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L’IA propulse la nouvelle génération de start-up
Par Thierry Parisot, publié le 13 juin 2025
Un rapport révèle que les start-up qui privilégient la durabilité et l’efficacité, en s’appuyant notamment sur l’IA, connaissent le développement le plus rapide. Mais la création de « valeur » n’implique plus forcément celle d’emplois.
La réussite des start-up ne se mesure plus à l’aune des levées de fonds massives. Selon l’édition 2025 du rapport Hypergrowth Startup Index de l’éditeur de solutions de CRM HubSpot, qui analyse chaque année les 100 start-up privées à la croissance la plus rapide dans le monde, le succès repose désormais surtout sur des modèles économiques durables, des partenariats stratégiques et des relations clients solides.
Le comportement des investisseurs le confirme, avec des choix plus ciblés : si le nombre de transactions a été divisé par deux depuis 2021, le montant moyen des deals a lui augmenté de près de 43 % entre 2023 et 2024, pour atteindre 50 M$.
L’analyse détaillée de leurs choix met en évidence plusieurs tendances redéfinissant le paysage des jeunes sociétés innovantes. Sans surprise, il apparaît que les investisseurs s’intéressent de plus en plus aux start-up développant des solutions d’IA et à celles qui l’utilisent dans leurs produits ou leurs services. Ainsi, 34 % des entreprises analysées sont concernées par cette technologie, la proportion atteignant même 55 % sur le périmètre du secteur IT (logiciels, services, matériels).
Parmi les autres technologies numériques qui captent aujourd’hui l’attention des investisseurs, François Plattard, responsable du programme d’accompagnement HubSpot for Startups en France, en retient cinq : la technologie quantique, avec des applications en modélisation financière et en recherche médicale ; les solutions pour les énergies vertes ; la cryptographie post-quantique; l’edge computing ; la healthtech et la fintech.
L’analyse montre par ailleurs la puissance des partenariats stratégiques et des rapprochements : les co-entreprises bénéficient de transactions dont le montant moyen est quatre fois supérieur aux acquisitions traditionnelles.

Au-delà des leviers de valorisation, l’édition 2025 de l’étude met en exergue trois évolutions majeures. D’abord, la multiplication des champions employant des équipes réduites. « Le moment où l’on verra des licornes [start-up valorisées à plus de 1Md$, NDLR] à un employé n’est plus très loin », prédit même Mark Roberge, directeur général et cofondateur de la société de capital-risque Stage 2 Capital. « Cette prédiction illustre la transformation radicale des modèles d’entreprises, avec des technologies de rupture comme l’IA, analyse François Plattard. À l’image de Mistral AI, des start-up connaissent déjà une réussite majeure avec des équipes minuscules, en quelques mois seulement. »
Ensuite, les stratégies de sortie : les fusions-acquisitions représentent désormais 43 % des options de désengagement, tandis que les introductions en bourse (IPO) chutent à 6 %.
Enfin, l’Hypergrowth Startup Index 2025 révèle une importante évolution de la géographie de ces champions, avec davantage de diversité. Au palmarès des villes abritant la plus forte proportion de start-up à forte croissance, Singapour (6 %) détrône Sans Francisco (5 %), tandis que les hubs chinois et indiens émergent : Shanghai et Pékin cumulent 7 % des jeunes pousses à fort potentiel, et Bengaluru (ex Bangalore) et Mumbai 5 %.
Alors que le centre de gravité se déplace assurément vers l’Asie, en Europe, Londres (4 %), Oslo (2 %) et Paris (2 %) parviennent à rivaliser. Mais l’écosystème français présente toutefois en 2025 un paradoxe, note François Plattard : « Remarquablement dynamique avec environ 30 licornes contre 3 en 2017, il peine encore à faire émerger des champions véritablement globaux ».
L’absence de start-up françaises dans le Top 100 des licornes, en particulier dans le secteur IT, s’explique selon lui par trois facteurs structurels : un déficit de financement en phase avancée, une approche privilégiant une croissance maîtrisée plutôt qu’hyperbolique, et la taille limitée du marché domestique. « Il est crucial que les start-up françaises exploitent le vivier de talents exceptionnels en IA que possède la France. L’établissement de partenariats stratégiques solides est également essentiel », conclut François Plattard.
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