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Rassurer le conseil d’administration : comment les DSI et RSSI peuvent démontrer la résilience informatique
Par La rédaction, publié le 29 mai 2025
Coupures massives, interruptions en cascade, dépendances invisibles : les pannes modernes frappent fort et vite. Pour rassurer le Board, il faut du concret, pas du déclaratif. Quand tout s’arrête, ce qui compte, c’est ce qui tient. DSI et RSSI doivent prouver que leurs choix technologiques ne reposent ni sur la chance, ni sur la complaisance.
Par Rob Sloan, VP Cybersecurity Advocacy chez Zscaler
Le blackout qui a récemment perturbé l’Espagne, le Portugal et certaines parties du sud de la France a constitué un test grandeur nature pour les infrastructures numériques. Les défaillances du réseau électrique ont paralysé les transports, interrompu les services et révélé l’illusion de systèmes « toujours disponibles » – même dans des régions dotées historiquement d’infrastructures stables.
Pour les responsables IT, ce type d’événement ne constitue pas une anomalie isolée. Qu’ils soient causés par des cyberattaques, des phénomènes météorologiques extrêmes, des chocs dans la chaîne d’approvisionnement, du sabotage ou de l’instabilité géopolitique, les incidents imprévus se produisent avec une fréquence et une gravité accrue. Il est donc logique que les conseils d’administration posent se posent des questions sur la capacité réelle de l’organisation à résister à des perturbations majeures, et les DSI et RSSI doivent être prêts à y répondre avec clarté, assurance et preuves à l’appui. Voici ce que cela signifie concrètement.
Montrez que votre infrastructure est résiliente
Les conseils d’administration sont de plus en plus conscients qu’un système de secours ne garantit pas la continuité des services. Si vos systèmes principaux et de secours sont situés dans la même région géographique, une seule panne régionale pourrait les mettre tous deux hors service.
Il faut alors être en mesure de démontrer que la stratégie d’infrastructure repose sur une véritable diversité géographique – entre villes, entre pays, et entre fournisseurs. Les partenaires cloud et les centres de données doivent être évalués non seulement sur des critères techniques, mais aussi sur leur niveau de préparation opérationnelle : disposent-ils de sources d’alimentation indépendantes et de contrats d’approvisionnement en carburant pour faire fonctionner les générateurs ?
Il est également essentiel de mener une planification de scénarios afin de cartographier les impacts d’une panne d’une heure, d’un jour ou d’une semaine dans différentes régions. Cet exercice permet d’identifier les points de défaillance, les interdépendances et les délais de rétablissement – fournissant ainsi aux administrateurs une image plus claire de l’exposition aux risques.
Prouvez que vos plans de continuité sont conçus pour la réalité, pas seulement pour la conformité
De nombreux plans de continuité d’activité et de reprise après sinistre (BC/DR) paraissent solides sur le papier, mais échouent en situation de crise réelle. Les membres du Board en sont conscients et veulent s’assurer que ces plans ont été testés sous pression.
Assurez-vous de pouvoir démontrer des capacités immédiates de détection d’incident, une coordination efficace des réponses, et la continuité des services essentiels même en cas de panne majeure. Cela exige une surveillance intégrée, des processus de basculement testés, et une visibilité claire au niveau exécutif lorsque quelque chose tourne mal.
Vous devrez également aborder la question du « réalisme de la reprise ». Redémarrer des centaines, voire des milliers de systèmes après une panne soudaine n’est presque jamais instantané, et le retour à la pleine capacité opérationnelle peut être compliqué par la persistance de pannes chez des tiers. Il convient alors de montrer que les équipes ont pratiqué ces processus dans le cadre de simulations, d’exercices sur table ou de tests de résistance en conditions réelles.
Le message à adresser à votre conseil doit être : « Nous avons prévu non seulement les scénarios optimistes – mais aussi ceux qui vous empêchent de dormir. »
Démontrez que la résilience des fournisseurs a été validée et non présumée
La plupart des infrastructures numériques d’entreprise reposent aujourd’hui sur des prestataires de services tiers – notamment des plateformes cloud. Là aussi, Il est logique que les conseils d’administration s’interrogent sur la résilience réelle de ces partenaires.
Rassurer les administrateurs ne se résume pas à fournir des SLA ou des chiffres de disponibilité. Les équipes d’approvisionnement, de gestion des risques et informatiques doivent évaluer la résilience des fournisseurs, de préférence avant la signature du contrat. Cela implique d’évaluer la répartition géographique du prestataire, ses capacités de secours, la propriété de ses infrastructures physiques, ainsi que ses propres dépendances vis-à-vis de tiers.
Travailler avec un fournisseur qui accorde la priorité à la résilience a souvent un coût plus élevé, mais cet investissement supplémentaire est précisément ce qui paie en cas de crise. Les organisations qui s’appuient sur des prestataires moins robustes peuvent subir des interruptions prolongées, des pertes de revenus, des atteintes à la réputation et une perte de clientèle. Pour déterminer si le surcoût est justifié, les responsables technologiques doivent quantifier l’impact commercial potentiel d’une panne, et transformer une décision d’achat difficile en un impératif stratégique clair.
Le mandat des DSI et RSSI
Les conseils d’administration n’acceptent plus les simples assurances basées sur les performances passées ou des politiques théoriques. Ils veulent des preuves que l’organisation est prête à affronter tout ce qui pourrait survenir – qu’il s’agisse d’une catastrophe naturelle, d’une cyberattaque ou d’une défaillance systémique hors de votre contrôle.
En tant que DSI ou RSSI, votre rôle est de garantir que les fondations techniques de l’entreprise peuvent résister aux perturbations – et de démontrer ce niveau de préparation de manière claire, mesurable et crédible auprès du conseil d’administration. Montrer que vous avez privilégié la résilience à la commodité renforcera la confiance des administrateurs.
La résilience ne consiste pas à rebondir. Elle consiste à minimiser le besoin de le faire. Votre management doit avoir la certitude que l’entreprise peut survivre à l’imprévu. Votre mission est de leur prouver que c’est le cas.
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