Nutanix NEXT 2025 : Cloud Native AOS, External Storage, Pure Storage, NAI enterprise AI

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Nutanix .NEXT 2025 : Ce qu’il faut en retenir…

Par Laurent Delattre, publié le 12 mai 2025

Exit le tout-HCI, Nutanix change de dimension : AOS devient natif Kubernetes, les workloads s’affranchissent de l’hyperviseur, et le multicloud devient terrain de jeu. A l’occasion de sa conférence « Nutanix .NEXT 2025 », l’éditeur a réinventé ses fondations, signé des partenaires inattendus, proposé une plateforme IA pour l’ère agentique, cassé les silos entre edge, datacenter et cloud. Voici ce qu’il faut retenir de cet évènement clé pour Nutanix, ses clients… et les clients VMware !

L’an dernier, à l’occasion de sa conférence Nutanix .NEXT 2024 à Barcelone, Nutanix avait levé le voile sur son ambition « Build Once, Run Anywhere » et sa vision d’un monde où les workloads et leurs données se déplaçaient à volonté sur site, dans les clouds, sur le Edge. L’éditeur avait ainsi commencé à dévoiler les briques de son futur : containerisation d’AOS (projet Beacon), partenariat pré‑version avec Dell PowerFlex, élargissement d’AHV aux serveurs Cisco UCS et lancement d’une offre IA souveraine GPT‑in‑a‑Box.

Un an plus tard, l’éditeur est revenu sur les terres américaines, à Washington, pour démontrer que cette vision se matérialise. « Nous faisons tout pour vous simplifier la migration de vos applications vers la plateforme Nutanix, la rendre pérenne et prête pour un environnement multicloud », a martelé son CEO Rajiv Ramaswami lors de la keynote d’ouverture du Nutanix .NEXT 2025.

Voici ce que les DSI doivent retenir de cet évènement 2025…

Nutanix : un OS pour le Cloud ?

Chez Nutanix, l’hyperviseur n’est plus le cœur de la valeur : il devient une commodité que l’on peut remplacer… voire même carrément supprimer !
Désormais, la couche stratégique est le socle de services de données distribuées (snapshots, réplication, résilience, micro‑segmentation), autrement dit « AOS » (Acropole OS, le cœur de l’hyperconvergence de Nutanix), désormais totalement réécrit et réinventé pour Kubernetes.
Officiellement dénommé « Cloud Native AOS » (anciennement connu sous le nom de Project Beacon), ce nouveau cœur de plateforme est capable de s’exécuter sur n’importe quel runtime Kubernetes, avec ou sans hyperviseur.
En d’autres termes, « Nutanix Cloud Native AOS » peut être perçu comme un véritable système d’exploitation du cloud hybride, pensé pour orchestrer données et applications partout, sur n’importe quel cluster Kubernetes, qu’il soit dans le datacenter, sur les clouds privés, publics ou managés, etc.

« Les applications ont besoin de stockage. Elles ont désormais besoin d’un stockage centré sur l’application. Elles ont besoin de résilience. Elles ont besoin de protection des données, c’est pourquoi nous nous sommes lancés dans une démarche pour rendre AOS totalement compatible avec le cloud natif » explique ainsi Rajiv Ramaswami, le CEO de Nutanix. « Ce que nous faisons, avec notre équipe d’ingénierie, c’est une refactorisation complète d’AOS pour qu’il puisse fonctionner nativement sur n’importe quelle infrastructure Kubernetes sous-jacente. Cela apporte les avantages d’AOS, que vous connaissez tous depuis de nombreuses années, aux environnements de conteneurs natifs pour les applications conteneurisées natives. »

Plus concrètement, lorsque Cloud Native AOS sera disponible partout, vous gèrerez vos applications Kubernetes persistantes (statefull) – telles que les bases de données, files de messages, modèles IA – de la même façon que ces dernières tournent sur un cluster on‑prem, dans un cloud public ou sur une infrastructure edge.
Dans cet univers, le tableau de bord et les appels API de Nutanix Prism resteront le point de pilotage central pour provisionner du stockage, surveiller la performance, déclencher des snapshots, gérer un plan de reprise, quels que soient l’emplacement ou la taille du cluster.
Parallèlement, les services NDK (Nutanix Data Services for Kubernetes) comme les snapshots, réplications, chiffrements KMS, QoS et protections contre les ransomwares, seront exposés sous forme de classes Storage Kubernetes, uniformes d’un environnement à l’autre.
Quant à la facturation de tout cet enchevêtrement, elle restera plutôt simple grâce à un mécanisme de licences « portables » : la même souscription AOS pourra être déplacée en quelques clics d’un datacenter privé vers AWS, Azure ou Google Cloud ou vers un site edge, sans racheter de licence ni modifier le contrat.

Dit autrement, la plateforme « Cloud Native AOS » cherche à totalement abstraire l’infrastructure de stockage : les équipes Dev & Ops manipulent les mêmes outils et les mêmes API unifiées, tandis que les workloads stateful acquièrent portabilité et résilience sur l’ensemble du continuum datacenter‑cloud‑edge.

AOS devient “cloud natif” sur AWS EKS

Et c’est, sans surprise, sur AWS que Cloud Native AOS va se concrétiser en premier dans le Cloud public. Nutanix fait tourner sa nouvelle pile « stockage‑données » containerisée, directement dans Amazon EKS (et se comporte comme une couche de services de stockage au-dessus d’EKS). Les applications bénéficient des mêmes garanties (snapshots applicatifs, réplication et reprise après sinistre multi‑AZ, multi‑régions et même multi‑cloud) que sur une infrastructure HCI « Nutanix » classique, tout en restant portables entre sites et clouds.

Cette refonte, déjà en early access, généralise ainsi les services d’AOS aux workloads Kubernetes dans le cloud AWS sans exiger d’hyperviseur. L’offre doit passer en disponibilité générale à l’été 2025, avant d’être étendue aux déploiements bare‑metal on‑prem et aux autres hyperscalers.

Le support du stockage externe se concrétise

Autre révolution majeure pour Nutanix et l’approche hyperconvergée, l’ouverture d’AOS aux systèmes de stockage externes bouleverse l’ADN même de Nutanix et son approche fondatrice. Historiquement, l’hyperconvergence Nutanix reposait sur un dogme : chaque nœud embarque son propre stockage, agrégé par le vSAN AOS. Simple à opérer, ce modèle obligeait toutefois les clients à augmenter capacité et puissance de calcul en même temps, et à abandonner leurs baies SAN existantes. Ces dernières années, Nutanix avait déjà assoupli son modèle en permettant d’ajouter des nœuds de calcul uniquement aux clusters existants.

Annoncé l’an passé, le branchement de baies externes est désormais réalité pour les possesseurs de baies Dell PowerFlex. Nutanix Cloud Platform dissocie définitivement calcul et capacité : un cluster Nutanix peut désormais se limiter à 32 nœuds de compute et s’appuyer sur un PowerFlex qui s’étend jusqu’à 128 nœuds, sans pénaliser la densité ou les performances.

Pour les DSI, cette évolution est fondamentale à deux niveaux :
– D’abord, elle permet aux clients qui possèdent déjà des milliers de Téraoctets sur des baies Dell PowerFlex de les conserver tout en rejoignant l’écosystème Nutanix. À l’heure où les entreprises s’interrogent sur l’avenir de leurs clusters VMware (vSphere/vSAN), cela simplifie la sortie et la conservation du matériel existant.
– Ensuite, elle permet d’absorber des volumétries massives – bases analytiques, archives, backups – sans multiplier les licences CPU Nutanix !

Tout comme « Cloud Native AOS », ce support natif des stockages externes dans Nutanix Cloud Platform conforte la métamorphose de Nutanix. L’éditeur n’est plus seulement le champion du « HCI tout‑en‑un », mais s’affirme désormais aussi en fournisseur de services de données universels capables de s’adosser à n’importe quel média – disques locaux, arrays externes, cloud natif.
Cette métamorphose concrétise une hyperconvergence « désagrégée » où l’infrastructure s’efface pour laisser place à un OS de données unifié, quels que soient le support matériel, le cloud ou le format de workload.

Le support du stockage externe dans Nutanix Cloud Platform est désormais en disponibilité générale pour les baies Dell PowerFlex. Les administrateurs gèrent compute et stockage séparément mais conservent la même interface d’administration Prism, la micro‑segmentation Flow et les services de stockage comme les snapshots et restaurations VM.

Pure Storage et Cisco rejoignent l’écosystème Nuta !

Et cette métamorphose de cette philosophie HCI « tout-en-un » vers un « HCI désagrégé » ne se limite désormais plus à DELL !

Révolution de palais, Nutanix et Pure Storage s’associent et lancent une intégration en early access : AOS + FlashArray, reliés en NVMe/TCP, pour décorréler capacité et calcul tout en profitant de la déduplication et de la haute densité FlashArray.

« Si vous m’aviez demandé il y a quelques années si Pure et Nutanix allaient collaborer, je n’aurais même pas pu l’imaginer », a déclaré Rajiv Ramaswami, lors de son discours d’ouverture, illustrant les transformations engagées. « Mais nous voici aujourd’hui… Nous allons prendre en charge Pure Storage. Nous intégrons Nutanix Cloud Platform aux baies FlashArray de Pure Storage. La solution sera disponible en accès anticipé très prochainement, cet été, et nous prévoyons qu’elle soit généralement disponible plus tard dans l’année civile. »

Dans la foulée, Nutanix annonce même un partenariat étendu avec Cisco et Pure Storage.  « Nous nous sommes associés avec Cisco et Pure pour commercialiser une solution entièrement validée qui combine les serveurs UCS de Cisco, les commutateurs Cisco, la plateforme cloud Nutanix et les baies FlashArray de Pure » a ainsi annoncé le CEO de Nutanix. Il ajoute : « Cette solution s’appelle FlashStack with Nutanix. Elle sera disponible plus tard cette année, en même temps que nous livrerons notre intégration Pure. C’est un moyen simple et clé en main pour vous tous d’obtenir une solution issue de la collaboration de trois fournisseurs que vous pouvez déployer prête à l’emploi pour une solution complète. »

Nutanix à l’ère de l’IA agentique

Toutes ces métamorphoses sont en partie, mais pas uniquement, motivées par les besoins de l’IA d’aujourd’hui et de demain. L’an dernier, Nutanix avait initié son initiative « NAI » (Nutanix Enterprise AI) dont l’offre « GPT-IN-A-BOX 2.0 » en était une concrétisation « clé en main ». Elle vise à faciliter l’adoption de l’intelligence artificielle générative et des applications dites agentiques dans les entreprises. 

En 2025, l’initiative Nutanix Enterprise AI passe la seconde : intégration de Nvidia Enterprise AI avec intégration des micro‑services Nvidia NIM et du framework Nvidia NeMo mais aussi support des Nvidia Blueprints (qui sont des workflows IA prédéfinis, préassemblés et personnalisables), entrepôt central de modèles LLM certifiés (Llama 2/3, NeMo, Guardrail, Reranking, Embedding) et workflow agentique complet « plan‑use‑critique ». Objectif : déployer des charges d’inférence privées, sécurisées et optimisées GPU de l’edge au datacenter, sans complexité supplémentaire. Cette plateforme NAI fonctionne sur tout environnement Kubernetes certifié CNCF.

Avec NAI, Nutanix propose notamment un « shared model service » : un même point de terminaison LLM peut servir plusieurs applications, limitant la consommation de GPU, de CPU et de stockage et évitant aux équipes d’empiler les clusters Kubernetes à chaque nouveau projet IA.

Par ailleurs, cette nouvelle version de NAI cherche à simplifier la sécurité de l’IA et à aider les entreprises « à mettre en œuvre des applications agentiques de manière cohérente avec les propres politiques de leur organisation et en utilisant des modèles garde-fous comme NeMo Guardrails. Ces modèles peuvent filtrer les requêtes initiales des utilisateurs et les réponses des LLM pour empêcher les résultats biaisés ou préjudiciables, et peuvent également maintenir un contrôle des sujets et une détection des tentatives de contournement des restrictions. ».

Nutanix NC2 arrive enfin sur Google Cloud

Nutanix n’a toutefois pas uniquement porté son regard sur les besoins futurs à plus ou moins long terme des entreprises. L’éditeur n’a pas oublié les besoins urgents et immédiats. Avec une annonce attendue de longue date, mais sans cesse repoussée…

Avec l’ouverture de Nutanix Cloud Clusters (NC2) sur Google Cloud – bien après AWS et Azure –, Nutanix complète enfin son triplé hyperscaler. La pré‑version estivale doit déboucher sur une disponibilité générale d’ici la fin de l’année, offrant le même modèle opérationnel et la portabilité totale des licences entre clouds, notamment pour la reprise après sinistre, la migration « lift‑and‑shift » ou l’élasticité en pics de charge.

Toutes ces annonces, toute cette stratégie d’ouverture (stockage externe, multicloud natif sans hyperviseur), toute cette vision d’un HCI désagrégé-containerisé-cloud hybride, visent aussi – et peut-être même surtout – les clients échaudés par la nouvelle politique tarifaire de VMware/Broadcom.

Nutanix se positionne comme une voie de sortie, combinant virtualisation, réseau, DR et services Kubernetes dans un même socle logiciel universel, « pour libérer les entreprises du verrou VMware » comme l’explique Rajiv Ramaswami.

En un mot, ce “.NEXT 2025” marque le basculement de Nutanix d’un spécialiste HCI (étiquette qui lui colle toujours à la peau même si sa Cloud Platform existe depuis plusieurs années) vers un fournisseur de plateforme de données et d’applications véritablement ubiquitaire – hyperviseur ou non, cloud ou on‑prem, VM ou conteneur, IA incluse.

Ce qui est amusant, c’est que cette métamorphose tend aussi désormais à simplifier le discours de l’éditeur : « Nous sommes déterminés à poursuivre cette aventure [NDLR : pour rendre l’infrastructure invisible] afin de vous aider à bâtir un environnement cloud hybride parfaitement fluide… afin de vous permettre de déployer chaque workload où vous le décidez, sans rien sacrifier en matière de résilience ni de simplicité » a ainsi conclu Rajiv Ramaswami.



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