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Combien vous coûte votre cellule d’architecture 1.0 ?

Par La rédaction, publié le 09 septembre 2014

Laurent Delvaux
Directeur associé de Zenika
 

L’année 2013 est à nouveau couronnée de succès pour les géants du Net eBay et Amazon : le premier réalise 13 % de croissance, tandis que le second a vu son chiffre d’affaires progresser de 22 %. Time-to-market, expérience utilisateur, innovation… l’efficience de l’entreprise rime aujourd’hui avec celle du système d’information. Aux cellules d’architecture logicielle de ne pas rester figées dans leur modèle autocratique, et de favoriser l’agilité, dans une démarche « 2.0 ».

LOCALISER LES VÉRITABLES POINTS DE BLOCAGE

Des utilisateurs métiers et des équipes de développeurs qui ne se comprennent pas (toujours). Des attentes parfois disproportionnées des uns, face à des solutions pas toujours « user friendly » des autres. Une absence grandissante de qualité des données exploitées, conduisant régulièrement à des résultats de business intelligence faussés, mal orientés et des prédictifs dont la portée est égale à zéro. Bref, en matière d’IT, les points de blocage peuvent être très nombreux.

Résultat, la lassitude et les retards étouffent la moindre étincelle d’innovation et, irrémédiablement, les équipes de développement sont pointées du doigt. L’erreur se situe peut-être à ce niveau. Toutefois, contraintes par des spécifications, des documents techniques, des modélisations et des outils entièrement définis au niveau de la cellule d’architecture, les équipes de développement ne sont pas nécessairement le maillon faible de la chaîne.

LA COMPLEXITÉ DU RÔLE DE LA CELLULE D’ARCHITECTURE LOGICIELLE

Garant de la cohérence et de la pérennité du SI, l’architecte intervient sur les choix technologiques, le déploiement des compétences utiles, la validation des procédures ou encore les analyses d’impact.

Pris en étau entre l’empilement des nouvelles technologies, la complexification des organisations, les projets de plus en plus transversaux et les objectifs de réduction des coûts, l’architecte logiciel se retrouve, bien souvent à son corps défendant, enfermé dans une « tour d’ivoire ». Une position qui le coupe nécessairement des réalités de terrain.

Progressivement, au fur et à mesure que la cellule d’architecture s’affirme dans ses fonctions, les spécifications multiples, les documents techniques mis ainsi à disposition des équipes projets perdent en partie de leur sens et de leur fonction moteur. Peu à peu, ils n’ont plus d’autre utilité que de protéger l’architecture existante et tuent dans l’oeuf toute possibilité d’innovation et de souplesse.

LES CONSÉQUENCES D’UNE VISION NORMATIVE

Le risque d’une trop grande rigidité ne porte pas uniquement sur les équipes projets et les métiers. La cellule d’architecture aussi n’évolue plus technologiquement. La norme à outrance n’apporte plus aucun transfert de connaissance et encore moins de gestion de cette connaissance.

Ainsi constate-t-on dans nombre de cellules d’architecture « 1.0 » un net ralentissement de l’utilisation de nouveaux outils, qui viendraient enrichir le référentiel disponible et, plus grave encore, un retard important de pratique dans des approches de type incrémental ou d’évitement des régressions.

L’expérience d’une approche trop normative accuse des conséquences en cascade : au sein de la cellule, des équipes démotivées et le départ des meilleurs éléments ; au sein des équipes projets, le contournement des processus et l’adoption d’une posture passive. Entre une responsabilité diluée et une satisfaction globale très limitée, le coût caché reste bien le seul à encore progresser !

UNE CELLULE D’ARCHITECTURE 2.0 EST UNE CELLULE AGILE

Si l’on ne demande pas à la cellule d’architecture d’apprendre à grimper aux arbres pour montrer son agilité, elle doit en revanche se souvenir qu’une norme ne doit pas bloquer un projet. Seule la véritable reprise d’un rôle d’animateur au sein des équipes de développement aidera la cellule à s’en souvenir et ce, même après trois heures en comité de direction à étudier les solutions de réduction des coûts.

Or, l’on n’anime bien que ce à quoi l’on participe. Il appartient alors à la cellule d’affecter un architecte au sein d’une équipe projet (sous la forme d’un pack de jours d’intervention par exemple). Au coeur même du projet, l’architecte retrouve un sens terrain et les challenges qui s’y rattachent. Et avec eux, une responsabilisation accrue.

Dès lors, le système entre en posture agile, en devenant enfin auto-apprenant. Les architectes retrouvent une capacité d’évangélisation renouvelée. En choisissant en outre de multiplier des solutions d’échange d’informations, la structure se positionne dans la droite ligne du manifeste agile.

ÉVALUER LES ACTIONS PAR DE NOUVEAUX INDICATEURS

Dans une cellule d’architecture 2.0, certains indicateurs de performance traditionnels sont obsolètes. Il s’agit d’abord de mesurer l’effet d’un nouvel état d’esprit. Les tableaux de bord doivent ainsi dorénavant intégrer des indicateurs de satisfaction sur toute la chaîne de l’entreprise, jusqu’à l’utilisateur final.

Ces indicateurs peuvent alors porter sur la réactivité des équipes, la fluidité et la qualité, mais certainement aussi sur les résultats de la capitalisation de l’expérience, sur la capacité d’innovation, sans oublier le moral des équipes et le taux de turn over. Progressivement, on constatera une corrélation directe avec une réduction du time-to-market et une augmentation de la satisfaction client. CQFD !

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