Gouvernance
Richardson met son propre ERP en chantier
Par François Jeanne, publié le 11 octobre 2023
Le négociant en matériels pour artisans du BTP développe en interne son cœur de SI, persuadé qu’il a plus à gagner avec du cousu main qu’avec un produit standard. Un choix original qui impose une montée en puissance des équipes de la DSI.
Àl’heure où nombre de PME et d’ETI basculent dans le cloud et choisissent des applications d’entreprise sur étagère, le groupe Richardson fait le choix inverse et développe sa propre solution, avec une approche « cloud native » certes, mais déployée on-premise dans sa version actuelle.
Une décision pas illogique si l’on considère l’histoire de cet acteur de la distribution de matériels pour les chantiers (chauffage, climatisation, carrelage, etc.), créé en 1855, qui a développé un premier logiciel de gestion dès 1975 ! « Nous avons la conviction que notre pérennité tient à notre approche originale du métier de négociant. Appuyer nos opérations sur un ERP du marché nous ramènerait vers une standardisation qui nous ferait perdre cet avantage, explique Luca Secci, le DSI de Richardson. Ou alors, nous serions obligés de réaliser de nombreuses adaptations, pour un coût conséquent, et avec de grosses difficultés de maintenance à prévoir lors des montées de version du produit. »
Luca Secci
DSI de Richardson
« Appuyer nos opérations sur un ERP du marché nous ramènerait vers une standardisation qui nous ferait perdre notre originalité sur notre marché. »
Même pragmatisme concernant une éventuelle installation de la future solution dans le cloud. Le DSI ne pense pas qu’une entreprise aussi installée que Richardson y trouve son compte à court terme, contrairement aux sociétés à croissance rapide. « Nous avons fait le choix d’un décommissionnement de l’ancien système par “briques”. Chacun de nos 135 sites dispose aujourd’hui d’une instanciation de notre ERP, ce qui rendrait le projet dans le cloud complexe et coûteux. La bascule dans un cloud privé ne pourra s’envisager que lorsque l’ancien ERP sera complètement arrêté. »
Pour le développement, encore en cours, de la nouvelle solution, Richardson fait confiance à ses équipes internes et historiques, tout en les renforçant. D’une part avec l’embauche de jeunes ingénieurs à l’aise avec les nouveaux langages, d’autre part en faisant appel à des ESN, en particulier à FGTech (Les Filles et les Garçons de la Tech). « L’idée n’est pas de créer un pool à part, mais de favoriser l’osmose avec les anciens de la DSI, en les aidant à monter en compétences sur ces nouvelles technologies. »
Chacun des 135 sites de Richardson (ici son siège social à Marseille) dispose d’une instanciation de l’ERP maison.
Et le travail ne va pas leur manquer. La solution, développée en mode agile, couvre en effet un spectre fonctionnel assez large : achats, opérations de négoce, sourcing, réception et stockage, cycle de ventes, logistique. L’omnicanalité est également de mise avec des clients qui peuvent commander par téléphone, sur site ou encore via l’extranet.
« Nous avons opté pour une architecture à base de micro-services avec des technologies “full-web” pour le front-office et une base données relationnelle pour le stockage des données », poursuit Luca Secci. Cette évolution, le DSI l’a voulu progressive, sans big bang. Les utilisateurs vont donc garder aussi longtemps que nécessaire la possibilité d’utiliser l’ancien ERP, ce qui impose un effort de synchronisation avec la nouvelle mouture et sa base de données. « Il y aura plus d’informations stockées et disponibles, et leur gestion synchronisée va permettre de proposer des résultats corrélés ou contextuels en réponse à des recherches dans les produits, ce qui était impossible avant. »
L’état de l’art en somme… mais fait maison !
L’ENTREPRISE RICHARDSON
Activité : Distribution de matériel de second oeuvre
Effectif : 2 000 collaborateurs
CA : 650 M€À LIRE AUSSI :
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