Des DSI mal aimés

Gouvernance

Des DSI encore mal-aimés…

Par Laurent Delattre, publié le 20 juin 2023

Après avoir été considérés comme des héros durant les années COVID, les DSI seraient pourtant toujours écartés de bien des décisions business majeures et leur apport sur la valeur business serait dénigré selon une nouvelle étude IDC pour Insight.

Après les efforts consentis pendant la crise COVID et l’accélération de la transformation qui l’a accompagnée, après la prise de conscience de l’impact des risques Cyber par les métiers et désormais avec l’arrivée de l’IA et plus particulièrement de l’IA générative, les DSI espéraient avoir acquis un nouveau statut ou tout au moins une meilleure reconnaissance quant à leur apport sur le fonctionnement et le Business de leurs entreprises.

Mais deux diapositives à la fin du rapport « 2023 Insight Intelligent Technology Report » réalisé par IDC pour Insight, laissent à penser qu’il n’en est rien et que les DSI ont, au final, toujours autant de difficulté à faire reconnaître leur rôle alors que les entreprises sont chaque jour un peu plus technologiques.

« Les chefs d’entreprise, quel que soit leur secteur d’activité, font évoluer leurs stratégies technologiques dans le but de transformer leurs organisations en entreprises numériques. Ces dirigeants nous disent que l’innovation est essentielle pour devenir une entreprise numérique et 75 % déclarent que les activités de leur l’entreprise dépendent fortement de l’innovation » signalent en introduction les rapporteurs.

Toutefois, le rapport souligne que dans le macro-environnement incertain actuel bouleversé par de constantes perturbations de toutes sortes, les organisations ont non seulement du mal à aligner pratique et théorie mais cherche à adopter un nouvel état d’esprit pour survivre : « optimiser pour innover » : « L’incertitude commerciale crée des tensions internes, ce qui rend les chefs d’entreprise plus réticents à prendre des risques pour de nouveaux investissements. Cela se traduit par une stratégie d’entreprise numérique plus structurée et plus intentionnelle » expliquent les rapporteurs.

Et dans ce contexte, les DSI n’en sortent apparemment pas vainqueurs. On pourrait même se demander si la tension économique actuelle ne fait pas replonger les DSI 10 ans en arrière.

Bien évidemment « la transformation numérique n’est pas l’apanage de la seule fonction IT » et nécessite l’investissement de toutes les directions (métiers, finance, RH, marketing…). Selon le rapport IDC-Insight, « nos données montrent que l’implication des dirigeants dans les initiatives de transformation numérique s’accroît au sein de la C-suite et les chefs d’entreprise, ce qui est essentiel pour la réussite du projet ».

Néanmoins l’étude montre que bien des progrès restent à faire pour aligner IT et Métiers. Même si le rapport que dans l’ensemble « les choses » semblent s’améliorer, dans bien des entreprises, les IT n’ont toujours pas leur place à la table des grandes décisions.

Et certains chiffres de l’étude font même un peu froid dans le dos des DSI :

– Seulement 47% des responsables métiers « préfèrent utiliser des ressources IT internes plutôt que faire appel à des ressources externes ».
– Seulement 42% des responsables métiers « sont prêts à collaborer avec la DSI ».
– Seulement 46% des responsables métiers considèrent que « la DSI est très alignée avec ce dont les Métiers ont besoin pour grandir et réussir ».
– Seulement 41% des responsables estiment que « la DSI a sa place autour de la table quand il faut prendre des décisions métiers clés »

Voilà de quoi inquiéter les DSI ou alimenter leurs inquiétudes voire leur ras-le-bol alors que les collaborateurs IT sont « fatigués » comme le signale une récente étude Gartner.


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Il y a cependant bien trois lumières, trois lueurs d’espoir pour les DSI, dans ce tableau inquiétant.

Tout d’abord, l’étude est internationale et le paysage européen semble moins noir, puisque l’Europe présente à la fois le plus grand nombre de responsables d’entreprises estimant que la DSI a sa place dans la prise de décisions métiers et le plus petit nombre de responsables qui ne sont pas d’accord.

Ensuite, il existe de fortes variations d’opinions selon les métiers (étrangement c’est dans l’expérience client et dans la gestion des risques et de la conformité que la DSI est la plus mal perçue).

Enfin, 62% des responsables métiers reconnaissent que les équipes IT collaborent fortement avec leurs équipes pour favoriser l’innovation opérationnelle.

Le paysage n’est donc pas forcément aussi sombre qu’il y paraît et montre même des signes de mieux par rapport aux années avant COVID. Mais il est clair que l’état de grâce présenté par différentes études pendant et juste après les années pandémiques s’est estompé et que bien des DSI dans le monde n’ont pas pu profiter de ce moment pour s’inscrire plus fort dans le paysage décisionnaire de leur entreprise.


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