Tout ce que les DSI doivent retenir de la conférence IBM Think 2024

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IBM Think 2024 : Les 10 annonces à retenir

Par Laurent Delattre, publié le 30 mai 2024

La semaine dernière, IBM tenait sa grande conférence annuelle. Sans surprise, l’IA et l’automatisation ont été au cœur de toutes les discussions, toutes les démonstrations et toutes les annonces. Voici ce que les DSI doivent retenir de cette édition 2024 de l’IBM Think…

Mais quelle drôle de mouche a donc piqué les grands acteurs de la Tech. La semaine dernière, il fallait se cloner en multiples exemplaires pour suivre les grandes conférences annuelles étrangement toutes regroupées (ou presque) les mêmes journées : Nutanix .NEXT 2024, Microsoft Build 2024, Dell World 2024, IBM Think 2024… Sans compter le Red Hat Summit 2024 et le Google I/O 2024 la semaine précédente! On ne sait plus où donner de la tête. Et tout cela fait évidemment beaucoup, mais vraiment beaucoup, d’annonces à digérer et déchiffrer.

Nous poursuivons donc nos tours d’horizon de cette infernale semaine avec IBM et sa conférence IBM Think 2024.

L’éditeur y a beaucoup parlé de partenariats comme pour chercher à montrer que le nouvel IBM n’est plus un géant à part – seul sur sa montagne – mais un acteur dynamique au milieu d’un écosystème vibrant : Partenariat avec NVidia (tout le monde veut être ami avec NVidia en cette ère de l’IA), avec Azure (toute la plateforme watsonx est désormais disponible sur le cloud Microsoft), avec AWS (watsonx.governance s’intègre à SageMaker), avec SAP (autour de Rise et l’intégration de Watson AI dans les solutions SAP), avec Meta (LLama 3 intègre watsonx), avec Mistral AI (Mistral Large intègre la plateforme watsonx), avec Adobe (Red Hat OpenShift et watsonx intègrent l’Adobe Ecperience Platform et IBM Consulting maîtrise Adobe Express), avec Salesforce (les modèles Granite d’IBM intègrent Einstein 1), etc.

Mais au-delà des partenariats, l’éditeur avait aussi plusieurs innovations à annoncer et démontrer, principalement autour de l’IA – bien évidemment – et de l’automatisation.

« La technologie a toujours été utilisée pour la productivité et l’automatisation, comme un moyen d’aider votre entreprise à devenir plus efficace, mais je pense qu’un changement est en train de se produire », a ainsi affirmé Arvind Krishna, CEO d’IBM, lors de son discours d’ouverture d’IBM Think 2024 à Boston. « Le rôle de la technologie n’est plus seulement d’être efficace. Son rôle est désormais d’alimenter l’entreprise pour gagner en chiffre d’affaires, en envergure, pour obtenir encore plus de parts de marché – et c’est un grand changement ».
Pour le patron d’IBM, les responsables d’entreprise doivent désormais se demander : « Comment adopter la technologie pour contribuer à ce changement, et pas seulement pour vous rendre le plus efficace possible ? »

À IBM Think 2024, l’éditeur s’est ainsi efforcé de démontrer que l’IA était en train non seulement de totalement transformer les approches d’automatisation dans les SI et les processus mais également de contribuer activement à enrichir les compétences des entreprises pour développer de nouveaux services et produits.

Voici les principales annonces à retenir de cette IBM Think 2024.

Watsonx prend de l’ampleur et multiplie les assistants

Depuis l’an dernier, toutes conférences informatiques sont nécessairement centrées sur l’IA et l’IA générative. IBM Think 2024 n’a pas fait exception d’autant que depuis un an, IBM pousse et enrichit sa plateforme middleware IA « watsonx » pensée pour aider les entreprises à passer à l’échelle et accélérer l’impact de l’IA dans toutes les organisations.

1. Watsonx Orchestrate

Nouvelle composante de la plateforme « watsonx », Orchestrate aide à intégrer et orchestrer différents systèmes et outils au sein de l’entreprise pour permettre une automatisation fluide des processus grâce à l’IA. La solution permet notamment aux entreprises de créer leurs propres assistants IA/agents IA adaptés à des domaines spécifiques et déclenchants d’éventuelles automatisations.
On peut voir Orchestrate comme une surcouche qui simplifie la mise en musique de l’ensemble des frameworks, modèles, et outils « watsonx » pour identifier les défis opérationnels et mettre en œuvre les IA pour les résoudre.

2. Watsonx Code Assistant for Enterprise Java Applications

Si Orchestrate permet aux entreprises de composer leurs propres agents IA, l’éditeur explore également de son côté le potentiel de l’IA conversationnelle et des assistants intelligents dans des cadres plus généraux comme, typiquement, le développement !
IBM a ainsi annoncé « watsonx Code Assistant for Enterprise Java Applications » pour simplifier et accélérer le développement et le cycle de vie des applications Java grâce à l’automatisation et à l’IA générative. Basée sur les nouveaux modèles open-source d’IBM (Granite) et l’expérience de la marque dans le développement Java, cette nouvelle IA assiste les développeurs dans de nombreuses tâches comme la génération de code, la correction de bugs, l’explication et la documentation de code, la gestion de repositories, etc.

3. Watsonx Assistant for Z

Microsoft met du Copilot partout y compris dans Azure et Windows pour guider et aider les administrateurs. Google en fait de même avec Gemini et son Cloud. IBM suit l’exemple avec des assistants dans Red Hat Enterprise Linux et même… dans les mainframes Z ! Avec « watsonx Assistant for Z », IBM veut rendre les mainframes plus accessibles et moins mystérieux afin de séduire une jeune génération peu intéressée par ces mastodontes d’un autre temps et permettre des transferts de compétence et d’expertise. Grâce à l’IA conversationnelle et à sa compréhension du contexte spécifique du mainframe IBM Z, watsonx Assistant for Z guide pas à pas les administrateurs dans la réalisation de différentes tâches, de la simple requête à la résolution de problèmes complexes. Il agit comme un expert virtuel toujours disponible pour aider et former.

4. RHEL LightSpeed

Autre assistant – qui avait déjà été évoqué la semaine précédente lors du Red Hat Summit 2024 – RHEL LightSpeed est un assistant dopé à l’IA générative d’aide aux administrateurs Linux. Elle permet à la fois de combler le manque d’expertise d’administrateurs novices en les guidant pas à pas mais aussi de transformer en script ou code batch une demande exprimée en langage naturel.

De l’IA… mais en open source

L’éditeur a profité de sa conférence pour réaffirmer son engagement envers une approche open source pour l’IA, soulignant son importance pour l’innovation, la collaboration et la flexibilité dans le domaine technologique. « L’ouverture signifie plus de choix, plus de regards sur le code, plus d’esprits sur les problèmes et plus de mains sur les solutions » a ainsi scandé Arvind Krishna lors de son keynote. Selon lui, l’approche open source IA est le meilleur moyen de combiner innovation, sécurité, sûreté et éthique.

5. Granite Code Models

Et pour appuyer ses belles déclarations, IBM a annoncé la publication en open source sous licence Apache 2.0 de ses modèles fondation de génération de code informatique Granite. Déclinés dans différentes tailles de 3 à 34 milliards de paramètres, ils ont été entraînés sur 116 langages de programmation et se distinguent par leur qualité et leur efficacité mais aussi par leur transparence.
IBM explique que ces modèles figurent dans le TOP 5 du classement FMTI (Stanford’s Foundation Model Transparency Index) qui évalue selon 100 critères le niveau de transparence des modèles fondation. Une transparence qui s’étend à la publication des modèles « Granite Code Instruct ». Il s’agit de la méthodologie d’instruction utilisée pour affiner les modèles, pour les « fine-tuner » en utilisant une combinaison de commits Git associés à des instructions humaines et à des datasets d’instructions de code générés synthétiquement. Ainsi, les entreprises vont pouvoir adapter ces pratiques et instructions pour encore affiner ces modèles à leurs propres besoins et règles de développement.
Notamment disponibles sous watsonx.ai mais également sur la plateforme d’Hugging Face et sur GitHub, les modèles Granite sont destinés à diverses tâches de développement comme la génération de code, la correction d’erreurs, l’explication de code et même la transformation d’applications COBOL monolithiques en services optimisés pour IBM Z. À noter qu’ils seront également incorporés à RHEL AI pour aider à la génération de scripts.

6. InstructLab

Autre nouveauté déjà évoquée lors du Red Hat Summit 2024 mais remise en avant à l’occasion d’IBM Think 2024, InstructLab est un projet open-source lancé conjointement par IBM et Red Hat et qui vise à révolutionner la manière dont les grands modèles de langage (LLM) sont développés et améliorés, en s’appuyant sur les principes de l’open source et de la collaboration communautaire.

Grâce à InstructLab, les entreprises peuvent aisément adapter les modèles d’IA à leurs besoins spécifiques mais aussi construire des modèles spécifiques à leurs besoins et à leurs domaines d’activité, en utilisant leurs propres données. Plateforme ouverte et collaborative, InstructLab permet à tous les développeurs autorisés (internes comme externes) de contribuer et améliorer continuellement les modèles (notamment les modèles fondation) hébergés sur la plateforme.

De l’automatisation grâce à l’IA

L’IA générative possède nombre de qualités permettant d’automatiser des processus jusqu’ici difficilement automatisables parce que trop complexes et reposant trop sur des processus cognitifs ou liés au langage naturel. IBM continue de développer son portefeuille d’automatisation en dévoilant de nouveaux outils à commencer par IBM Concert.

7. IBM Concert

Présenté comme le nouveau « centre névralgique » des opérations informatiques des entreprises et animé par l’IA générative de watsonx, IBM Concert veut aider les équipes IT à identifier, prédire et résoudre les problèmes, les aidant ainsi à réduire les risques d’indisponibilité, de cybersécurité et d’écarts de conformité.

Le nouvel outil s’intègre aux systèmes existants des clients, utilisant l’IA générative pour se connecter avec les données de leur infrastructure cloud, les référentiels source, les pipelines CI/CD et d’autres solutions d’observabilité existantes pour construire une vue à 360 degrés de leurs applications connectées.

IBM Concert va dans sa première version de concentrer sur l’aide aux IT, aux SRE et aux App Owners en éliminant les tâches inutiles, automatisant les tâches chronophages, en proposant des informations, visualisations et conseils pertinents, et en aidant proactivement à une résolution rapide des problèmes liés à la gestion des risques de cybersécurité, à la gestion de la conformité et à la gestion des certificats.

8. IBM Data Product Hub

Les IA ont besoin de données. Les décisionnaires de l’entreprise aussi. Mais ces données sont souvent très réparties, éparpillées dans différentes sources et outils, difficiles à accéder, à interpréter, à exploiter. IBM Data Product Hub est une nouvelle plateforme qui embrasse l’approche « data as products » pour simplifier le partage et la publication de jeux de données préparés, de rapports, de notebooks, de modèles ML. Ce nouveau « Hub de données » vise à éviter les fastidieux et chronophages processus manuels de transformation et de livraison des données en automatisant et en rationalisant – via l’IA watsonx – le cycle de vie des données, de leur découverte à leur consommation en passant par leur transformation, leur documentation, etc.

Grâce à des fonctionnalités avancées de catalogage, de gouvernance et d’intégration, Data Product Hub permet aux entreprises de créer rapidement des « produits de données » fiables, documentés et prêts à l’emploi.

Dit autrement IBM Data Product Hub se veut une plateforme de démocratisation de la donnée au sein des entreprises. La solution peut exposer les « produits de données » sous forme d’API et s’intègre au data lake “watsonx.data” d’IBM et aux solutions tierces.

9. Data Gate for watsonx

Dans la même veine, IBM a également trouvé une solution pour ouvrir un peu plus – et surtout bien plus facilement et universellement-  les données hébergées sur les mainframes notamment afin que le savoir qu’elles contiennent puisse être absorbé par les IA. Avec IBM Data Gate pour watsonx, les organisations peuvent désormais intégrer efficacement les données transactionnelles des mainframes et réduire le temps d’accès et d’analyse de ces données. Selon IBM, « une fois ces données transactionnelles dans watsonx, les entreprises peuvent appliquer autant d’analyses complexes qu’elles le souhaitent et utiliser les informations les plus à jour pour l’apprentissage ou la personnalisation des modèles IA sans affecter le traitement opérationnel du mainframe.

L’informatique quantique veut passer à la pratique

Enfin, IBM n’a pas oublié de parler d’informatique quantique. Arvind Krishna en est convaincu, « l’informatique quantique n’est plus une science expérimentale ». Il prédit que dans 3 à 5 ans cette technologie deviendra une réalité tangible capable de résoudre des problèmes jusqu’ici considérés comme insolubles.

10. 3 mille milliards « d’expériences quantiques »

IBM a profité de cette conférence « Think 2024 » pour rappeler que 70 ordinateurs quantiques IBM ont déjà été déployés à travers le monde (dont une bonne partie sur son propre cloud pour son offre QaaS IBM Quantum). Et selon le constructeur, ces 70 machines auraient déjà réalisé plus de 3 000 milliards d’expériences quantiques, en d’autres termes auraient déjà exécutés trois mille milliards de codes quantiques expérimentaux.

On retiendra au final de cette conférence qu’IBM semble avoir trouvé sa vitesse de croisière dans sa réinvention « pour le cloud hybride et l’IA » née du split de ses activités il y a un peu plus de deux ans. Autour de Red Hat et de watsonx, IBM construit son nouveau paysage d’innovations traçant la voie vers un futur où l’IA et le quantique redéfiniront les limites du possible… et où IBM restera un partenaire pertinent des entreprises…

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