Quand un simple copier-coller peut déclencher un krach, mieux vaut une preuve inviolable. Wiztrust transforme la blockchain en garde-fou de la parole corporate.

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Wiztrust, l’anti-fake news des entreprises cotées

Par Laurent Delattre, publié le 24 novembre 2025

Face à l’essor des faux communiqués et des manipulations de marché, Wiztrust propose une solution SaaS certifiée par blockchain pour sécuriser l’information sensible. Déjà adoptée par un tiers du CAC 40, la start-up s’intéresse désormais aux données extra-financières.

Tout est parti de l’affaire Vinci. En 2016, un faux communiqué annonçant une perte de 8 Md€ a circulé, repris par Bloomberg et d’autres agences. Résultat : 20 à 60 M€ de pertes estimées sur le marché. Beaucoup de nos clients nous ont dit : « Si ça nous arrive, on est morts », raconte Raphaël Labbé, le cofondateur de Wiztopic (renommée Wiztrust en 2023).

La blockchain sortait alors du champ expérimental, avec parfois des applications surprenantes comme la certification de l’origine de cuisses de poulet… Mais il identifie de suite d’autres usages et lance la plateforme Wiztrust : « C’est la seule solution capable de garantir la preuve d’authenticité, y compris si la plateforme disparaît. »

Une « plomberie » pour l’information sensible

Wiztrust s’adresse aux directions de la communication, aux relations investisseurs et aux sociétés cotées. « Nous sommes les plombiers du numérique : vous produisez un communiqué, nous l’amenons instantanément sur tous les canaux – e-mail, CRM, écrans internes, plateformes réglementaires – le tout en respectant les contraintes de format et de distribution. L’objectif : réduire les coûts logistiques pour que nos clients se concentrent sur l’éditorial », résume Raphaël Labbé.

Concrètement, chaque communiqué reçoit une empreinte numérique stockée sur Tezos (choisi pour sa sobriété énergétique). « Cela permet de démontrer qu’un document est authentique, même si quelqu’un tente de manipuler l’information entre-temps. » 

Après les premiers tests avec Vinci, l’entreprise rebaptisée du nom de la plateforme, propose à 34 clients de certifier leurs communiqués via blockchain. « Les 34 ont dit oui. Preuve qu’il y avait un besoin, comme celui d’un extincteur, qui n’empêche pas le feu, mais garantit des moyens de défense. »

Aujourd’hui, Wiztrust revendique un tiers du CAC 40 et du SBF 120, et « quasiment toutes les grandes banques, à l’exception de SG ».

Au-delà de la finance

Si la finance reste son coeur de marché, Wiztrust s’ouvre désormais à d’autres secteurs. « L’immobilier nous a rapidement adoptés. Demain, nous discutons avec Business France, des institutions publiques, des banques nationales en Europe. On a même vu des affaires de faux sites du Quai d’Orsay, ou de faux communiqués sur des pétroliers. À chaque fois, il peut y avoir un effet château de cartes : si une agence de presse tombe dans le piège, tout s’écroule. »

La société travaille aussi avec des plateformes d’agrégation financière : « L’idée est de mettre un “badge bleu” de vérification sur les contenus certifiés, un peu comme sur X, mais appliqué à l’information financière. »

Raphaël Labbé voit déjà plus loin : le prochain terrain de jeu pourrait être celui des données extra-financières, avec la CSRD. Les grandes entreprises peuvent avoir jusqu’à 1 200 indicateurs à remonter. Un seul point faussé peut faire tomber toute la crédibilité d’un rapport. Là aussi, il faudra des solutions de certification. Il faudra aussi standardiser ces remontées : « Comme pour l’e-commerce au début des années 2000, il va falloir un effort de normalisation. Aujourd’hui, les DPO et RSSI passent des centaines d’heures à remplir des formulaires différents pour chaque organisme. Il faut des standards, sinon l’exercice devient impossible », avertit Raphaël Labbé.


LE PITCH

Raphaël Labbé

Cofondateur de Wiztrust

« Notre mission est de protéger la parole des entreprises en garantissant que leurs informations ne puissent pas être manipulées. »


L’ENTREPRISE

CRÉATION : 2023
SIÈGE : Paris
EFFECTIF : 20 collaborateurs
FINANCEMENT : Autofinancement
REFERENCES : Un tiers du CAC 40, un tiers du SBF 120, quasi toutes les grandes banques, L’Oréal, Schneider Electric, Air Liquide, Icade, Business France, institutions européennes…



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