Gouvernance
Lionel Sargès, consultant : le DSI des stades
Par La rédaction, publié le 11 janvier 2016
Propulsé DSI alors qu’il se destinait au marketing, Lionel Sargès a des idées bien arrêtées sur sa fonction, la digitalisation et les utilisateurs. Parcours original d’un homme investi qui ne fait pas dans la demi-mesure…
Diplômé de Sup de Co, Lionel Sargès n’avait pas imaginé son avenir dans l’informatique. « Ce que j’aime, c’est créer de la valeur et le contact avec les gens », explique l’ancien DSI du Consortium Stade de France. Tout a commencé par un job d’été. Pour financer ses études, Lionel Sargès joue les guides au Stade de France. Il aime le sport et s’intéresse vaguement aux technologies. Alors, quand à la fin de ses études en 1999, le Consortium du Stade de France lui propose de rejoindre son équipe billetterie, il dit oui. Objectif : internaliser une fonction jusqu’alors sous-traitée en mettant en place un système complet pour gérer les principaux événements du stade : concerts (Rolling Stones, U2, AC/DC, Bruce Springsteen, etc.), spectacles (les Chevaux du Stade, Bigard…) et bien entendu les matchs de football, rugby… Gestion commerciale, marketing, management, informatique… Lionel Sargès va tout orchestrer de main de maître et le succès est tel que le Consortium le missionne en 2005 pour gérer la billetterie des 12 stades de la Coupe du Monde de Rugby France 2007, dont le Millenium de Cardif et le Murrayfield d’Edimbourg. « Deux années de travail intensif, se rappelle Lionel Sargès, avec des enjeux colossaux : 42 matchs, plus de 230 millions d’euros de recettes, des équipes sur tous les stades… J’aime la billetterie, c’est très varié car il faut régir une multitude de choses : créer l’offre tarifaire, attirer les spectateurs, gérer des ressources humaines, etc. Mais après une expérience pareille, j’avais envie de plus ».
À son retour au Stade de France en 2007, Lionel Sargès prend la direction de la maîtrise d’ouvrage sur différents projets liés notamment au contrôle d’accès au stade, à la vidéosurveillance et à la gestion commerciale (billetterie front et back-offce, visites, boutique, CRM, Business Intelligence), mais c’est avec la mise en place d’un groupe de travail pluridisciplinaire « stade 2.0 connecté » qu’il prend réellement son en-ol. Les idées foisonnent, les projets naissent et c’est au diplômé en marketing qu’est confiée la direction d’une toute nouvelle DSI. Chargé de remettre à plat le datacenter avec virtualisation de tous les serveurs, de déployer la téléphonie sur IP et la connectivité pour les mobiles dans le stade ou encore de développer des applications innovantes telles que la mise en réseau des spectateurs dans les loges, le DSI du Consortium est sur tous les fronts : réflexion sur la transformation digitale des parcours client, coordination du projet global, études sur le ROI, pilotage des études client et de flux…
« Nous avons créé quelque chose de totalement nouveau en mettant l’accent sur ce que doit être l’accueil dans un stade à l’ère de la digitalisation, explique Lionel Sargès. Chacun a apporté son expertise et c’est dans la concertation que les projets ont fleuri. Un DSI ne peut plus se permettre de n’être qu’informaticien, il est avant tout là pour faire de la maîtrise d’ouvrage des projets SI. De la même façon, il n’est pas là pour faire plaisir aux m-tiers, mais pour apporter une connaissance spécifique qui enrichit celle des utilisateurs. S’il se contente de faire ce que le métier attend, il limite les choses et donc forcément le potentiel de son entreprise ». Fort de cette conviction, il préfère chercher un nouveau challenge quand la nouvelle direction du Consortium du Stade de France tente de le cantonner à un rôle plus traditionnel de DSI en 2015. « N’étant pas informaticien, je m’intéresse davantage à la partie projet qu’à la gestion de serveurs. Et de toute façon, je reste persuadé que le véritable challenge du DSI d’aujourd’hui, c’est moins de faire fonctionner un SI que de se pencher sur la façon d’apporter du service au client en enrichissant la réflexion des métiers et en leur ouvrant de nouvelles perspectives avec les moyens technologiques modernes pour créer de la valeur pour l’entreprise ».
Marie Varandat
