

@Work
Microsoft échappe aux sanctions et ouvre davantage Teams à l’interopérabilité
Par Laurent Delattre, publié le 15 septembre 2025
En réponse aux exigences européennes et pour échapper aux sanctions, Microsoft renforce la portabilité et l’ouverture de Teams, promettant API standardisées et outils de migration. Pas sûr pour autant que l’ère des silos des outils de collaboration touche à sa fin…
L’Union européenne a rendu vendredi dernier son avis très attendu sur les pratiques de Microsoft autour de Teams. L’exécutif bruxellois suspectait depuis 2020 l’éditeur américain d’avoir abusé de sa position dominante en liant trop étroitement Teams à sa suite Microsoft 365. Face à la menace d’une amende antitrust de plusieurs milliards d’euros, Microsoft avait pris les devants dès la fin 2023 en commercialisant Teams séparément de ses offres de productivité Microsoft 365 d’abord en Europe puis finalement partout dans le monde dès 2024.
Microsoft échappe à la sanction
La Commission Européenne vient donc de confirmer que cette séparation, désormais effective, permet à l’éditeur d’éviter une sanction financière lourde. Mais l’institution européenne ne s’est pas limitée au seul sujet du dégroupage tarifaire. Elle a insisté sur la nécessité de garantir l’interopérabilité entre solutions de communication collaborative, afin de préserver le choix des entreprises et la concurrence dans un marché dominé par quelques acteurs majeurs.
À LIRE AUSSI :

Et promet de vrais efforts d’interopérabilité
Microsoft a donc dévoilé dans le même temps de nouvelles mesures destinées à ouvrir davantage Teams. L’éditeur s’engage à fournir des API et des protocoles standardisés permettant aux concurrents – qu’il s’agisse de Zoom, Cisco Webex, Slack, Google Meet ou d’autres acteurs émergents – d’intégrer plus facilement leurs services avec Teams. L’objectif affiché est de simplifier la gestion des réunions hybrides et des échanges inter-plateformes, un enjeu particulièrement sensible pour les DSI qui jonglent déjà avec des environnements multiples, surtout à un moment où nombre d’entre eux en Europe cherchent des moyens de réduire leurs dépendances aux technologies américaines.
Dans un billet de blog, Microsoft souligne que ces engagements « visent à donner aux clients européens plus de flexibilité dans leurs choix d’outils collaboratifs et à favoriser une concurrence saine ». Concrètement, cela devrait se traduire par des passerelles renforcées pour le partage de calendrier, l’échange de messages, la gestion de présence et la fédération des appels vidéo entre différentes solutions.
Des API, des outils et un Hub
Techniquement, Microsoft s’engage à maintenir le modèles d’add-ins de Teams qui permet aux fournisseurs tiers de facilement intégrer leurs solutions à Microsoft 365 et Teams. On ne voit pas comment l’éditeur ferait autrement puisque l’idée même de Teams est justement de servir de Hub à toutes les activités numériques. Parallèlement, Microsoft veut simplifier et ouvrir un peu plus l’accès à son Microsoft Document Collaboration Partner Program (MDCPP) afin de permettre à davantage d’éditeurs d’intégrer les Office Web Applications directement dans leurs plateformes et solutions.
Surtout, Microsoft a dévoilé de nouvelles API permettant à des tiers authentifiés d’accéder aux données clients (Exchange, SharePoint, OneDrive, Entra ID) ainsi qu’une collection de nouveaux outils gratuits (APIs for Teams Data Migration, Teams Data Export Tool…) pour exporter les données Teams, y compris pour les PME et utilisateurs individuels. Des outils qui, sur le papier, vont permettre d’éviter le LockIn et simplifier la migration de Teams vers une autre solution.
Enfin, Microsoft a annoncé le lancement imminent d’un site centralisé pour les développeurs afin de regrouper les ressources d’interopérabilité et de portabilité des données. L’URL de ce site n’a pas encore été divulguée.
Pour les DSI en quête de transparence et de mobilité applicative, la portée de ces annonces est significative. Elles évitent le verrouillage et vont permettre d’imaginer de nouveaux scénarios d’intégration (entre Microsoft et ses concurrents) mais aussi de migration progressive vers des solutions plus souveraines ou open-source. Reste désormais à voir comment ces engagements seront mis en œuvre techniquement, jusqu’à quel point les solutions seront simples et accessibles, et jusqu’à quel point ces engagements seront préservés et contrôlés dans la durée, Bruxelles ayant déjà prévenu qu’elle resterait vigilante.
À LIRE AUSSI :

À LIRE AUSSI :
