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Ce que les DSI doivent retenir de Microsoft Ignite 2021

Par Laurent Delattre, publié le 04 mars 2021

Bien qu’estampillée « 2021 », la conférence Microsoft Ignite qui s’est tenue cette semaine en virtuel se voulait davantage la seconde partie d’un MS Ignite commencé en septembre dernier. Azure et Teams en ont été les deux grandes stars. Peu de nouveautés majeures mais beaucoup d’annonces que bien des DSI ne devraient pas ignorer.

Depuis le début de la pandémie, Microsoft réinvente ses conférences dans un format virtuel et améliore peu à peu le concept. Ce nouvel MS Ignite illustre les progrès réalisés et laisse à penser que l’éditeur ne reviendra plus à un mode 100% présentiel tant la formule fonctionne bien aujourd’hui. Des sessions rythmées et calibrées, des échanges interactifs, des réunions Teams aisément programmables, des « sacs à dos virtuels » pour récupérer d’un coup toutes les sessions qui vous intéressaient et que vous n’avez pu suivre en live… La formule fonctionne et se révèle bien moins épuisante et plus pratique que l’ancien format de conférence.
Réalisée moins de 6 mois après la précédente MS Ignite 2020, cette édition 2021 s’est révélée un peu moins riche en annonces spectaculaires que les éditions précédentes mais peut-être plus riche en retours d’expériences et en sessions pratiques.

Voici ce que les DSI doivent retenir des nouveautés présentées lors de MS Ignite 2021.

De l’IA dans le cloud et dans le Edge

L’intelligence artificielle est un thème transversal et universel devenu indispensable aux entreprises pour faire parler leurs données et pour innover. Aujourd’hui, Microsoft œuvre pour la démocratiser à tous les niveaux de l’entreprise et en tous lieux.

Dans le Cloud d’abord avec l’annonce de la Preview du très attendu « Semantic Search » au sein du moteur Azure Cognitive Search. Cognitive Search est un service qui permet aux développeurs d’aisément intégrer des fonctions de recherche dans leurs applications mobiles et Web. Il s’enrichit d’un nouveau connecteur Sharepoint pour permettre au service d’ingérer et explorer plus aisément les contenus SharePoint. Il s’enrichit surtout d’une fonctionnalité Semantic Search permettant de délivrer des résultats basés sur l’intention de l’utilisateur plutôt que sur une recherche par mot clé.   La recherche sémantique utilise certains des modèles de langage naturel les plus avancés pour améliorer la pertinence et le classement des résultats de recherche. Elle utilise la recherche de concepts, de synonymes et d’autres techniques pour offrir une expérience de recherche plus personnalisée aux utilisateurs.

Microsoft a également annoncé des améliorations majeures à son service Form Recognizer (pour extraire grâce à l’IA des informations de documents comme des factures ou des contrats) et le support d’Azure ML sous Azure Arc (sa plateforme Cloud Hybride).

Dans le Edge ensuite. La principale annonce de cet MS Ignite est le lancement d’Azure Percept, une nouvelle plateforme pour de l’IoT boosté à l’IA dans le Edge. Elle est destinée à accélérer et simplifier la création de POC mettant en œuvre l’Intelligence Artificielle pour surveiller des lieux, contrôler une fabrication, repérer les places de parkings libres, analyser le contenu d’un plateau ou d’un caddie, s’assurer du respect de règles de sécurité ou de distanciation, prévenir lorsqu’un rayon de vide, détecter la présence de personnes ou d’animaux, et des millions d’autres scénarios faisant intervenir en temps réel la vision, la reconnaissance de la parole, l’analyse audio, et l’analyse de flux provenant de capteurs. La plateforme est composée d’une partie services pour rapidement et aisément construire et entraîner des modèles IA personnalisés mais également de hardwares produits par Microsoft ou par des tiers certifiés. La plateforme comporte aussi Azure Percept Studio un environnement interactif qui simplifie la gestion du cycle de vie de l’IA en périphérie (Edge) avec des outils pour les développeurs, notamment une bibliothèque de modèles Azure AI préconstruits pour la détection d’objets, l’analyse d’étagères ou d’espaces sécurisés, l’analyse des véhicules, etc. Il fournit un environnement No Code/Low Code pour rapidement personnaliser, former et déployer des modèles AI localement ou dans le cloud. Les données restent sécurisées par des mécanismes intégrés à Azure Percept et issus d’Azure IoT. Et la plateforme est évidemment conçue pour fonctionner de pair avec les Azure Cognitive Services, Azure ML, Azure Live Video Analytics et Azure IoT.

Focus sur la Data

Qui dit IA, dit Data… Et la donnée est au cœur de bien des sessions de MS Ignite. Trois annonces doivent retenir votre attention :

Azure Synapse Pathway est la brique qui manquait jusqu’ici à Azure Synapse Analytics, la nouvelle solution cloud pour unifier tous vos data lakes et data warehouse dans le cloud Microsoft. Pour les entreprises, le problème n’est pas uniquement de migrer les données, mais également de migrer les logiques et objets qui les accompagnent : triggers, vues, procédures stockées, requêtes, etc. Et ça n’est pas une mince affaire. Pathway permet d’accélérer la migration des existants vers Azure Synapse Analytics en traduisant automatiquement ces logiques et objets associés aux données. Pour l’instant, l’outil supporte SQL Server, Snowflake et IBM Netezza. Le support de Teradata est annoncé comme imminent. Il sera suivi du support de BigQuery, Redshift, Hive/Hadoop… Selon Microsoft, Pathway peut convertir automatiquement plus de 100 000 lignes de code SQL par minute !

Azure Stream Analytics n’est pas une nouveauté mais le service d’analyse de flux en temps réel d’Azure est désormais en GA (disponibilité générale) et s’enrichit d’une variant « Dedicated » qui permet de l’héberger sur un tenant unique propre à l’entreprise quand les débits et l’aspect temps réel le nécessitent.

Azure Purview passe à la vitesse supérieure. Annoncé en fin d’année 2020, ce service marque l’entrée de Microsoft sur le marché devenu critique de la gouvernance de la donnée. Elle permet de découvrir, cataloguer, tracer, gérer, mettre en conformité et protéger la donnée de façon centralisée, d’où que celle-ci provienne et où que celle-ci soit stockée. Toujours en Preview, la solution s’ouvre à davantage de sources de données : Purview peut désormais scanner, reconnaître et classer les données qui résident sur AWS S3, SAP ECC et SAP HANA ainsi que sur les bases Oracle et sur Azure Synapse Analytics.

En attendant .NET 6

Il n’y a pas de conférence Microsoft sans discussions et sessions autour du développement. Si les sujets ne sont jamais aussi techniques qu’à la conférence Build, ils n’en demeurent pas moins nombreux dans un monde où toutes les entreprises sont devenues des entreprises numériques et logicielles.

L’avenir du développement Windows et cross-plateformes en entreprise se joue en partie en 2021 avec le lancement à la fin de l’année de .NET 6, Project Reunion (WinUI 3.x) et .NET MAUI. Mais en attendant, l’urgence pour Microsoft – et pour les entreprises – est d’encourager tous les développeurs à basculer leurs anciens codes « .NET Framework » vers sa mouture moderne et open source « .NET 5 ». Pour cela, Microsoft a dévoilé en preview un nouvel outil « .NET Update Assistant ». Il aide les développeurs à convertir les applications Windows .NET Framework stratégiques vers les plateformes de développement hautes performances, multiOS .NET Core 3.1 et son successeur .NET 5. Ce nouvel assistant unifie différents outils de portage précédemment disponibles et fournit des instructions étape par étape pour aider les développeurs à effectuer une mise à niveau en toute confiance. Il est publié en open-source.

Signalons que Microsoft n’a pas seulement parlé .NET. L’éditeur lance de nouvelles solutions pour exécuter les applications Java Enterprise Edition (Java EE) dans Azure. Les entreprises peuvent désormais utiliser Azure Marketplace et ses scripts automatisés pour déployer sur Azure non seulement Oracle WebLogic Server ou IBM WebSphere Application Server mais aussi IBM WebSphere Liberty/Open Liberty. Les clients ont donc désormais plus de choix et de flexibilité pour migrer leurs applications Java EE vers le cloud à travers des offres Azure Marketplace officielles et prises en charge conjointement par Microsoft, Oracle et IBM.
Par ailleurs, les entreprises peuvent déployer WebLogic aussi bien sur des machines virtuelles Azure que sur des opérateurs Kubernetes validés pour déployer WebLogic. Ils peuvent également déployer WebSphere sur Azure Kubernetes Service (AKS) ou sur Azure Red Hat OpenShift (ARO).

Du Low-Code pour les mordus d’Excel

L’une des raisons d’être des solutions No-Code/Low-Code n’est pas de retirer le développement des mains des développeurs mais de permettre aux métiers de personnaliser ou ajuster eux-mêmes la logique métier de l’application crée par les développeurs. Et c’est justement toute la raison d’être du nouveau langage Power FX introduit par Microsoft à l’occasion de MS Ignite et surtout libéré en open source. Car le langage n’est pas si nouveau. Il est une formalisation de celui déjà utilisé au sein du canvas Power Apps. Sa particularité est d’être essentiellement basé sur des formules Excel.  L’idée est de permettre aux développeurs de créer les applications avec leurs outils professionnels habituels tout en codant la logique métier en Power FX au sein d’un fichier texte attaché. Parce que la plupart des utilisateurs métiers avancés maîtrisent Excel et ses formules, ils n’auront aucune difficulté à la personnaliser ou la modifier.
Microsoft espère non seulement insérer Power FX dans tous les modules de sa Power Platform (Power Bi, Power Apps, Power Automate, Power Virtual Agents, …) mais également voir les éditeurs et fournisseurs de services l’adopter largement maintenant que le langage est versé en open source.

Windows 10 devient gratuitement automatisable

Depuis un an, Microsoft a fait une entrée remarquée sur le marché de la RPA en faisant évoluer sa solution d’automatisation de Workflow « Microsoft Flow » vers une vraie solution RPA dénommée « Power Automate ». Cette solution comporte un module qui permet d’automatiser des tâches directement sur le poste de travail en enregistrant des séquences d’action (déplacement de souris, clics, saisies claviers) et en les rejouant avec une logique d’automatisation. Cette automatisation de Windows 10 est réalisée au travers d’un outil Power Automate Desktop que Microsoft a décidé de rendre gratuit et librement téléchargeable par tous avec très probablement l’intention à terme de l’intégrer directement dans l’OS.
Power Automate Desktop devient ainsi un outil de productivité du quotidien permettant à tout un chacun d’automatiser ces tâches les plus chronophages et répétitives.

Le retour de la réalité mixte

Cela faisait un bon bout de temps que Microsoft ne s’était pas longuement attardé sur ses Hololens et sur les applications d’entreprise de la Réalité Mixte. Un silence rompu à l’occasion de MS Ignite.
L’éditeur annonce la disponibilité générale d’un service en preview depuis plus d’un an : Azure Remote Rendering. Il permet de réaliser des rendus 3D complexes dans le cloud puis de streamer ce rendu vers des appareils comme des smartphones ou les lunettes Hololens. L’idée est que la puissance embarquée dans les casques VR autonomes est trop limitée pour un rendu précis de scènes 3D complexes. Le service permet de réaliser le rendu dans le cloud pour streamer ensuite le résultat vers l’appareil.
Mais la grosse annonce concernait le lancement de Microsoft Mesh. Là encore, il ne s’agit pas d’un logiciel mais bien d’une plateforme hébergée sous Azure. Elle permet de construire des environnements 3D et d’y plonger des participants équipés de casques VR ou Hololens de sorte que ces personnes (qui peuvent être disséminées aux quatre coins du monde) puissent vivre une même expérience collaborative avec la sensation d’être vraiment en présence des autres grâce à la possibilité de s’échanger des objets 3D et d’interagir avec du contenu 3D. La plateforme est par exemple utilisée par AltSpaceVR. Elle permet de créer, collaborer, communiquer, s’entraider, se former à plusieurs chacun étant représenté par un avatar 3D ou par sa propre projection holographique (holoportation). La plateforme fonctionne avec les casques Hololens mais aussi avec les casques VR « Windows Mixed Reality » et les casques Oculus mais peut aussi être utilisée avec un simple smartphone.

Windows Server 2022 se dévoile…

À l’occasion de MS Ignite, Microsoft a dévoilé la preview de Windows Server 2022. Celle-ci intensifie les scénarios hybrides avec notamment une intégration à la console Azure Arc et de nouvelles fonctionnalités dans Storage Migration Service pour migrer vos serveurs de fichiers dans Azure. Mais Microsoft met surtout l’accent sur la sécurité. Windows Server 2022 pourra ainsi être déployé en mode « Secured-Core Server » pour réduire les risques de piratage physique en combinant TPM, System Guard et Credential Guard. Autre nouveauté, le support des Windows Containers sous Kubernetes.

Tout pour le travail hybride

Enfin, il a beaucoup été question de Teams durant MS Ignite. Le hub collaboratif ne cesse de s’enrichir de nouvelles fonctionnalités et sert également de front end à la nouvelle plateforme Microsoft Viva de gestion de l’expérience employés (EX). Outre un chiffrement de bout en bout, Microsoft a annoncé Teams Connect, une nouvelle fonctionnalité pour briser les frontières entre les entreprises et partager aisément un canal de discussion avec les collaborateurs externes, freelances ou d’autres entreprises. Autre nouveauté, PowerPoint Live in Teams permet à l’animateur d’une réunion d’avoir à l’écran ses notes, slides, l’écran de tchat et les participants dans une seule vue optimisée sans avoir à partager son écran pour présenter les slides et à jongler entre les fenêtres. Également nouveau, le Presenter Mode permet à l’animateur d’une réunion de personnaliser comment sont présentés à l’écran ses contenus et son flux vidéo.
Enfin, Microsoft lance deux « Teams Intelligent Speakers » développés en partenariat avec Yealink et Epos. Ces haut-parleurs intelligents à placer au centre de la salle de réunion utilisent des technologies avancées de reconnaissance de la parole pour identifier et différencier qui parle (jusqu’à 10 personnes) afin d’offrir une retranscription fidèle des meetings Teams en associant automatiquement le nom et le profil des participants dans la transcription.

Finalement, le grand absent de cette conférence aura été Windows 10X, la nouvelle version allégée et containerisée de Windows destinée à concurrencer les Chromebooks de Google. Microsoft a gardé toutes les annonces autour de Windows pour un évènement dédié attendu dans les prochaines semaines mais dont la date exacte est encore inconnue.

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