Newtech
Une sélection French Tech Next 40/120 “2024” entre espoirs et réalités socio-économiques
Par Laurent Delattre, publié le 30 mai 2024
La moisson 2024 de la French Tech a été publiée cette semaine alors qu’une étude ScaleX Invest montre que 2023 a été une année record pour les faillites des jeunes pousses et que le gouvernement français fait pression pour que les startups emploient davantage de collaborateurs seniors…
Avec 25 000 start-ups et 33 licornes, la France confirme son statut de « Start-up Nation », s’affirmant – chaque année un peu plus – comme le pays européen le plus dynamique dans les secteurs technologiques. En 2023, la France a encore attiré plus de 8,3 milliards d’euros de capitaux pour financer cet écosystème de jeunes pousses innovantes.
Le programme d’accompagnement « French Tech Next 40/120 », lancé il y a cinq ans par la Mission French Tech, sélectionne chaque année 120 startups afin de les accompagner dans leurs stratégies de croissance et de développement à l’international afin d’en faire des champions d’aura européenne et mondiale.
Il est important de ne pas perdre de vue l’importance économique de cet écosystème. Les 120 entreprises qui composent le French Tech Next 40/120 cumulent plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires net (en 2023). Elles sont aussi créatrices d’emploi et combinent plus de 40.000 employés, dont 28.000, en France. Si en 2022, seulement 19 startups de ce programme réalisaient plus de 100 millions d’euros de CA annuel, elles sont désormais 31 en 2023 !
Diversité, écoresponsabilité et engagement sociétal
Selon la mission gouvernementale « la sélection 2024 du programme French Tech Next 40/120 reflète la diversité et la vivacité de l’innovation en France ». Les DeepTech, ces entités qui tiennent davantage du laboratoire de recherche fondamentale que de l’entreprise commerciale, représentent plus de 20% de cette sélection 2024 : IA, informatique quantique, industrie spatiale, innovations pour la santé… Elles sont désormais 27 startups à œuvrer sur des innovations de rupture qui font rayonner l’excellence de nos chercheurs à l’international et pourraient un jour révolutionner le monde.
Par ailleurs, cette sélection 2024 compte également pas moins de 24 entreprises GreenTech ou AgriTech (mobilité, économie circulaire, énergie durable, alimentation saine et durable…). Mais, parce que la sélection leur impose un bilan carbone des activités préalable, les 120 jeunes pousses de la promotion 2024 s’intègrent aujourd’hui dans des démarches durables et de transition écologique.
D’une manière générale, la French Tech veut aussi s’inscrire dans une autre approche du Business. D’ailleurs, après le « pacte de parité » et l’initiative « Tech your place », les startups de la French Tech Grand Paris se sont réunies au ministère du travail le 29 mai pour signer une nouvelle charte originale et particulièrement bienvenue d’engagement envers les plus de 50 ans ! Objectif, insuffler davantage d’expérience et de seniors au cœur des startups, qui n’emploient que 1,3% de salariés de plus de 50 ans. Une initiative fondamentale alors que la retraite a été portée à 67 ans et que le taux de chômage des 55-64 ans est devenu très préoccupant, dépassant les 43% depuis 2022. La « Charte en faveur de l’emploi des personnes de plus de 50 ans », élaborée par le Club Landoy et le groupe L’Oréal, vise à améliorer l’inclusion et le recrutement des seniors. Objectif : tripler d’ici 2030 le recrutement des personnes de plus de 50 ans dans le secteur de la Tech.
À LIRE AUSSI :
Une sélection 2024 pleine de promesse
Pour revenir à la nouvelle sélection Next40/120 2024, 34 nouvelles entreprises intègrent le programme French Tech « Next120 » dont 11 intègrent le classement « Next40 » cette année.
Parmi ces dernières, deux ont beaucoup fait parler d’elles : Mistral AI (la jeune pousse dont les modèles IA tiennent tête à Google, OpenAI et Anthropic) et Pennylane (la startup qui dépoussière l’univers de la gestion financière et comptable avec sa plateforme SaaS tout-en-un).
S’y ajoutent :
– Addguests (ex campings.com), leader de l’intermédiation des hébergements de plein air en Europe ;
– Chapsvision, champion européen du commerce unifié et spécialiste de l’analyse de données ;
– Ekwateur, fournisseur d’énergie verte ;
– Equativ (ex Smart Adserver), leader européen de la publicité en ligne ;
– Ilek, fournisseur d’électricité et de gaz vert 100% français ;
– Malt, plateforme marketplace de freelances ;
– Mistertemp’, leader de l’intérim digital ;
– Qair, producteur d’énergie renouvelable ;
– Weezevent, plateforme de billetterie dématérialisée.
Mais quelques nuages gris à l’horizon
Ce palmarès de la French Tech est publié alors que parallèlement une nouvelle étude montre que les temps sont devenus plus durs pour les startups de la Tech. Les crises post-pandémiques, géopolitiques, économiques et inflationnistes impactent les start-ups de la French Tech, même si nombre de jeunes pousses finalement démontrent une certaine résilience. Ainsi en 2023, selon une étude de ScaleX Invest, les start-ups IT françaises ont enregistré un nombre record de faillites, avec 32 entreprises ayant déposé le bilan !
L’étude de ScaleX Invest se concentre sur les start-ups (créées après 2005) ayant levé plus de 5 millions d’euros, avec un dernier tour de table remontant au plus tard à 2015. Sur les 1 231 entreprises ayant levé un total de 44,9 milliards d’euros, 83,3 % sont toujours actives, 8,5 % ont été rachetées et 8,2 % sont en difficulté financière. Parmi ces dernières, 65 ont fait faillite, principalement en 2022 (17 sociétés) et 2023 (32 sociétés).
Les effets post-pandémiques, les crises géopolitiques et l’inflation ont engendré une baisse des liquidités, des valorisations plus faibles et une situation macroéconomique défavorable à une croissance exponentielle. Selon l’étude, ce sont les entreprises âgées de 6 à 8 ans qui ont rencontré le plus de difficultés. L’étude montre également que le nombre de faillites augmente significativement trois ans après la dernière levée de fonds, pour ensuite diminuer progressivement : 70 % des start-ups ayant fait faillite avaient levé des fonds au cours des trois dernières années.
Ces nuages gris ne doivent cependant pas faire oublier l’importance de cette French Tech non seulement dans le tissu économique nationale mais également comme porte-drapeau à l’international d’un savoir-faire technologique français et d’une certaine vision européenne des technologies et de leurs impacts dans le quotidien de chacun.
À LIRE AUSSI :
À LIRE AUSSI :
À LIRE AUSSI :
