

Data / IA
Aidons d’abord l’IA pour qu’elle nous aide
Par La rédaction, publié le 24 juin 2025
Maîtriser l’IA, c’est miser sur l’humain pour choisir, superviser et maximiser chaque application métier, tout en surfant sur l’innovation et les défis réglementaires européens. Entre optimisation opérationnelle et réglementation exigeante, c’est la synergie Humain – IA qui trace la voie vers des usages performants, éthiques et innovants de l’intelligence artificielle..
De Cheick Sylla, Expert Technologie et Innovation, Infor
Dans les discussions animées qui entourent actuellement le futur de l’intelligence artificielle, un aspect primordial est souvent omis : le rôle de l’être humain. Contrairement à certaines perceptions, l’IA ne fonctionne pas en totale autonomie. Sa supervision par l’humain est de fait indispensable pour optimiser ses capacités et matérialiser les bénéfices anticipés par les acteurs économiques. Qu’il s’agisse de déterminer les cas d’application les plus pertinents ou de piloter les modèles d’IA au sein d’un environnement de production, l’engagement humain est une condition sine qua non de son succès. En voici les justifications.
Explorer et valider l’IA sous supervision humaine
L’Hexagone accuse un certain retard dans le déploiement de l’IA au sein des entreprises comparativement à la moyenne globale. Seulement 26 % des structures françaises ont à ce jour intégré l’intelligence artificielle dans leurs activités, contre 42 % au niveau mondial. Une difficulté notable pour les entreprises françaises réside dans l’évaluation de la pertinence des cas d’usage, de nombreux décideurs semblant éprouver des difficultés à différencier clairement les applications à forte valeur ajoutée des solutions à caractère accessoire.
Face à cette hésitation, il est impératif que les entreprises mobilisent l’expertise humaine en matière d’IA. Adopter une vision où l’intégration de cette technologie est un processus évolutif, intrinsèquement lié à l’humain et adapté à des besoins spécifiques, représente une approche clé. Car, en définitive, l’appréciation humaine est déterminante pour évaluer la valeur ajoutée de l’IA et pour identifier et hiérarchiser les applications en fonction des impératifs organisationnels.
La manière de parler de l’intégration de l’IA dans les entreprises doit refléter cette orientation centrée sur l’humain. Il est essentiel de présenter l’IA comme un outil au service des collaborateurs, un moyen d’amplifier leurs compétences en s’appuyant sur les informations et les données qu’ils génèrent, et non comme un substitut à leur rôle.
Les fournisseurs de solutions d’IA doivent activement collaborer avec leurs clients afin d’explorer les applications possibles, initier des discussions, comprendre leurs défis spécifiques et démontrer comment l’IA peut concrètement contribuer à les surmonter.
Efficacité et innovation dans les services
L’adage informatique bien connu « entrées pourries, sorties foireuses » prend tout son sens avec l’intelligence artificielle.
Si les données utilisées pour entraîner ou faire fonctionner un modèle sont médiocres, le résultat final sera tout aussi insuffisant. Les data scientists jouent ici un rôle crucial pour assurer la qualité des données alimentant les applications de l’IA.
Ils ont notamment pour responsabilité d’évaluer la qualité de ces données, d’identifier les datasets appropriés et de revoir les pratiques de gouvernance qui y sont associées. Si le niveau des données n’atteint pas les standard requis, les spécialistes de l’IA peuvent suggérer des améliorations dans le nettoyage, la structuration des données, ou dans leur gouvernance avant d’aller plus loin.
La surveillance humaine est également indispensable, même en phase de production/OU/ même dans un environnement de production, pour guider et maîtriser les applications d’IA. Dans le domaine de l’optimisation des processus, par exemple, l’IA et l’apprentissage automatique peuvent révéler des éléments que l’humain pourra ensuite exploiter pour renforcer l’efficience des processus.
Ce scénario est l’inverse de la phase d’entraînement : l’IA fournit maintenant les informations, tandis que l’humain les traite et les interprète, agissant de manière à affiner les processus, innover dans les services et améliorer la prise de décision finale. En la matière, les agents IA représentent une avancée. Ils ne se contentent pas d’exécuter des instructions, mais disposent d’une certaine autonomie, et prennent des décisions dans un contexte donné, pour atteindre l’objectif attendu, souvent de manière proactive. Nous sommes à l’aube d’une ère où les humains et les agents IA pourront collaborer en toute transparence pour renforcer l’efficacité recherchée, mais l’humain restera le décideur.
Surveiller l’IA, la responsabilité de l’humain
Actuellement, de nombreux projets basés sur l’IA luttent pour simplement franchir l’étape du « proof of concept », souvent en raison d’un manque de moyens alloués à leur maintenance. Cela met en évidence la nécessité d’une implication humaine soutenue, non seulement pour prévenir la dégradation des modèles, mais aussi pour garantir le succès durable et l’évolutivité des initiatives menées avec l’IA. La réussite de la transition vers une organisation pilotée par les données et la collaboration Homme-IA exige un changement profond de mentalité, qui ne peut être impulsé que par les équipes elles-mêmes. La supervision humaine est par exemple indispensable pour s’assurer que les modèles IA conservent leur justesse et leur pertinence dans le temps. Ceci est particulièrement vital dans des environnements complexes et évolutifs, où les données et les conditions peuvent changer.
De même, les experts humains jouent un rôle crucial dans le contrôle des performances des modèles IA, en identifiant et en traitant les difficultés naissantes susceptibles de perturber leur fonctionnalité ou d’altérer leur exactitude.
Innovation et défis pour l’Europe
Bien que la majorité des technologies IA utilisées actuellement soient développées aux États-Unis, les chercheurs européens apportent une contribution substantielle à leur développement. Avec sa législation sur l’intelligence artificielle, l’UE constitue par ailleurs un pionnier en matière de réglementation et joue un rôle fondamental pour assurer un déploiement responsable des technologies basées sur l’IA.
Néanmoins, diverses contraintes réglementaires et administratives peuvent freiner l’innovation. L’intervention humaine est alors une fois de plus décisive, avec des spécialistes de la réglementation qui jouent un rôle significatif pour aider les entreprises à respecter leurs obligations, tout en stimulant un environnement propice au développement de l’IA. Assurer un développement et un déploiement éthiques de l’IA, tout en sauvegardant l’innovation et l’intégrité, requiert de surcroît la supervision humaine.
Une IA centrée sur l’humain
L’IA offre un avenir prometteur, mais ses modèles requièrent une grande prudence. Seule la supervision humaine permettra à cette technologie de déployer pleinement son potentiel et d’apporter aux entreprises l’efficacité attendue. Pilotée par l’humain, l’IA devient un outil puissant pour améliorer ses propres capacités, optimiser les workflows et favoriser un environnement propice à une innovation plus étendue.
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