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Sesterce achète des GPU par milliers pour l’Europe de l’IA
Par Alain Clapaud, publié le 14 avril 2025
Le français défie les hyperscalers sur le segment de marché le plus juteux, mais aussi celui où les investissements à réaliser sont les plus élevés : la mise à disposition de GPU en grand nombre pour entraîner les IA. Il vise les 100 000 processeurs disponibles en trois ans.
Elle était anciennement connue dans le monde du minage de cryptomonnaies sous le nom de Bitech. Elle est ensuite devenue distributrice de serveurs HPC et a alors été rebaptisée Sesterce. Elle a commencé à proposer des services de calcul avec un premier centre de données alimenté par une centrale hydroélectrique, puis, en 2020, avec deux nouveaux centres en Europe du Nord. En 2021, l’entreprise décide de se concentrer sur un marché qui va littéralement exploser un an plus tard avec l’arrivée de ChatGPT, celui de l’IA. Youssef El Manssouri, cofondateur et CEO de Sesterce, résume son intuition : « Il faut disposer de données pour entraîner les IA, mais aussi de puissance de traitement. Cette dernière doit être disponible à l’échelle. En tant que fournisseurs cloud, nous devions accélérer afin de la fournir. »

En l’occurrence, celle-ci porte un nom : le GPU. Or, selon les données avancées par le dirigeant de Sesterce, 85 % des capacités GPU sont actuellement déployées aux États-Unis, contre seulement 0,3 % en Europe. L’objectif du fondateur est de réduire cet écart au plus vite car, selon lui, il pose un grave problème de souveraineté pour le Vieux Continent : « L’Europe doit disposer de ses ressources de calcul, de ses applications et d’un écosystème qui lui est propre. C’est la vision que nous poussons sur le marché. Et pour atteindre ce but, nous avons l’objectif d’acquérir 100 000 GPU en trois ans. »
La start-up a déployé un nouveau cluster dans le centre de données PA4 d’Equinix à Paris et accru ses capacités dans le datacenter MRS3 de Digital Realty à Marseille. En parallèle, elle a annoncé l’inauguration d’un compute center de 300 MW à Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône (13), toujours à proximité de la cité phocéenne, et un projet de construction à Valence, dans la Drôme (26). Pour fournir un accès à faible latence à l’ensemble de ses sites, Sesterce s’appuie sur un CDN (Content Delivery Network) qui réduit au maximum les temps de réponse des modèles d’IA hébergés dans ses installations. En l’espèce, Sesterce est raccordée au réseau opéré par Gcore qui compte 180 points de présence.
En 2024, la start-up a continué l’élargissement de sa flotte de GPU. Elle peut déjà proposer plusieurs types de modèles dans ses différentes régions. Les GPU Nvidia A16, L40, A100 et H100 ont été rejoints depuis peu par des Nvidia H200 et AMD MI300X, ce qui se fait de mieux sur le marché. Dans son plan de développement, le cap des 30 000 GPU doit être atteint dès cette année.
En parallèle à cet investissement conséquent dans le hardware, l’entreprise poursuit le développement de son stack logiciel pour faciliter l’accès à cette puissance de calcul. Baptisé Sesterce OS, il constitue un pas supplémentaire dans l’automatisation pour accéder à ces ressources. Cette pile logicielle facilite l’exploitation de cette puissance par des solutions telles que Slurm pour la gestion des workloads, Kubernetes pour les conteneurs, Spark pour le big data, les solutions HPC de Doitnow et la plateforme IA de Vast. Enfin, via son AI Hub, Sesterce met déjà à disposition des instances d’IA prêtes à l’emploi, avec notamment les LLM de Mistral, différentes versions de Llama, Flux, Stable Diffusion, etc. Sesterce revendique actuellement plus de 1 000 clients.
LE PITCH
Youssef El Manssouri
Cofondateur et CEO de Sesterce
Nous voulons être un fournisseur cloud complet pour l’IA. Pour cela, l’infrastructure est clé. Les entreprises doivent trouver les ressources pour entraîner, mais aussi pour exécuter leurs IA. »
L’ENTREPRISE
CRÉATION : 2018
SIÈGE : Marseille
EFFECTIF : 100 collaborateurs
CA : 20 M€
RÉFÉRENCES : NC
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