaux terminaux. Passionné par la recherche appliquée, Éric Perrin-Pelletier est un véritable chef d’orchestre de l’innovation qui doit composer avec les approches « logicielles, matérielles, de design et d’industrialisation ». Une suite logique dans la carrière de cet ingénieur, diplômé en 1980 de l’Ensieg à Grenoble, avec une spécialisation dans l’automatisme, passionné dès ses débuts par l’innovation. « Dans les années 1980, l’automatisme était à la pointe de la recherche appliquée dans le numérique », indique-t-il.
Éric Perrin-Pelletier trouve donc son adrénaline dans la recherche appliquée et entre chez Dassault Systèmes. Il y oeuvrera pendant sept années, en particulier sur un programme destiné à fournir aux militaires un outil de simulation permettant « de décider quels types d’armement employer, quels chars d’assaut par exemple, en fonction du terrain, de la population civile y vivant, ou encore de la météo », décrit le chercheur. Éric Perrin-Pelletier passe chez Alcatel à l’issue d’une réorganisation. Responsable méthodes pour les développements logiciels pendant une année (« à l’époque, la méthode en V était à la mode », rappelle-til), il prend ensuite la responsabilité du hardware. Il prend finalement la direction du bureau d’études, une équipe d’une cinquantaine de techniciens et d’ingénieurs. Un rôle de chef d’orchestre qui s’étend à l’approche de l’an 2000, avec le lancement du programme Advanced phones, les premiers smartphones tactiles incluant simultanément les fonctions d’un téléphone et d’un PDA. Le développement de ce programme est mené avec un partenaire japonais, mais est abandonné en 1999 par Alcatel au vu des investissements nécessaires en marketing et communication. Pendant quelques mois, il travaille sur une autre innovation, un Minitel doté d’un écran tactile et connecté à Internet. Le manque de maturité des technologies de l’époque, la lenteur des applications Java, la faible bande passante disponible font que le projet est abandonné. Pas découragé (« on apprend de ses erreurs », insiste notre interlocuteur), il se plonge en 2000 dans le monde de l’IP en partant aux États-Unis sur la côte Ouest, toujours pour Alcatel. Un choix qui se traduit par le lancement d’une nouvelle génération de commutateurs IP chez l’équipementier. « Une équipe était chargée des Asics (circuits électroniques programmables), une autre de la partie hardware. J’avais la responsabilité de cette dernière et aussi du management global du projet », décrit le responsable. En 2004, l’expatrié revient au pays, entre autres pour que ses enfants passent le bac en France. Il devient directeur de la recherche chez Alcatel, pour ce qui constitue le plus gros centre de recherche pour les produits et les applications réseaux en France. L’occasion pour lui de remettre sa casquette de chef d’orchestre et de faire travailler de concert Alcatel et l’Inria dans le cadre d’un laboratoire commun. L’année suivante, il participe à la création des pôles de compétitivité et prend la présidence du groupe thématique Télécoms de Systematic en 2005. Éric Perrin-Pelletier prend la tête en 2012 de SystemX, un institut de recherche technologique (IRT, structure créée par le gouvernement pour renforcer le transfert technologique). « Il s’agit de répondre aux besoins forts des industriels, par exemple dans les domaines de la simulation, de l’analyse des données ou des logiciels critiques, et d’impliquer les acteurs académiques et industriels aux enjeux associés », résume-t-il, toujours aussi motivé par l’innovation.
Patrick Brébion
