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Transformation digitale : pourquoi la course au sur-mesure plombe votre ERP
Par La rédaction, publié le 03 juin 2025
Longtemps contraints par une logique de sur-mesure, les systèmes ERP ont dérivé vers une complexité coûteuse. Le modèle composable permet de recentrer l’intégration sur la valeur métier en s’appuyant sur des standards puissants et maîtrisables.
Par Jean-Christophe Klarer, Head of SAP Global Practice chez Nagarro
Pendant des années, les entreprises ont traité l’ERP comme un véhicule devant à tout prix épouser chaque détail de leur fonctionnement interne. Processus maison, usages historiques, réglages au millimètre : tout était bon pour faire du sur-mesure. Résultat : des systèmes hypertrophiés, rigides, et souvent déconnectés des réalités de métiers très évolutifs. Aujourd’hui, les ERP dits composables aident à sortir de cycle. Plus modulaires, plus riches fonctionnellement, plus gouvernables, et surtout plus alignés sur les enjeux business, ils offrent une alternative solide au tout spécifique.
Trop de personnalisation tue le sens
Dans de nombreux projets ERP, les entreprises ont détourné les méthodologies d’intégration pour réinventer les standards de l’outil, au lieu de se demander ce qui méritait vraiment d’être personnalisé. Les consultants étaient sollicités pour configurer jusqu’aux moindres détails, parfois à rebours des bonnes pratiques, avec pour seul objectif de reproduire à l’identique les habitudes internes. Le comble ? Une grande partie de ces développements spécifiques visaient à recréer… ce que l’ERP proposait déjà en standard. Le risque ? Perdre les métiers en route. Nous avons vu des clients déclarer, en phase de conception : “je ne comprends pas ce que vous construisez”. Parce que les briques étaient assemblées sans vision d’ensemble.
L’approche composable : partir du métier, pas du logiciel
Le composable permet un renversement de logique. On ne démarre plus d’un catalogue de fonctionnalités à activer ou paramétrer, mais d’une modélisation des processus cibles avec les métiers. L’ERP devient une trame, une base à enrichir si nécessaire, mais seulement là où c’est utile. C’est cette philosophie que nous avons formalisée chez Nagarro avec la méthodologie Nag’Activate : sessions tableau blanc, ateliers serious game, projection concrète dans les usages cibles.
Cette approche permet de distinguer le contexte et les socles fonctionnels métier (ce qui peut être standardisé) des différenciateurs métier (ce qui crée la valeur et justifie d’ être adapté). Et ça change tout ! Au lieu d’adapter l’outil à chaque détail du fonctionnement présent, on part de la stratégie et des ambitions futures pour concevoir un ERP soutenable, évolutif.
Le standard, levier de performance et non obstacle
Là où le standard était perçu comme une contrainte, il devient un accélérateur. Il permet de réduire les coûts de maintenance, d’éviter la dette technique, de former plus vite, de déployer plus largement à partir du cloud. Et quand un besoin spécifique réel s’exprime, il peut être traité à sa juste place : en développement “side-by-side”, via une plateforme comme SAP Business Technology Platform, sans polluer le cœur de la solution.
En réalité, les ERP composables sont déjà riches de centaines de fonctions standards de planification, de gestion de maintenance, de personnalisation produit, de consolidation financière, de process achats, de gestion des stocks…. Là encore, il faut connaître et comprendre l’existant avant de vouloir créer du nouveau.
Un nouveau rôle pour les intégrateurs et les DSI
Ce changement appelle aussi une évolution du rôle des intégrateurs. Fini les “usines à spécifiques” : place aux architectes de solutions et à l’accompagnement de la transformation, place à la conduite du changement. Il faut être en mesure de comprendre le métier, challenger les demandes, identifier les zones où le standard est suffisant et celles où la personnalisation créera une vraie valeur. Et être capable de dire non, quand c’est nécessaire.
Côté DSI, cela suppose de reprendre la main sur la cartographie des processus, de définir des règles claires de gouvernance et d’assumer une posture de stratège : ne pas tout faire, mais faire juste.
Parce que la course au “trop spécifique” nuit à l’agilité
Choisir l’ERP composable, ce n’est pas renoncer à l’agilité. C’est refuser le détail inutile. C’est mettre l’énergie au bon endroit : la valeur métier, l’adoption, la capacité à évoluer. Si l’on veut réussir ses projets de transformation, il faut d’abord poser une question simple : ce que je suis en train de demander… n’existe-t-il pas déjà dans les modules standard d’un ERP composable ?
Dans la plupart des cas, la réponse est oui. Inutile donc de réinventer ce qui fonctionne déjà.
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