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Dailymotion : comment développer les pépites françaises du numérique?

Par La rédaction, publié le 08 mai 2013

Le cas de Dailymotion souligne, une fois de plus, la difficulté des entreprises françaises à développer des champions mondiaux dans le domaine du numérique. Il est temps de donner aux entrepreneurs français les moyens de réussir.

L’intervention d’Arnaud Montebourg pour empêcher le rachat de Dailymotion par Yahoo aura au moins eu pour vertu de souligner les enjeux du numérique. Alors que de nouveaux géants se sont développés récemment, aucun n’est français. Dailymotion, avec sa 31e place mondiale en terme de consultations, est un petit acteur qui doit trouver les moyens de se développer.

Les divergences de points de vue sur le sujet s’écartent des clivages traditionnels entre libéraux et interventionnistes. Ce qui est révélateur de la complexité de la question. A ceux qui se félicitent de l’intervention de l’Etat, faut-il rappeler toutes les erreurs commises avec les meilleures intentions depuis le Plan calcul ? A ceux qui jugent qu’il n’est pas dans son rôle, disons qu’il est au moins positif de le voir se préoccuper du numérique.

La vraie question est : comment aider des entreprises françaises à devenir des champions mondiaux afin de développer l’emploi en France et tirer les bénéfices du développement numérique ? Certainement davantage en réunissant les conditions propices, plutôt qu’en intervenant directement.

Un jeu inégal

Il faut répéter ce constat terrible : il y a peu d’acteurs français d’envergure internationale dans le domaine du numérique, que ce soit des éditeurs ou des fournisseurs de services internet. De plus, les acteurs d’origine française sont fragiles : en 2007 et 2008, 10 des 100 premiers éditeurs français ont été rachetés par des acteurs étrangers. Ils totalisaient à eux seuls 25 % du chiffre d’affaires du palmarès : une véritable hémorragie ! Les sociétés de services françaises sont plus puissantes, mais elles n’ont pas le même potentiel de développement et d’exportation.

Pourtant, des entrepreneurs qui font partie de notre élite créent des start up. Ils mobilisent les énergies d’ingénieurs de haut niveau dans des projets innovants. Ils bénéficient parfois d’aides publiques. Certains réussissent mais cela se traduit très souvent par… la revente de l’entreprise à une société étrangère. C’est un succès individuel, mais un échec collectif car le bilan est complètement déséquilibré : dans le domaine du numérique, il n’y a pas autant d’entreprises étrangères rachetées par des entreprises ou des investisseurs français.

Comment ne pas s’émouvoir de voir tant de start up françaises passer sous giron étranger ? Certains nous disent qu’il n’y a aucun mal et semblent confondre rachat et partenariat. Mais en période de crise, la localisation du centre de décision prend toute son importance. Il ne faut pas être dupe sur les conséquences en termes d’emplois et de fiscalité.

L’Etat jardinier

Fin avril, se sont tenus les Assises de l’entrepreneuriat. L’Etat y a fait participer des entrepreneurs et a décidé d’appliquer nombre des mesures proposées : sensibilisation des élèves à l’esprit d’entreprendre, droit à l’échec, mesures incitatives pour l’investissement…

Il n’y a rien à redire à ce que l’Etat applique ces mesures destinées à développer les entreprises et qu’il favorise les stratégies européennes. Mais, dans le même temps, il faut qu’il fasse confiance aux entrepreneurs et qu’il ne se substitue pas à eux. Qu’il soit pour les entreprises comme un jardinier respectueux des plantes auxquelles il apporte les conditions de la croissance.

 

 

 Poursuivre la lecture avec les premier et deuxième volets.

Vincent Bouthors

Vincent Bouthors

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