ESN et ICT 2025 : entre mutation, IA et durabilité

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2025, l’année du tournant pour les ESN et ICT françaises

Par Laurent Delattre, publié le 09 octobre 2025

Le secteur numérique français traverse la tempête sans renoncer à ses ambitions selon le nouveau rapport Numeum-KPMG. Portées par l’IA, la réinvention de leurs offres et des alliances inédites, les ESN et ICT redéfinissent leur futur avec une même conviction : jouer la valeur avant le volume.

La semaine prochaine, Numeum et KPMG révèleront leur très attendu classement annuel des ESN et ICT françaises. Mais avant cette échéance, les deux partenaires dévoilent les résultats de leur étude annuelle sur l’état du numérique français avec leur « Grand Angle ESN & ICT 2025 ».

Une conjoncture sous tension

L’étude 2024 avait témoigné d’une année difficile qui laissait entrevoir une année 2025 encore plus tendue. L’édition 2025 révèle un secteur effectivement confronté à des défis économiques auquel il n’était pas habitué et surtout un secteur en pleine mutation qui affiche une certaine volonté à se réinventer.

Histoire de ne pas sombrer dans un défaitisme immobilisateur, 42% des ESN et ICT interrogées espèrent et même anticipent un véritable rebond d’activité au premier semestre 2026.

Cela reste significativement inférieur à la moyenne, preuve qu’une majorité des entreprises du numérique affichent une certaine prudence qui s’explique par des risques identifiés comme critique : la conjoncture globale inquiète 85% des répondants, la faiblesse persistante de la demande client en préoccupe 67%, tandis que le manque de ressources et de compétences reste un frein pour 33% d’entre elles.

Face à ces vents contraires, le secteur refuse l’immobilisme et opère un changement stratégique fondamental en abandonnant progressivement un modèle centré sur le volume de prestations pour privilégier la création de valeur. Cette transformation se manifeste par une réorientation vers des offres technologiques innovantes pour 29% des entreprises et par le développement massif de partenariats stratégiques, une voie choisie par 60% des acteurs du marché. Et, dans les faits, l’onshore reste ultra-majoritaire (93 % du chiffre d’affaires), l’« hybridation » nearshore/offshore étant mobilisée au cas par cas pour des raisons d’expertise et de coûts.

L’IA, principal levier d’innovation

Pour les ESN & ICT, en 2025, l’IA n’est déjà plus un pari, mais un levier d’exécution. L’étude montre que 72 % des entreprises l’emploient dans leur delivery, 67 % dans les tâches administratives, 51% dans leurs recrutements. Mais elle irrigue aussi le marketing et l’expérience utilisateur.
Dans le même temps, et c’est logique, l’IA représente désormais la première opportunité de marché pour 81% des entreprises, devant la transformation digitale qui mobilise 58% des acteurs et la cybersécurité qui en concerne 56%. Cette appropriation technologique s’accompagne d’une montée en compétences significative, avec la moitié des équipes disposant déjà de compétences en IA ou IA générative. Et l’impact sur l’emploi reste pour l’instant modéré, seules 18% des entreprises constatant une réduction de leurs recrutements liée à l’IA.

Néanmoins, côté business, la contribution de l’IA aux revenus progresse mais reste encore concentrée : 64 % des entreprises déclarent moins de 5 % de chiffre d’affaires réalisé sur des projets intégrant l’IA dans l’offre, et 56 % moins de 5 % quand l’IA est utilisée dans le delivery.
Autrement dit, la diffusion est large, l’industrialisation s’accélère, mais le passage à l’échelle et surtout la monétisation restent les prochains paliers.

Selon l’étude, 34 % des projets d’innovation ont déjà été mis sur le marché, signe qu’au-delà des POC, l’heure est à la production et à la création d’actifs réutilisables. Pour tenir la cadence, les dirigeants font évoluer les offres (73 %), prospecte de nouveaux secteurs et clients (66 %), multiplie les partenariats avec éditeurs, intégrateurs et startups (60 %), tout en consolidant la marque employeur et le recrutement de profils clés (55 %).

Une gestion complexe des talents

Et justement côté recrutement, rien ne semble vraiment évoluer.  Les profils les plus recherchés témoignent des nouvelles priorités du secteur : les experts en transformation digitale représentent 19% des besoins, suivis par les spécialistes du cloud à 17% et de la cybersécurité à 9%.
Les modèles organisationnels évoluent vers plus de flexibilité avec une progression constante du recours aux freelances et indépendants, qui devraient représenter 17,9% des effectifs. Pour fidéliser leurs collaborateurs, les entreprises actionnent plusieurs leviers, l’augmentation des salaires restant prioritaire pour 40% d’entre elles, complétée par des politiques de flexibilité du travail et des investissements en formation. La question de l’équilibre entre présentiel et télétravail reste sensible, 35% des entreprises mettant en place des actions pour encourager le retour au bureau.

RSE et Green IT : entre fantasme, marketing et nécessité

Enfin et tout comme l’an dernier, malgré les vents contraires et la montée de l’IA, ESN et ICT maintiennent en 2025 que la responsabilité sociétale et environnementale est un axe structurant de leur stratégie. Il est en effet un marqueur concurrentiel en France et dans les appels d’offres européens : 79 % des ESN & ICT font de la réduction de l’empreinte environnementale leur priorité RSE/ESG, 60 % se donnent un objectif chiffré de réduction à trois ans et 87 % suivent déjà leurs émissions. Chez les grandes entreprises, les offres à finalité RSE/ESG montent en maturité et l’impact carbone pèse de plus en plus dans la sélection des prestataires.

En cas de reprise d’activité, les investissements RSE se concentreraient d’abord sur le numérique durable (Green IT et sobriété) devant les volets éthique et confiance (cybersécurité, protection des données, IA responsable) avouent les différents acteurs interrogés.

Dans ce moment charnière, la filière assume un discours de transformation offensive. « Les entreprises du service numérique et du conseil en technologie vivent un moment charnière. […] Le marché demande de la valeur et elles doivent se transformer si elles veulent de nouveau croître », souligne Charles Mauclair, président du collège ESN & ICT de Numeum. KPMG insiste de son côté sur la convergence performance-responsabilité : « 79 % priorisent la réduction de leur empreinte carbone […] L’IA générative permet de moderniser les processus et d’offrir des solutions plus durables et à forte valeur ajoutée », observe Xavier Niffle, associé KPMG France.
Bref, face aux vents contraires, le secteur ne baisse pas les bras : il change de cap, mise sur l’innovation et prépare un rebond espéré en 2026. Qui vivra, verra..


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