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Oracle pousse sa base de données hors d’OCI : après Azure, cap sur AWS
Par Laurent Delattre, publié le 19 août 2025
Adieu la rivalité historique. Après Azure, Oracle débarque chez AWS avec Exadata et RAC pour rapprocher ses bases critiques des écosystèmes applicatifs et analytiques du cloud. De quoi offrir aux clients communs des plans de migration cloud simplifiés et une expérience cloud hybride où bases critiques et services clouds avancés fusionnent.
Oracle n’a d’autres alternatives que d’étendre l’usage d’Oracle Database là où se trouvent déjà les applications des clients, y compris dans des clouds concurrents. Une nécessité qui s’est d’abord concrétisé au travers de multiples accords avec Microsoft et son Cloud Azure dont l’un des points clé a été la disponiblité d’Oracle Database@Azure, dès décembre 2023, progressivement étendue en 2024–2025 (y compris sur la région France Central).
Signe d’une ouverture croissante, c’est désormais au tour d’AWS d’accueillit la célèbre base de données d’Oracle même si les relations entre les deux entreprises ont longtemps été conflictuelles. On se souvient des déclarations des dirigeants d’Amazon qui expliquaient comment la firme avait entrepris, dès le milieu des années 2010, un vaste programme interne pour se débarrasser totalement d’Oracle Database. Ce chantier, baptisé en interne « Database Freedom », visait à migrer l’ensemble des systèmes critiques d’Amazon — y compris ceux de la plateforme e‑commerce et de Prime Video — vers des solutions maison ou open source. En 2019, AWS annonçait fièrement avoir éliminé ses dernières bases Oracle, affirmant avoir gagné en performance et réduit ses coûts d’exploitation. AWS a ainsi longtemps invité les clients Oracle à migrer ses alternatives Amazon Aurora et DynamoDB.
Exadata et RAC « en natif » dans le cloud d’Amazon
Les conflits sont désormais apaisés et les deux éditeurs avaient annoncé l’an dernier un partenariat pour porter Oracle Database sur AWS.
C’est ce partenariat qui se concrétise cet été avec la disponibilité générale d’Oracle Database@AWS, une nouvelle option destinée aux workloads Exadata, y compris Oracle RAC, achetable via AWS Marketplace.
Différence clé par rapport aux déploiements historiques sur EC2 ou à RDS for Oracle, cette nouvelle offre repose sur des infrastructures Exadata opérées par OCI (Oracle Cloud Infrastructure) et hébergées dans une zone de disponibilité AWS, créant une intégration « de proximité » avec les services AWS. Les premières régions GA sont us-east-1 (N. Virginia) et us-west-2 (Oregon), avec une feuille de route d’extension à 20 régions supplémentaires, notamment en Europe (Paris, Francfort, Londres, Dublin, Milan, Madrid, Stockholm, Zurich).

Concrètement, l’offre propose Exadata Database Service on Dedicated Infrastructure et Autonomous Database on Dedicated Exadata Infrastructure « dans AWS », tout en restant adossée aux API OCI côté provisionnement. Techniquement, les ressources Exadata résident physiquement dans une AZ AWS mais logiquement dans une région OCI, avec un réseau dédié ODB network et un ODB peering pour relier les applications tournant sur EC2. Cette approche vise à réduire la latence tout en gardant la chaîne d’administration Oracle et en exposant l’environnement via les outils AWS (Console, CLI, API).
Côté exploitation, Oracle Database@AWS s’intègre aux briques AWS (VPC Lattice, IAM, EventBridge, CloudFormation, CloudWatch, CloudTrail).
Côté données, l’offre apporte une intégration zéro-ETL vers Amazon Redshift (pour l’analytique sans pipelines manuels) et la possibilité de sauvegarder sur Amazon S3 en alternative à OCI Object Storage.
Enfin, côté conformité, Oracle Database@AWS s’aligne sur le périmètre de conformité des services AWS (SOC 1/2/3, ISO, HDS pour la France, etc.).
Les bases Oracle Database 19c et 23ai sont supportées dès le lancement. Côté prix, Oracle promet une parité de tarification avec OCI, l’achat passant par AWS Marketplace.
Après une offre Database@Azure désormais bien installée, l’arrivée de Database@AWS consacre une stratégie « run-anywhere » autour d’Exadata et d’Autonomous Database visant principalement à garder captif les clients Oracle quel que soit qu’ils choisissent. Parallèlement, une telle approche permet aussi de rapprocher la base « first-party » d’Oracle des écosystèmes applicatifs, réseaux et services d’IA/analytics d’Azure et d’AWS, tout en réduisant les frictions de migration des environnements RAC/Exadata. Pour les DSI/RSSI, l’arbitrage portera autant sur la proximité applicative et la latence que sur la gouvernance, la conformité locale et le contrôle des coûts dans chaque cloud.
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