

Data / IA
Acorus acculture ses collaborateurs à l’IA
Par François Jeanne, publié le 17 mai 2024
Au bureau, et aussi sur les chantiers, les collaborateurs du spécialiste de l’éco-rénovation ont su apprivoiser l’IA pour la mettre au service des clients. Le Lab de l’ETI organise leur progression et développe les solutions imaginées sur le terrain par des artisans conscients des potentiels de ces technologies.
La vague de l’IA générative a déjà séduit nombre d’entreprises du tertiaire. Dans d’autres secteurs comme celui du bâtiment, avec des collaborateurs sur le terrain et loin des ordinateurs, les expérimentations sont moins avancées. Le témoignage d’Acorus, une ETI encore jeune d’une vingtaine d’années spécialisée dans l’éco-rénovation, n’en est que plus intéressant.
Directeur du Lab Acorus (sept personnes), Christophe Chalvin détaille son approche : « Nous avons suivi deux pistes : celle de ChatGPT et celle de l’intégration de briques d’IA extérieures au sein de nos outils, via le Lab. »
Mais avant de se lancer sur de premiers projets, l’entreprise commence par un audit des usages déjà présents. « Une quinzaine de collaborateurs utilisaient ChatGPT, tout comme notre président. Nous avons tout fait pour que ces usages soient revendiqués plutôt que cachés. »
Parmi ceux-ci figuraient une assistance dans la rédaction de réponses à des appels d’offres au bureau d’études, l’aide à la rédaction de propositions commerciales, ou encore le contrôle de programmes informatiques.
« Ensuite, nous avons formé la centaine de nos chefs d’équipe dans l’entreprise, d’une part sur la nécessité de la confidentialité des données confiées à l’outil, d’autre part sur la distanciation à opérer à l’égard des résultats fournis, qui doivent toujours être mis en perspective de l’expertise métier. »
Une communauté de power users a aussi vu le jour pour développer le partage de résultats et de bonnes pratiques, et imaginer les outils à intégrer ou à développer.

Avec ses 1 600 collaborateurs, pour la plupart sur des chantiers de rénovation, Acorus a choisi d’encourager l’usage de l’IA générative, en libérant la parole sur les pratiques déjà en place, et en sécurisant les sujets de confidentialité et d’employabilité.
Un bilan encore difficile à établir
Plusieurs outils ont été lancés depuis. Il est encore trop tôt pour parler de rentabilité, mais des signes positifs ont émergé. Par exemple, le passage à la semaine de quatre jours, qui a nécessité des réorganisations dans les équipes, a pu s’appuyer sur certains de ces outils. « Nous avons aussi déployé la solution de la start-up Sagacify, qui utilise de l’OCR et des algorithmes d’IA pour analyser les nombreux bons de commande de nos clients. Cela libère les secrétaires de tâches fastidieuses de ressaisie, et leur permet de se concentrer sur des missions de vérification de cohérence demandant plus d’expertise. »
Christophe Chalvin
Directeur du Lab Acorus
« Une quinzaine de collaborateurs utilisaient déjà ChatGPT, tout comme notre président. Nous avons tout fait pour que ces usages soient revendiqués plutôt que cachés. »
Très utilisé sur le terrain, un autre outil assiste le collaborateur dans l’écriture du compte-rendu qu’il délivre au client après sa visite. Un modèle d’analyse du langage a également permis de mieux référencer les produits dans Aco-Shop, la plateforme de centralisation des achats développée par l’entreprise.
Christophe Chauvin n’est pas de ceux qui pensent que l’IA va remplacer l’humain, mais plutôt l’assister. « C’était un enjeu pour nous de dédramatiser ce point », reconnaît-il. Mais aussi de bien faire comprendre à tous les acteurs de l’entreprise que l’objectif ultime avec ces technologies doit rester d’apporter de la valeur au client. « De ce point de vue, il est intéressant de noter que ce sont plutôt les collaborateurs expérimentés, par forcément les plus jeunes que l’on pourrait imaginer accros à la nouveauté technologique, qui nous font les propositions les plus concrètes et les plus utiles ».
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