Atos : l'État rachète les activités HPC et quantiques pour 410 millions d'euros

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Supercalculateurs Atos : l’État sécurise une activité clé pour la souveraineté numérique

Par Laurent Delattre, publié le 02 juin 2025

Dans un contexte de souveraineté technologique accrue, l’État français intervient pour sécuriser les activités HPC et quantiques critiques d’Atos tout en donnant au passage un coup de pouce à l’ESN française en pleine réinvention d’elle-même avec son « plan de renaissance », Genesis.

Après des mois de turbulences financières ayant conduit à sa difficile restructuration en 2024, Atos poursuit sa transformation sous l’égide du plan Genesis lancé il y a quelques semaines. Ce plan de redressement – qui vise à recentrer les activités du groupe et à restaurer sa rentabilité en tablant sur l’IA, la cybersécurité et la Data – trouve aujourd’hui un accélérateur et tremplin avec l’offre ferme de l’État français pour l’acquisition des activités de calcul avancé d’Eviden.

Le groupe a en effet confirmé avoir reçu ce jour, le 2 juin, une proposition définitive de l’État français valorisant à 410 millions d’euros l’acquisition des activités Advanced Computing d’Atos, un périmètre désormais réduit par rapport aux négociations initiales de novembre 2024. Cette révision substantielle s’explique par l’exclusion des activités Vision AI, initialement incluses dans le périmètre de cession et qui sont désormais au cœur du projet Genesis. Ces solutions d’analyse vidéo enrichies par l’intelligence artificielle, comprenant notamment la filiale britannique Ipsotek acquise en 2021, représentaient plus d’un tiers de la marge opérationnelle du périmètre initialement envisagé.

La transaction porte désormais exclusivement sur la division « Advanced Computing » d’Eviden (la branche cybersécurité et digital d’Atos) comportant essentiellement les activités « Calcul Haute Performance (HPC) et Quantique » du groupe ainsi que certaines activités « Business Computing & IA » liées, l’ensemble devant générer environ 800 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025. Le montage financier prévoit 300 millions d’euros de paiement initial, complétés par 110 millions d’euros de compléments de prix conditionnés aux performances 2025 et 2026.

Cette opération revêt une dimension stratégique critique pour la souveraineté française. Les supercalculateurs d’Atos, assemblés notamment sur le site d’Angers qui emploie 250 personnes, constituent des technologies essentielles pour la dissuasion nucléaire et les applications de défense. Éric Lombard, ministre de l’Économie, a d’ailleurs rappelé qu’il est « du rôle de l’État, lorsque cela se justifie, d’assurer la pérennité et le développement des activités industrielles les plus stratégiques ».
Au total, la division “Advanced Computing” emploie 2500 personnes majoritairement en France.

Le repositionnement des activités Vision AI au sein d’Eviden témoigne de la volonté du groupe de maintenir ses capacités dans l’analyse vidéo intelligente pour les applications de sûreté et sécurité tout en maintenant le cap défini par le plan Genesis. Cette réorganisation permettra à Atos de conserver une expertise différenciante dans la détection d’anomalies, la gestion des foules ou l’inspection qualité industrielle : « Experte en solutions d’analyse vidéo enrichies par l’IA pour les opérations, la sureté et la sécurité (grâce, par exemple, à la détection de bagage abandonné, la gestion des foules ou l’inspection qualité dans l’industrie) cette structure soutiendra l’organisation du Groupe Atos afin de proposer des offres renforcées et à plus forte valeur ajoutée à ses clients » explique le groupe dans un communiqué de presse.

Atos confirme que son « Conseil d’administration a accueilli favorablement l’offre ». Le calendrier prévoit la signature d’une promesse d’achat dans les prochaines semaines, sous réserve de la consultation des instances représentatives du personnel et des autorisations réglementaires. La finalisation de la transaction est attendue pour 2026. Atos maintient ses projections financières pour 2028, avec un chiffre d’affaires cible entre 9 et 10 milliards d’euros, confirmant que cette cession s’inscrit dans la trajectoire de redressement présentée lors de l’annonce du plan Genesis en mai dernier.

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