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Tendances Deloitte 2024 : l’humain au cœur de la technologie
Par Marie Varandat, publié le 20 décembre 2023
Dans ses prédictions pour 2024, Deloitte insiste sur la transformation opérée par l’IA dans le rapport humain/machine, le tout sur fond de nouveaux défis de cybersécurité et des infrastructures qui se spécialisent pour répondre à des besoins de calculs précis.
Pour la quinzième année consécutive, le cabinet Deloitte s’est prêté à l’exercice – désormais incontournable chez la plupart des grands cabinets – des prédictions technologiques pour l’année prochaine. Du métavers industriel à l’IA générative, en passant par la valorisation de l’expérience des développeurs, son analyse “Tech Trends 2024“, fondée sur l’observation des tendances au sein des entreprises pionnières dans le domaine de la technologie, place clairement l’humain au cœur du sujet.
De fait, l’IA bouleverse le rapport de l’humain à la technologie et renforce le tournant amorcé il y a déjà quelques années avec une technologie au service de l’homme et non plus un homme qui se plie aux processus d’un progiciel pensé en fonction de contraintes technologiques.
Cette évolution s’opère dans un monde menacé par des cyberattaques toujours plus nombreuses et sophistiquées avec, selon Deloitte, un risque de désinformation croissant et des chefs d’entreprise qui n’ont pas encore pris toute la mesure d’un monde augmenté par l’IA.
Voici en quelques mots les six grandes tendances identifiées par Deloitte :
Du métavers ludique au métavers industriel
En 2024, les technologies de réalité augmentée et virtuelle, longtemps cantonnées au domaine du grand public, prendront une place prépondérante dans l’industrie selon Deloitte. Le concept de métavers industriel révolutionne les méthodes de travail, notamment avec des applications telles que les jumeaux numériques et l’essor du travail augmenté. L’expérience immersive n’est plus réservée au secteur du loisir, elle s’impose désormais dans des secteurs clés, comme la conception et l’ingénierie, grâce notamment à l’utilisation de dispositifs tels que les tablettes et les lunettes intelligentes (Meta Quest 3 et Apple Vision Pro en tête).
Plus de puissance de calcul spécialisée
À l’ère de l’IA et des applications nécessitant des ressources de calcul très spécifiques, on ne se contente plus d’ajouter du CPU et de la mémoire. Demain, et aujourd’hui déjà, de plus en plus d’entreprises se tournent vers des infrastructures optimisées (ou font évoluer leur existant) pour des opérations clairement identifiées, tel l’entrainement d’un modèle.
En témoigne le succès des GPU H100 de Nvidia sur tous les workloads IA mais également le besoin croissant des grands hyperscalers de disposer de leurs propres accélérateurs (Graviton4 / Trainium2 / Inferentia2 chez AWS, TPUv5 chez Google, Maïa100 et Cobalt100 chez Azure)…
Emergence des DevExp
L’expérience utilisateur est désormais au cœur de toutes les préoccupations pour mieux attirer et retenir le chaland, les collaborateurs et tout particulièrement les développeurs.
Selon Deloitte, en 2024, les entreprises s’efforceront d’améliorer la productivité quotidienne et la satisfaction des ingénieurs logiciels, en intégrant des outils plus intuitifs et en favorisant une approche orientée développeur. Baptisée DevEx par Deloittte, cette tendance s’inscrit dans une mouvance plus générale qui « souligne l’importance croissante du capital humain dans le développement technologique ».
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Une autre façon d’aborder la dette technique
En 2024, la nécessité de moderniser des technologies existantes devenues obsolètes ou inefficaces ne va pas changer. Mais Deloitte suggère de faire évoluer cette gestion de la dette technique en adoptant une approche plus holistique et proactive. Plutôt que de se concentrer uniquement sur la correction des problèmes existants (une approche souvent fragmentée), le cabinet préconise le « bien-être technique », une démarche dans laquelle les entreprises adoptent une stratégie préventive, identifiant les domaines prioritaires pour des améliorations, tout en considérant l’ensemble de leur existant.
Au-delà de la cybermenace, la cyberconfiance
Après une année noire en 2023, les entreprises devront toujours, en 2024, lutter contre des menaces toujours plus sophistiquées et nombreuses. A ces attaques désormais malheureusement classiques, les entreprises devront ajouter une problématique d’un nouveau genre avec l’essor des deepfakes et autres outils d’IA facilitent l’usurpation d’identité et la tromperie.
Dans ce contexte, détecter du contenu nuisible, sur les réseaux sociaux notamment, devient une préoccupation majeure.
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Le Nouveau-Monde de l’IA générative
Enfin, dernière tendance et non des moindres, « l’IA générative est simplement le prochain chapitre de l’histoire de l’information » estime Deloitte. Pour le cabinet d’analyse et de conseil, l’IA générative va non seulement augmenter la productivité des professionnels mais également introduire un véritable changement de paradigme.
Elle change fondamentalement la façon dont l’entreprise s’organise et fonctionne indique Deloitte tout en les alertant sur une vision « court-termiste » encore trop répandue. « D’après notre expérience récente, beaucoup trop de chefs d’entreprise considèrent l’IA générative comme une simple pilule amaigrissante – un moyen rapide de réduire les coûts en automatisant et en supprimant des emplois. Le fait de s’attaquer aux centres de coûts de l’entreprise est une approche à court terme pour satisfaire les actionnaires, les contribuables et d’autres parties prenantes. Mais en fin de compte, cette réduction ne mène pas au succès. […] L’IA générative doit plutôt être considérée comme le carburant des fusées », stipulent les responsables du rapport, Bill Briggs et Mike Bechtel, respectivement Global chief technology officer et Chief futurist de Deloitte.
Et de conclure : « Traditionnelle ou générative, l’IA peut libérer les humains des opérations banales pour leur permettre de se concentrer – enfin – sur des tâches à plus forte valeur ajoutée, mieux alignées les enjeux business de demain ».
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