

Gouvernance
« Sans l’humain, il manque quelque chose au business et à la technologie »
Par François Jeanne, publié le 06 décembre 2021
Cela pourrait paraître convenu : bien sûr que l’humain est essentiel pour réussir ! Mais Mohamed Karouia a des arguments pour convaincre de sa sincérité.
Et en tout premier lieu une formation à l’Université de Technologie de Compiègne qui, au-delà de son diplôme d’ingénieur, l’a amené à s’intéresser très tôt aux sciences humaines. « J’ai travaillé notamment sur l’interculturalité et j’ai eu la chance d’appliquer très tôt cet enseignement, dans un projet mixant entreprises et universités de plusieurs pays européens au sein du Groupe Renault », se souvient-il.
Un passage chez BT et le voilà en 2002 chez Auchan, où s’épanouit sa fibre entrepreneuriale – il a ouvert des commerces dans sa prime jeunesse… et les a fermés aussi !
Par la suite, il interviendra chez RFF, Galeries Lafayette, au PMU et à la STIME, le plus souvent dans un rôle de directeur de programme ou de DSI de transition. « J’aime l’idée du temps contraint pour réaliser un projet », souligne-t-il.
Il va avoir l’occasion de le vérifier lorsqu’un groupe antillais l’appelle en 2016 pour une mission de rénovation urgente de ses systèmes d’information, avec comme objectif premier un ERP à mettre en place en quelques mois. « Je me rappelle la sidération des éditeurs quand nous leur avons dit que nous n’avions que ce délai très court comme seul cahier des charges », se souvient Mohamed Karouia en souriant.
Désormais DSI de la Société du Grand Paris Express, il va avoir à peine plus de temps pour mettre en place SAP, en 18 mois environ. Ce n’est pas le seul défi à relever avec ses équipes. « Nous sommes au quotidien en prise directe avec les métiers, et nous avançons tous ensemble. Au niveau de la DSI, nous travaillons comme dans une start-up pour apporter de l’agilité et nous gérons nos moyens avec des pratiques industrielles », souligne notre homme.
Et ce, avec l’humain toujours en ligne de mire, pour ne pas passer à côté de l’opportunité d’apporter du confort et du bien-être aux usagers. À en croire Mohamed Karouia, la recette est simple : « Aller au contact, ne pas attendre la question ou la demande, mais faire des propositions. C’est très à la mode de parler d’alignement stratégique ? Il faut aller plus loin en fait : c’est l’alignement inversé qu’il faut réussir », conclut-il.
CE QUI ME GUIDE > La recherche de l’équilibre subtil entre l’humain, le business et la technologie. Rien ne doit manquer et tout est important. Mais l’un sans l’autre ne fonctionne pas.
LE PROJET QUI M’A MARQUÉ > La mise en place, en à peine trois mois, de l’ERP SAP au bénéfice du groupe SAFO aux Antilles. Nous avions de telles contraintes de temps qu’il nous a fallu fonctionner en mode « agile » pour ne jamais perdre de vue cet objectif.
CE QUI ME PLAÎT DANS MON RÔLE ACTUEL > Ces créations de lignes de métro (200 km au total) et de gares (68) vont profondément changer la vie des Franciliens et avoir un impact environnemental conséquent. C’est d’autant plus intéressant qu’il y a beaucoup d’innovation dans le dialogue avec les parties prenantes, associations d’utilisateurs ou élus notamment.
CE DONT JE SUIS FIER EN CE MOMENT > Nous avons su développer des pratiques de start-up, à l’intérieur d’un projet de long terme. Nous allons aussi vite qu’une DSI du privé, voir plus : l’ERP est en cours de mise en place avec une approche itérative et des livraisons trimestrielles.
PARCOURS DE MOHAMED KAROUIA
Depuis 2020 : DSI Société du Grand Paris Express 2018-2019 : transition manager pour la STIME (groupe Intermarché) 2016-2018 : DSI du Groupe SAFO (Les Antilles et La Guyane Française) 2014-2016 : directeur de programme au PMU 2012-2014 : CTO pour Galeries Lafayette 2010-2012 : directeur de programme chez RFF 2002-2010 : chef de projet puis directeur des études pour le groupe Auchan 2000-2002 : consultant senior BI chez BT 1998-2000 : chef de projet Groupe Renault
FORMATION
UTC Compiègne (PhD en 1996, Master recherche – DEA – et diplôme d’ingénieur en 1992)
Crédits illustration : Susanna Fritscher & Cyril Tretout (C) Cyril Trétout / ANMA