RH
Le travail en mode hybride s’ancre durablement
Par Xavier Biseul, publié le 23 mai 2024
Collaborateurs comme managers plébiscitent l’alternance de jours télé-travaillés et de jours en présentiel, source à la fois de flexibilité et de productivité. En revanche, ils ne tirent pas encore tout le potentiel des outils de travail collaboratif.
Plus de quatre ans après le premier confinement et la généralisation du télétravail, comment la collaboration à distance a-t-elle infusé dans nos entreprises ? Pour le savoir, le cabinet de conseil Julhiet Sterwen a questionné, lors de son enquête annuelle menée avec l’Ifop, un échantillon représentatif de quelque mille salariés sur les changements intervenus en termes d’organisation, de management ou d’environnement de travail.
Ce baromètre de la « phygital workplace » consacre l’implémentation jugée « réussie » du modèle hybride. 84 % des répondants, soit onze points de plus en un an, constatent son impact positif sur leur vie en termes d’équilibre vie privée / vie professionnelle. Pour 54 % des collaborateurs, il leur permet d’aménager plus facilement leurs journées. Cette flexibilité a toutefois des limites. Seuls 14 % des sondés peuvent choisir les jours télé-travaillés et ceux en présentiel.
Des managers qui s’en servent pour attirer les talents
L’accueil est encore plus favorable côté managers. Seuls 4 % des cadres interrogés estiment que le travail à distance a un impact négatif sur leur propre productivité et plus de la moitié (53 %) fait de l’hybridation un critère déterminant pour attirer les talents. Cette statistique va à l’encontre d’un discours ambiant qui plaiderait pour un retour progressif au bureau.
Il y a toutefois des revers à la médaille. Ainsi, l’hybridation s’accompagne d’une surcharge électronique. 45 % des collaborateurs voient leur nombre de mails augmenter et plus de la moitié (52 %) estime que la fréquence accrue des réunions, permise par la visioconférence, impacte leur productivité. Face à ces dérives, il convient, selon Julhiet Sterwen, de mener une politique de sensibilisation et de formation favorisant un usage plus équilibré du numérique.
L’isolement social guette aussi 41 % des collaborateurs. La réponse est cette fois managériale. « La mise en place de rituels d’équipe permet par exemple de retrouver des repères réguliers. La sacralisation de moments d’échange, le partage rythmé d’informations pertinentes constituent également des pistes à explorer. »
De manière plus générale, le travail hybride chamboule les modes de management. Pour les trois-quarts des managers interrogés, il nécessite de mettre en place de nouvelles façons de superviser leurs équipes, en laissant une large place à l’écoute, l’accompagnement et la confiance.
Apparemment, ils y parviennent. 77 % des salariés indiquent que leurs managers sont à l’aise dans ce nouveau rôle de « manager hybride ».
Des solutions collaboratives qui déçoivent quelque peu
En termes d’environnement de travail, le domicile reste le lieu idéal pour la majorité des répondants que ce soit en termes d’efficacité, de créativité ou de concentration. Pour renforcer son attractivité, le bureau doit jouer sur sa dimension sociale (47 % des répondants) mais aussi – surprise – sur un matériel mieux adapté (39 %). Un critère en hausse de huit points en un an.
La question de l’outillage est d’ailleurs cruciale. Si 82 % des collaborateurs se déclarent équipés de solutions collaboratives et 87 % indiquent avoir été accompagnés lors de la prise en main, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Par exemple, 35 % des répondants ne voient pas de gain de productivité.
Pour Julhiet Sterwen, cette disparité entre la disponibilité des outils et leur efficacité perçue met en lumière un défi majeur : optimiser le potentiel des solutions de travail collaboratif. L’arrivée de l’IA générative renforce encore cette nécessaire adoption. 40 % des répondants affirment déjà disposer d’outils d’IA, mais seuls 18 % y voient une utilité quotidienne.
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