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Gouvernance

Le Scrummastering, nouveau modèle de management de l’entreprise ?

Par La rédaction, publié le 22 mai 2016

Les nouvelles technologiesont profondément révolutionné le modèle de l’entreprise. L’objectif n’est plus tant de construire un empire pérenne qu’une organisation agile, capable d’absorber les évolutions du marché et les changements de business model. Le succès de l’entreprise réside désormais dans sa capacité à se réinventer et à stimuler l’innovation en son sein.

Cela passe nécessairement par une nouvelle organisation et de nouveaux modèles d’interaction entre les collaborateurs. Grâce aux solutions collaboratives, les entreprises évoluent progressivement vers une organisation horizontale, au sein de laquelle chaque collaborateur peut intervenir sur un projet spécifique, avec une autre équipe. L’émergence des réseaux sociaux d’entreprise contribue à stimuler ce mouvement et à fluidifier les projets au sein de l’entreprise comme avec ses partenaires.

Succès commercial outre-Atlantique, le livre Reinventing Organisations, récemment traduit en français, célèbre la fin des structures pyramidales au profit d’une « organisation vivante » où le concept du « prévoir et contrôler » cède la place à celui « du ressenti et de la réponse ». Il s’agit de s’ajuster dès que cela s’avère nécessaire pour atteindre l’objectif défini. Cela peut certes en déstabiliser plus d’un. L’être humain n’est jamais à l’aise avec l’idée du mouvement perpétuel, encore moins au sein de l’entreprise qui, jusqu’à présent, apportait une structure et une ligne directrice définie par la hiérarchie.

Aucune direction de l’entreprise n’échappe aujourd’hui à cette évolution, à commencer par l’IT qui, sous l’effet des méthodes agiles, redéfinit la notion d’équipe projet comme celle de son déploiement. Le cycle en V qui régissait jusque-là le développement d’un projet complexe cède sa place à d’autres modèles plus flexibles, reposant sur le travail collectif et l’ajustement continu. Parmi ces derniers figure le Scrum, défini par Ken Schwaber et Jeff Sutherland comme « un cadre de travail permettant de répondre à des problèmes complexes et changeants, tout en livrant de manière productive et créative des produits de la plus grande valeur possible ».

Reposant sur l’empirisme et l’adaptation, le Scrum analyse les conditions réelles du développement du projet pour les adapter en quasi-temps réel afin d’atteindre l’objectif poursuivi et la satisfaction client. Cette approche redéfinit la notion de l’équipe projet qui agit selon des spécificités et un calendrier définis en amont avec le client.

Elle induit également plus de transparence et de flexibilité entre les parties prenantes tout au long du projet. Enfin, elle nécessite la mise en place de contrôles et d’analyses récurrents, dont les résultats sont discutés lors de points d’étapes réguliers, dans une démarche d’amélioration permanente.

Au cœur de cette approche figure le Scrummaster. À la fois chef d’orchestre, pivot, agent de liaison, il ne saurait en aucune manière exercer une quelconque autorité sur les autres membres de l’équipe. Selon les principes du Scrum, chacun est responsable et autonome dans les missions qu’il conduit au sein du projet et contribue activement à sa valeur globale. La seule responsabilité du Scrummaster : s’assurer que les principes de cette méthode agile sont respectés par l’ensemble des parties prenantes. Membre de l’équipe, il doit la protéger des perturbations extérieures et faciliter la résolution des problèmes non techniques rencontrés par l’équipe. Il permet ainsi à chacun de se concentrer sur son rôle au bénéfice de la valeur globale produite et de la satisfaction client.

Loin d’être un nouveau métier – la notion est apparue au début des années 1990 – le Scrummaster connaît aujourd’hui un regain d’intérêt alors que l’entreprise même subit une profonde transformation. En redéfinissant les rapports humains au sein de l’entreprise, les nouvelles technologies stimulent l’émergence de nouvelles organisations et offrent aux collaborateurs l’autonomie, la liberté d’action et la responsabilisation auxquelles ils aspirent. Le Scrum, un atout pour le management de l’entreprise ? La question est posée, ce qui ferait alors du Scrummaster un pivot de l’entreprise agile qui créerait alors les conditions nécessaires au réveil du génie collectif et à la création de valeur.

Jérémie Caullet, Directeur de la division Services, Microsoft France

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