AWS Kiro, l'IDE dopé à l'IA agentique d'Amazon pour aller au-delà du Vibe Coding

Data / IA

Avec Kiro, AWS entre aussi dans la danse des IDE dopés à l’IA Agentique

Par Laurent Delattre, publié le 17 juillet 2025

Fini le code à la ligne : place aux agents qui écrivent, testent et pushent pendant que vous décrivez votre idée. Kiro débarque chez AWS pour challenger GitHub Copilot et ses clones (Cursor, Windsurf…) avec une recette explosive : des specs vivantes et une orchestration CI/CD sous stéroïdes.

Qu’on le veuille ou non, l’IA a déjà métamorphosé le quotidien de la majorité des développeurs, qu’ils soient freelances, indépendants ou intégrer à des équipes d’ingénierie logicielle en entreprises. Et ce n’est qu’un début. L’IA influence la façon de coder, la façon de penser, la façon de tester et transforme les outils de développement après avoir dans un premier temps cherché à s’y intégrer.

Il en résulte une transformation majeure des outils de développement. Les environnements de développement intégrés, IDE, dopés à l’IA sont ainsi devenus le nouveau terrain stratégique des fournisseurs de cloud, des éditeurs et des startups.

Après Microsoft (et son GitHub Copilot) et Google (Gemini Code Assist), Amazon s’invite dans l’arène avec Kiro (AWS proposait jusqu’ici l’assistant Amazon Q Developer, qui a succédé à CodeWhisperer), tandis que des acteurs indépendants comme Cursor ou Windsurf continuent d’alimenter l’effervescence concurrentielle. Au passage, on rappellera que Windsurf a connu bien des aventures ces dernières semaines. Promise pour 3 milliards de dollars à OpenAI, la transaction a été refusée par Microsoft (qui voyait d’un très mauvais œil son ‘partenaire’ OpenAI concurrencer GitHub Copilot avec un tel rachat). La jeune pousse a alors vu ses fondateurs et têtes pensantes se faire débaucher pour 2,4 milliards de dollars par Google DeepMind. Et pour ne pas sombrer, Windsurf a accepté, 72 heures après la fuite de ses principaux cerveaux, une offre de rachat par Cognition (connu pour son IA codeuse, Devin).

C’est donc dans cet univers effervescent que le cloud d’Amazon fait son entrée.

Kiro, la riposte d’AWS

Contrairement aux assistants de codage traditionnels, Kiro se présente comme un « IDE agentique ». Kiro intègre ainsi, au cœur même de l’outil d’édition des codes sources, des agents IA capables de comprendre les intentions du développeur, de planifier les étapes de développement, et même de gérer automatiquement les tâches nécessaires pour rendre un code prêt pour la production.
Cette « agentification » des assistants IA à la programmation est très tendance : GitHub Copilot s’est enrichi d’un « mode agent », les récents Claude Code et OpenAI Codex sont des assistants agentiques, Mistral AI a récemment lancé son agent Mistral Code, etc.

L’originalité de Kiro ? Imposer une phase de spécification structurée avant la génération de code et maintenir ces artefacts à jour grâce à des hooks automatisés.

L’originalité de Kiro ? Imposer une phase de spécification structurée avant la génération de code et maintenir ces artefacts à jour grâce à des hooks automatisés. Plutôt que de simplement générer du code à partir de prompts, Kiro permet aux développeurs de décrire ce qu’ils veulent construire en langage naturel ou sous forme de diagrammes. L’IA interprète ces spécifications pour générer un système complet, en tenant compte des exigences fonctionnelles, de la sécurité, des tests, et de la documentation. Dit autrement, Kiro force une approche plus structurée que la tendance « Vibe Conding » inaugurée avec Cursor. « Vous avez sans doute déjà vécu cette situation : on “prompte, prompte, prompte” et l’application fonctionne. Mais la mise en production exige bien plus » explique l’équipe produit d’AWS, justifiant cette approche « spec‑driven ».

Construit sur Code OSS (le noyau libre de Visual Studio Code publié en open source par Microsoft sous licence MIT, autrement dit le cœur IDE de VS Code sans toutes les extensions et services Microsoft propriétaires), Kiro se veut ouvert et s’affranchit de l’écosystème AWS. Bien qu’il s’intègre parfaitement avec les services cloud d’Amazon, il peut aussi fonctionner avec d’autres technologies et fournisseurs. Typiquement, il peut être utilisé avec des identifiants Google, GitHub ou AWS, sans nécessiter de compte Amazon. Il revendique une approche multi-cloud et prend en charge nativement le protocole MCP.

AWS Kiro est un IDE local mais connecté. Il peut être téléchargé pour Windows, MacOS et Linux depuis ce site : Downloads – Kiro.

AWS Kiro est pour l’instant accessible gratuitement en Preview avec des limitations plutôt généreuses. L’offre sera ensuite déclinée en trois versions : Free (limitée à 50 interactions par mois), Pro (pour 19$ par mois avec 1.000 interactions IA), Pro+ (pour 39$ par mois avec une limite de 3000 interactions par mois). Au-delà des limites définies, les interactions sont facturées en “pay per use” à hauteur de 0,04$ par interaction.

Des DSI en quête de plus de maturité

Avec Kiro, la génération de code assistée n’est plus limitée aux suggestions ligne‑à‑ligne : les agents planifient des tâches, mettent à jour la documentation, reformatent le code et déclenchent des pipelines CI/CD. Pour les développeurs et les DSI, les gains de tels outils restent toutefois hétérogènes : une étude GitHub montre 55,8 % de temps gagné sur des tâches unitaires simples mais une autre étude METR pointe en revanche 19 % de ralentissement sur des projets complexes lorsqu’on se contente de « vibe coder ». En clair, la productivité dépend du degré d’encadrement (spécifications, revues, hooks), de la formation des développeurs et de la maturité du code base. Il est aussi probable que le relatif manque de maturité des modèles et des outils IA explique aussi pourquoi les gains attendus de l’IA ne sont pas toujours déjà au rendez-vous.

Forrester anticipe qu’au moins une entreprise tentera de remplacer la moitié de ses développeurs par l’IA en 2025… et échouera, rappelant que seuls 24 % du temps d’un dev est consacré au code. La firme prédit aussi qu’un dev sur deux abandonnera les outils best‑of‑breed au profit de plateformes intégrées. De son côté, Gartner avertit : 80 % des ingénieurs devront se re‑skiller d’ici 2027, l’IA devenant progressivement agente puis autonome sur certaines tâches, sans toutefois supprimer la nécessité de l’expertise humaine. L’analyste note également que le marché sort du « pic de hype » ; nombre de projets 2024 ont été annulés, mais la proportion de logiciels contenant de l’IA dépassera 50 % dès 2026.

Pour les DSI, l’arrivée de Kiro est aussi une invitation à repenser les priorités de l’IA au sein de l’équipe de développement. Il faudra apprendre à orchestrer les agentes dans une chaîne CI/CD sécurisée pour l’IA et investir dans l’upskilling des équipes pour ne pas subir la fragmentation des compétences que prévoit Gartner. Les organisations capables d’encadrer ces nouveaux workflows sans sacrifier la traçabilité ni la sécurité seront les véritables gagnantes de cette phase de transition.
Enfin, Forrester rappelle que l’IA ne supprime pas la dette technique ; elle la déplace. Une stratégie plateforme, des spécifications vivantes et des contrôles de sécurité automatisés restent les meilleurs remparts face à la tentation du « tout‑agent ».

Reste que l’IDE dopé à l’IA agentique façon AWS Kiro redessine en profondeur la frontière entre conception, exécution et opération ainsi que le travail quotidien des Devs. Et qu’une telle transformation a toutes les chances de se révéler douloureuse…


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