Etude BMC 2025 : Un mainframe toujours bien vivant à l'ère de l'IA

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Mainframe : 97 % des organisations y croient encore… même à l’ère de l’IA

Par Laurent Delattre, publié le 24 septembre 2025

Le mainframe, souvent perçu comme une relique informatique, confirme sa place centrale grâce à la modernisation des applications, l’intégration DevOps et l’essor de l’IA générative. Porté par la Gen Z et dopé à l’IAOps, le mainframe signe son retour… sans jamais être parti.

La statistique claque comme un démenti aux idées reçues : 97 % des répondants considèrent le mainframe comme une plateforme de long terme ou apte à accueillir de nouveaux workloads. C’est en tout cas ce que révèle la dernière étude de BMC. Quand on parle de 97% des organisations, on parle bien ici de 97% des organisations qui ont déjà un mainframe ! L’étude est forcément un peu biaisée d’autant que le mainframe est au cœur du business de BMC. Néanmoins, l’étude demeure instructive tout en confirmant ce que les chiffres de vente d’IBM nous disent depuis des décennies : les organisations sont attachées à leur mainframe.

Reste que dans un paysage IT happé par le cloud et l’IA générative, ce score étonne encore et toujours. Pourtant, il ne relève pas de la nostalgie : selon BMC, il traduit au contraire une trajectoire de modernisation accélérée, avec des équipes plus jeunes, des pratiques DevOps confirmées et des cas d’usage IA qui basculent du proof of concept à la production. « Le mainframe n’a pas seulement tenu, il s’est transformé » constatent les auteurs du rapport.

Vingt ans après la première édition de son enquête, BMC dresse ainsi le portrait d’un socle aussi stratégique qu’évolutif. Au point de briser certains tabous. Car le plus surprenant dans cette enquête, c’est que la démographie a basculé : Millennials et Gen Z représentent désormais 66 % de la communauté mainframe, contre 37 % en 2018 ! Ce rajeunissement n’est pas anecdotique : il transforme la culture et les priorités des équipes d’administration et de développement dédiées à ces machines.

Malgré son étiquette de Dinosaure, le mainframe ne serait donc pas en voie de disparition. Preuve en est, selon l’étude, que les DSI voient affluer de nouvelles charges : 72 % constatent une hausse de capacité générale sur leurs systèmes, dont 35 % l’attribuent à de nouvelles applications (ou à un mix nouvelles et existantes).

Mais qu’est-ce qui explique ce souffle nouveau et quels sont les leviers qui influent ce retour en grâce des mainframes IBM Z puisque c’est uniquement d’eux dont on parle ici, les autres ayant disparu.

Modernisation : du code aux chaînes d’outils

Le mouvement est d’abord à chercher côté applicatif et tient en 4 lettres : JAVA. Et oui, le vieux sage parle aujourd’hui le langage des natifs du numérique. Selon l’étude, l’« application modernization » grimpe à 42 % parmi les priorités déclarées (et à 49 % dans les très grands environnements). Et dans cette mouvance de modernisation application, Java s’impose : 60 % le citent parmi leurs langages les plus utilisés sur mainframe et 49 % déclarent en avoir intensifié l’usage ces deux dernières années (une pensée pour ceux qui versent une larme sur le bon temps du Cobol).

Et la chaîne d’ingénierie suit : l’intégration des principes DevOps aux mainframes n’est plus une expérimentation mais un standard qui accélère encore. Son adoption progresse de 63 % à 67 % en un an. L’efficacité de cette approche est confirmée par le fait que 26 % des utilisateurs constatent un retour sur investissement tangible en moins de six mois. Voilà qui témoigne d’une industrialisation des méthodes de développement modernes au sein des équipes mainframe : pipeline CI/CD unifié, tests « shift‑left », diffusion des API et automatisation des déploiements.

Du côté des opérations, l’AIOps connaît également une forte progression, avec un taux d’adoption de 72 %, soit une augmentation de 11 points depuis 2023. Les bénéfices perçus sont concrets, notamment une meilleure disponibilité des services et une détection plus rapide des problèmes et de leurs causes profondes, avec un délai de rentabilisation qui s’améliore par rapport à 2024. Cette base technologique favorise des opérations plus proactives, permettant une meilleure corrélation des événements, la réduction du bruit des alertes et l’exécution de procédures d’auto-remédiation.

Au final, la modernisation des développements mainframes ne se limite donc pas au code : elle aligne outillage, méthodes et opérations autour d’un objectif commun à savoir raccourcir les boucles de feedback et fiabiliser les mises en production, pour accueillir la croissance des workloads et préparer l’intégration des capacités GenAI.

Sécurité : cap maintenu, posture renforcée

Pour la sixième année consécutive, la conformité/sécurité et optimisation des coûts dominent l’agenda des DSI et équipes mainframes. Le paysage des priorités secondaires se réorganise néanmoins.

L’AIOps et l’analytique opérationnelle conservent solidement leur place dans le trio de tête pendant que l’automatisation et la modernisation applicative gagnent sensiblement du terrain.

Parallèlement, la posture de sécurité se renforce, notamment face aux rançongiciels : la confiance dans l’efficacité des contrôles a augmenté et les capacités de détection se sont améliorées. La préparation à la restauration des systèmes est également plus robuste, que ce soit via des systèmes de reprise après sinistre existants ou des solutions dédiées à la récupération après une attaque par rançongiciel.

Cette montée en maturité s’accompagne d’un réalisme salutaire : les entreprises déclarent davantage d’incidents repérés en dehors des contrôles internes ou signalés par des tiers, ce qui pousse à durcir les pratiques. L’adoption de technologies de sécurité spécifiques s’est intensifiée, notamment autour de la surveillance des utilisateurs à privilèges, des outils d’identification de données personnelles (PII) ou encore du recours à des services externes pour les tests d’intrusion.

Surtout, l’heure est là encore à l’industrialisation : l’acheminement des événements de sécurité mainframe vers le SIEM d’entreprise devient la norme et, plus largement, l’intégration des outils de sécurité s’impose comme priorité numéro un, devant la seule prévention des intrusions.

IA générative : de l’assistant à l’opérateur

La montée d’AIOps va de pair avec un appétit marqué pour l’IA. L’intelligence artificielle, et plus spécifiquement l’IA générative (GenAI), s’impose comme le nouveau moteur de l’innovation sur le mainframe. Le rapport révèle une adoption déjà massive, soulignant qu’ « une majorité de répondants (65 %) utilisent déjà la GenAI sur le mainframe et 74 % des organisations rapportent qu’elle est extrêmement ou très importante pour leur stratégie mainframe dans les 12-24 prochains mois. »
Il est vrai que, de son côté, IBM déploie beaucoup d’efforts pour que les cas d’usage de l’IA s’appliquent aux mainframes, notamment en matière de détection des fraudes, d’analyse de transactions, de détection d’incidents et même de reporting de conformité.

Surtout, la confiance progresse : l’IA n’alerte plus seulement, elle recommande et, de plus en plus, exécute. Dans le communiqué, BMC souligne que 53 % des équipes implémentent la GenAI pour maîtriser la complexité d’AIOps, tandis que 24 % préfèrent encore une IA cantonnée à l’alerte et 67 % se disent ouverts à des recommandations ou à l’exécution automatisée des actions.

À l’heure où l’IA redessine les chaînes de valeur, le mainframe apparaît moins comme une exception et davantage comme une plateforme d’exécution durable et modernisable, « un centre de gravité du numérique critique » comme le nomment les rapporteurs. « Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est une redéfinition de son rôle pour s’adapter aux pratiques modernes d’optimisation… le mainframe n’est plus seulement une question de stabilité, il s’agit d’alimenter l’innovation et de générer un avantage concurrentiel » souligne ainsi Steven Dickens, CEO et principal analyst d’HyperFRAME Research.

Dit autrement, l’étude BMC dépeint un écosystème mainframe plus vivant et stratégique que jamais. « Le mainframe n’est pas seulement durable, il alimente une nouvelle vague d’applications. Une nouvelle génération de professionnels adopte la plateforme, stimule l’innovation et exploite des technologies d’IA telles que BMC AMI Assistant ainsi que le cloud hybride pour libérer son plein potentiel » conclut John McKenny, SVP & GM, Intelligent Z Optimization and Transformation chez  BMC.

Propulsé par une nouvelle génération et transformé par l’IA, le mainframe consolide sa position de pilier de l’informatique critique, prêt à relever les défis de la prochaine décennie avec une confiance renouvelée. Dinosaure hier, catalyseur d’innovation aujourd’hui : le mainframe a non seulement survécu jusqu’à l’ère de l’IA, il l’embrasse même désormais… Étonnant non ?



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