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Adam Selipsky : « Amazon n’est et n’a jamais été impliqué dans Prism »

Par La rédaction, publié le 24 juin 2013

A la veille de l’Amazon Web Services Summit de Paris, Adam Selipsky, vice-président du numéro un mondial du cloud computing, a accordé une interview à 01Business. L’occasion de faire le point sur la stratégie de développement d’AWS et d’évoquer le scandale Prism.

01Business : Amazon a-t-il livré des données de ses clients à la NSA ?

Adam Selipsky : Amazon n’est pas, et n’a jamais été, impliqué dans Prism. La réponse est très simple : nos clients possèdent leurs données, elles ne nous appartiennent pas. Nous ne les regardons pas, nous ne les exploitons pas, à la différence d’autres entreprises. Nous les chiffrons toutes, que ce soit les numéros de cartes bancaires ou les informations personnelles. C’est ce qu’il faut faire, afin qu’elles deviennen illisibles. Car le chiffrement standard, très simple à utiliser, reste très complexe à déchiffrer.

01Business : Vous comprenez bien que les entreprises, notamment européennes, peuvent s’inquiéter des conséquences du Patriot Act et, a fortiori, d’un programme tel que Prism…

AS : Parce que l’information appartient à l’utilisateur, nous ne la livrons jamais sans une demande officielle et légale d’une cour de justice. Nous sommes soumis aux lois des pays dans lesquels nous opérons, et lorsque nous recevons une demande d’information légale, nous avertissons notre client. On parle beaucoup du Patriot Act, mais ce que l’on sait peu, c’est que le gouvernement américain est bien moins actif dans ses demandes que de nombreux autres pays, y compris des gouvernements européens… Je comprends pourquoi les gens se posent des questions, je suis d’accord que c’est important, mais cela n’affecte pas le business de nos clients.

01Business : Selon vous, le gouvernement français fait fausse route en finançant des projets de cloud souverain pour protéger ses entreprises ?

AS : Je ne sais pas si c’est une erreur ou pas, mais il faut bien savoir que tous les gouvernements, y compris européens, font des demandes d’informations.Tous les utilisateurs devraient chiffrer leurs données. Autre chose à savoir : il est très compliqué de bâtir et de faire fonctionner une infrastructure cloud. Nous sommes sur ce marché depuis sept ans, et nous avons beaucoup d’expertise, tant en infrastructures logicielle qu’en exploitation en 24/7. Avoir cette expertise pour opérer une infrastructure avec des très faibles coûts, ce n’est pas facile du tout !

01Business : Quels sont les chiffres clés d’Amazon Web Services au bout de sept ans de fonctionnement ?

AS : Aujourd’hui, nous avons plusieurs centaines de milliers de clients, répartis dans plus de 190 pays. Ces clients font fonctionner tous types d’applications sur AWS, depuis des sites Web, des applications big data, mais aussi des plates-formes d’entreprise beaucoup plus traditionnelles, comme SAP et Oracle. Nous fonctionnons sur le concept de région – nous avons neuf, dont l’Union européenne –, chacune disposant d’un cluster de datacenters pour assurer redondance et disponibilité. Il n’y a jamais un seul datacenter sur une région. En ce qui concerne l’Europe, nos datacenters installés en Irlande la servent avec de très bonnes performances et de faibles temps de latence.

L’AWS Summit 2013 se tient au Cnit à Paris le 25 juin 2013.

01Business : Une récente étude Netcraft évaluait à 450 000 serveurs en production dans vos datacenters. Est-ce le bon chiffre ?

AS : Si vous prenez l’activité mondiale d’Amazon.com, lorque ce site réalisait 5 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en 2003, l’entreprise comptait 8 000 personnes et une grosse infrastructure informatique. Aujourd’hui, chaque jour de l’année, nous déployons autant de capacités que celles dont disposait Amazon.com à l’époque pour l’ensemble de son activité. Chaque jour ! »

01Business : AWS se montre très agressif sur ses prix. Est-ce qu’aujourd’hui, cette activité cloud est rentable pour Amazon ?

AS : Nous ne publions pas le détail de nos comptes par activité. Mais ce que je peux vous dire, c’est qu’Amazon Web Services peut devenir aussi gros, voire plus gros, que l’activité e-commerce d’Amazon. On croit beaucoup en ce business au niveau de nos directions, et nous sommes très satisfaits de son économie. C’est une source de free cash flow significative depuis plusieurs années, même si nous sommes très agressifs sur les prix. Nous avons réduits nos tarifs trente-cinq fois depuis 2006, alors même que nous n’avons pas une forte pression de la concurrence. Chaque service est construit pour de gros volumes et des marges relativement basses. Les entreprises plus classiques, quand elles améliorent leurs marges, gardent ces gains pour elles, pour augmenter leurs profits. Ce n’est pas notre stratégie. Chaque fois que nous améliorons les marges générées par un service, nous le rendons à nos clients en baissant nos prix. 

01Business : Les DSI français se sont montré beaucoup plus prudents que les Américains dans l’adoptions du cloud. Qu’en est-il aujourd’hui ?

AS : Nous constatons une forte adoption en Europe, à travers toute l’Europe, France, Allemagne et Royaume-Uni inclus. Des entreprises de toutes tailles s’appuient sur le cloud, avec notamment de grosses start up, mais on constate une réelle accélération sur le marché des entreprises traditionnelles. Pour parler de la France, Schneider Electric utilise AWS pour un nombre croissant d’applications (internet ou internes). Notre relation se développe toujours. Lafarge, quant à lui, a fait un premier déploiement test sur AWS pour ses sites Web, et maintenant il bascule ses applications Web en production. Canal+ exploite AWS pour ses applications mobiles, Le Figaro a développé les siennes pour AWS.

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