Du Greenwashing à la transparence : au delà de la Green IT, la DSI va devoir créer de vraies plateformes de données dédiées à la durabilité

Green IT

Du greenwashing à la transparence : 72% des entreprises européennes ne sont pas prêtes

Par Marie Varandat, publié le 30 mai 2023

Une enquête réalisée dans 19 pays européens montre que seulement un tiers des entreprises sont actuellement en mesure de se conformer aux nouvelles exigences de publication d’informations de « durabilité  / écoresponsabilité». Bien que très concernée par les enjeux du développement durable, une grande majorité des dirigeants n’a malheureusement pas encore compris à quel point la donnée était centrale dans une stratégie de développement durable efficace.

Le Greenwashing n’est plus une option – en admettant que cette stratégie de communication abusive et/ou mensongère pour se forger une image écoresponsable n’ait jamais constitué autre chose qu’une esbroufe.

Idem pour les opérations ponctuelles : l’heure n’est plus aux actions isolées pour réduire l’empreinte environnementale du numérique. La pression des clients monte et les règlementations se précisent, avec des sanctions à la clef.

72% des entreprises ne sont pas prêtes

L’absence de réalisation de bilan d’émissions de gaz à effet de serre (BEGES) peut désormais entrainer une amende de 10 000 €. De son côté, la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (ou CSRD pour Corporate Sustainability Reporting Directive) introduite dans le cadre du pacte vert pour l’Europe durcit les règles pour toutes les entreprises.

Pour autant, selon l’enquête « L’industrie européenne en transition » réalisée à la fin de l’automne 2022 par le Cabinet Innofact pour le compte du fournisseur de solutions PLM Arras, seulement une entreprise sur trois se dit prête à se conformer à l’obligation de fournir des données ESG (Environmental, Social, Gouvernance) de qualité, autrement dit un reporting de durabilité harmonisé, respectueux des exigences de la CSRD.

Menée auprès de 442 dirigeants d’entreprises dans différents secteurs exerçant dans 19 pays européens, l’enquête montre toutefois que la majorité de ces dirigeants ont compris « l’importance de se positionner stratégiquement comme une entreprise durable ». Neuf entreprises sur dix déclarent d’ailleurs qu’un « succès économique durable n’est possible que par une action durable ».

Le Greenwashing touche à sa fin… Partout en Europe, les entreprises ressentent la pression des clients et consommateurs pour agir de manière plus écologique et écoresponsable…

Un chantier colossal pour les DSI

Au cours de ces dernières années, IT For Business a cherché à sensibiliser les DSI à la Green IT, sujet difficile qui ne se limite pas à la seule réduction de l’empreinte environnementale du numérique ainsi que le montre notre dernier dossier sur le sujet paru dans le numéro 2282.

Force est de constater – avec l’éclairage de cette étude – que le chantier est encore plus vaste pour les DSI :  au-delà du calcul et de la réduction de leur propre empreinte informatique, ils vont devoir accompagner leur organisation dans la mise en œuvre d’une plateforme data globale, capable de mesurer, collecter, interpréter, assembler… les informations de l’ensemble l’activité de l’entreprise afin d’élaborer une empreinte ESG complète et fiable, répondant à des normes précises.

De fait, ainsi que le souligne l’étude, les objectifs de développement durable sont en tête des préoccupations des entreprises pour 2023, mais ils seront « impossibles à atteindre sans la numérisation et une exploitation intelligente des données ».

Pas de stratégie durable sans plateforme Data boostée à l’IA

Interrogé dans le cadre de l’étude, Olivier Rey, responsable de l’informatique chez NHIndustries illustre le problème soulevé par cette collecte des données d’une chaine d’approvisionnement en constante évolution : « La complexité des SI en jeu crée beaucoup de problèmes de processus et amène bon nombre d’utilisateurs au sein de l’entreprise à préférer la ‘fausse facilité’ d’une chaine de données gérée sous Excel. Mais penser qu’on a la vérité des données avec Excel est un vrai danger pour l’entreprise, car figer dans un tableur les data d’un processus qui par nature ne le sont jamais, c’est prendre le risque de les désynchroniser et de faire reposer toute la suite du processus sur de la data erronée ».

Malheureusement, selon les résultats de l’étude, seulement 26% des entreprises ont identifié les données comme un des principaux défis à relever du développement durable. Ce qui explique aussi très probablement pourquoi elles sont aussi nombreuses à ne pas pouvoir se conformer aux exigences du reporting ESG.

On constate d’importantes disparités à travers l’Europe sur la perception des défis et la priorité des actions à mener.

Or, comme le souligne Fred Weiller, Directeur Marketing Europe d’Aras, « Dans leur propre intérêt, les industriels ont besoin de disposer d’une grande transparence sur les données relatives aux produits à chaque étape de la production, afin de satisfaire aux obligations de reporting ESG et d’éviter les pénalités ». Fort logiquement, l’éditeur prêche pour sa paroisse, mettant en évidence les avantages de son approche du problème : « Avec une solution PLM, les informations relatives aux produits et aux processus sont mises à disposition de manière transparente tout au long du cycle de vie. C’est la base pour un échange de données entre entreprises et pour la traçabilité nécessaire dans le cadre de la CSRD ».


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En réalité, le chantier est bien plus vaste et va nécessiter la mise en œuvre de véritables plateformes data boostées à l’IA. L’enjeu est double. Les entreprises doivent en effet agréger l’ensemble des données nécessaires au calcul de l’empreinte en s’assurant qu’elles sont suffisamment fiables pour établir un reporting conforme aux exigences de la CSRD. Pour ce faire, elles doivent disposer d’une solution suffisamment flexible, de style Data Hub, de sorte que chaque évolution de fournisseur, adaptation de processus, etc. puisse être facilement intégrée. Parallèlement, elles doivent également mesurer l’efficacité d’une stratégie, ce qui suppose des outils d’analyse, mais aussi de simulation avec des IA capables de développer différents scénarios, qu’il s’agisse d’anticiper l’évolution de la demande, de prendre en compte l’instabilité de la chaine d’approvisionnement, de faciliter la planification des tâches, de prévoir la maintenance des outils de production ou encore de réduire le risque d’erreurs.

De nouveaux écosystèmes à créer

Enfin, au-delà de la collecte, de l’analyse et de la simulation, les DSI vont aussi devoir convaincre leurs dirigeants à davantage d’ouverture et de partage. Il est en effet assez ironique de constater que l’efficacité d’une stratégie de développement durable repose un accroissement colossal du volume de données stockées, lequel augmente bien entendu l’empreinte environnementale de l’entreprise.

Ainsi que le souligne Marion Gardais, directrice du centre d’excellence pour l’IA et la DATA chez Capgemini dans notre article consacré à la sobriété des données dans le cadre d’une stratégie Green IT, cette problématique peut être aisément résolue par la mise en œuvre d’écosystèmes au sein desquels les entreprises acceptent de partager : plutôt que de chercher à tout centraliser, elles entrent dans un modèle collaboratif, chacune proposant un accès sécurisé à des jeux de données. Particulièrement adapté au calcul de l’empreinte en tenant compte du scope 3, ce modèle permettrait aux fournisseurs de partager simplement leurs données avec leurs clients, évitant ainsi aux entreprises une duplication des données couteuse pour la planète.


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De la même façon, les entreprises pourraient mettre à disposition des banques des informations valorisant leur engagement durable et obtenir des avantages tels que des taux d’intérêt réduits (selon un indice prenant en compte plusieurs paramètres établis par les chartes de stratégies de développement durable des Nations Unies). Sans oublier que les avantages économiques directs, car même si le cout du stockage n’a cessé de diminuer au cours de ces dernières années, il n’en pèse pas moins sur le budget informatique de toutes les entreprises. Enfin, on pourrait aussi imaginer des écosystèmes au sein desquels les fournisseurs valoriseraient leur engagement en partageant des données permettant aux entreprises d’effectuer des simulations : un moyen comme un autre et sans doute très efficace de se démarquer de la concurrence en affichant clairement la sobriété d’un produit, service ou outil…


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