

Data / IA
Michaël Krajecki (AMIAD) : « Mettre l’IA en production au sein du ministère des Armées »
Par La rédaction, publié le 08 octobre 2025
La semaine dernière, IT for Business était au cœur du salon Big Data & AI Paris 2025. Deux jours d’échanges privilégiés avec des acteurs du terrain – DSI, Data Scientists et autres experts – pour décrypter leurs défis et découvrir comment ils concrétisent la promesse de l’IA dans leurs organisations. En complément de notre grande émission en directe (dont le replay est bien évidemment disponible), nous avons prolongée cette plongée dans l’univers foisonnant des cas d’usage de l’IA par une série d’entretiens captés dans les conditions du direct. Des témoignages bruts, sans filtre, souvent très instructifs, qui révèlent comment les entreprises transforment réellement l’IA en valeur métier.
C’est ainsi que nous avons eu l’opportunité d’accueillir sur notre plateau Michaël Krajecki, Directeur du pôle Recherche, au sein de l’Agence Ministérielle pour l’IA de Défense (AMIAD).
L’AMIAD, créée en mai 2024, s’est donnée comme objectif de « mettre l’IA en production au sein du ministère des Armées », rappelle Mickaël Krajewski, directeur du pôle Recherche. Trois terrains guident l’action : l’IA pour l’entraînement, les opérations et le renseignement ; l’IA embarquée « dans un contexte collaboratif, terrestre, aéro ou maritime » ; et l’IA du quotidien pour soutenir l’administration via des outils comme des chatbots sur des réseaux sécurisés.
Le pôle Recherche, hébergé à l’École polytechnique, agit comme trait d’union entre laboratoires, startups et besoins opérationnels. « Notre objectif, c’est de travailler avec l’INRIA, le CNRS, le CEA… et d’animer une communauté scientifique », explique-t-il, en citant une dizaine de doctorants déjà à l’œuvre et une équipe en forte croissance. « On vise 300 recrutements de spécialistes d’ici fin 2026 ; fin 2025, on ne sera pas loin de 200. »
Symbole de l’accélération, le supercalculateur inauguré au Mont-Valérien change d’échelle. « C’est l’équivalent d’un GENCI pour la défense, avec de l’ordre de 1 000 GPU de dernière génération NVIDIA, opéré avec Orange », détaille Mickaël Krajewski. L’objectif : entraîner des modèles spécialisés sur des données sensibles, qu’il s’agisse de langage, de parole ou d’imagerie satellitaire pour la détection, la reconnaissance et l’identification. « Ce supercalculateur n’est pas connecté à Internet ; c’est un choix pour garantir la confidentialité des traitements. »
La souveraineté, pour l’AMIAD, se joue sur deux plans. D’abord, « avoir suffisamment d’experts au niveau national ». Ensuite, multiplier les options technologiques et les exploiter sous contrôle français : « Nous utilisons des technologies américaines, mais elles sont opérées par des professionnels français habilités secret-défense, tout en gardant un œil sur les acteurs européens. »
L’Agence cite des coopérations et dispositifs structurants : « Mistral est un exemple d’acteur français avec lequel nous nouons un partenariat », tout en s’adossant à EuroHPC, au futur supercalculateur Alice Recoque du CEA, et à l’AI Factory France portée par GENCI, notamment sur la sécurité des IA génératives.
Côté méthode, le pôle Recherche se définit par un triptyque : « animer, anticiper, préparer ». Animer la communauté scientifique, anticiper les verrous qui impacteront les systèmes opérationnels, préparer l’avenir via des travaux ciblés avec les partenaires français, européens et au-delà. « Nous travaillons aussi avec nos homologues singapouriens », glisse-t-il, signe d’une diplomatie scientifique active au service de la défense.
La feuille de route reste classique rythmée par « les compétences et les talents, l’acquisition du supercalculateur, et l’accès à la donnée », avec la mise en place de centres de services de la donnée et de l’IA pour collecter la donnée opérationnelle nécessaire à l’entraînement des systèmes. « La prochaine échéance, c’est de produire les premières applications avec ce supercalculateur. »
Le cap est donc posé : accélérer, sécuriser et industrialiser l’IA au bénéfice des forces armées françaises.
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