Gouvernance
Alexis de Nervaux (Groupe Terreal) : « Les risques oui, mais en mettant les chances de son côté »
Par François Jeanne, publié le 03 février 2023
Amateur de sports extrêmes, Alexis de Nervaux n’en est pas pour autant une tête brulée. Portrait d’un DSI dynamique et direct qui préfère l’action à l’attentisme.
D’entrée de jeu, le ton est direct, sans circonvolutions. Le résultat d’une formation à l’américaine, entreprise après le bac ? « Je ne me retrouvais pas dans le système éducatif français. Je souhaitais plus de pragmatisme. J’avais d’ailleurs déjà monté mes premiers PC de “gamer” à l’âge de 12 ans. »
Alexis de Nervaux ne s’arrête pas là. Pendant ses études à l’Université Schiller de Floride, puis à San Francisco où il suit un Master of Sciences, il plonge dans la galaxie internet et ouvre un portail sur les jeux vidéo.
Toutefois, la France lui manque. Il y revient comme chargé de projet intranet chez Technip, puis consultant chez CGI Consulting. Le groupe Total est un de ses principaux clients. Il finit par le rejoindre pour des mises en place de solutions de e-procurement en Afrique et au Moyen- Orient.
Ce savoir-faire attire l’attention de Saint-Gobain. Dans le groupe industriel, son rôle s’élargit progressivement et il prend en charge différents projets de transformation digitale des métiers.
Devenu finalement chief digital & information officer d’une filiale de Saint-Gobain, il en part rapidement pour saisir l’opportunité que lui offre alors le groupe Terreal (industriel briquetier-tuilier) de s’attaquer à une transformation digitale « from scratch » : « Il s’agissait d’une création de poste, avec un rattachement au président et un siège au sein du comité de direction générale. »
Il peut donc conduire sa mission selon ses intuitions. « Par exemple, j’externalise tout ce que je peux. Dans une DSI de 35 personnes, je ne peux pas entretenir des compétences sur tous les progiciels métiers utilisés. Je préfère avoir des chefs de projet assez généralistes. »
Des projets qui portent sur la mise en place d’un MES, de nouveaux services digitaux pour les clients, ou encore sur la maintenance prédictive dans des usines qu’il faut par ailleurs sécuriser dans une approche Industrie 4.0.
Des activités, Alexis de Nervaux en a d’autres… du côté des sports extrêmes : road-trips en moto tout terrain à travers l’Europe, alpinisme, plongée en apnée, etc. « Ces aventures ont une dimension spirituelle. Elles me permettent de vivre l’instant présent et de répondre à des questions auxquelles je ne pourrais répondre en restant assis dans mon canapé. »
Mais ne l’imaginez pas pour autant tête brûlée. « Sport extrême ne rime pas forcément avec réussite, même si tout doit être contrôlé, optimisé et que l’improvisation est bannie. Mais si cela ne fonctionne pas, au moins, vous avez mis toutes les chances de votre côté. »
Ce qui m’a séduit dans Terreal > Le dynamisme de l’entreprise, qui s’est traduit notamment par sa décision de créer une direction du digital et des systèmes d’information, une démarche pas si fréquente dans l’industrie il y a cinq ans. L’appui du président a fait le reste et nous sommes restés très en phase depuis mon arrivée… sauf quand il me voit partir pour un road-trip à moto ou une ascension !
Ce qui attire les talents dans ma DSI > Je suis persuadé que, à salaire égal, il est toujours possible d’attirer et de fidéliser des collaborateurs, à condition de faire la différence sur deux points essentiels : le respect de leur équilibre personnel et l’ambiance qui règne à la DSI.
Le projet du moment > Le déploiement d’un nouveau MES dans nos usines, en nous appuyant sur l’offre de l’éditeur stéphanois Astrée Software.
La préoccupation du moment > La cybersécurité. Pour aller plus loin dans la digitalisation et basculer en mode « industrie du futur », il faut toujours plus de sécurité. Nous nous y employons en nous appuyant sur un mix de sensibilisation, d’outils, et de formations.
Une devise > Je citerai Paulo Coelho : « Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine… Elle est mortelle. » Les projets de digitalisation des entreprises proposent, à mon sens, un excellent antidote.

PARCOURS D’ALEXIS DE NERVAUX
Depuis 2018 :
CDIO (chief digital & information officer) du groupe Terreal
2008 -2017 :
Responsable de la transformation digitale (fonction achats), puis directeur du digital, puis CDIO EMEA de la filiale SG Abrasifs, chez Saint-Gobain
2006-2008 :
Responsable de la digitalisation de la direction achats de la branche exploration & Production chez Total Afrique et moyen-Orient. 2004-2006 : consultant senior chez CGI consulting
2002-2004 :
Chargé de projet intranet chez Technip Fmc
FORMATION
Bachelor (business & marketing international) de l’Université Schiller de Floride (1998),
complété par un master of Sciences (Internet)
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