Et si les GAFAM devenaient souverains ?

Cloud

Et si les GAFAM devenaient souverains ?

Par La rédaction, publié le 15 février 2024

Nous commençons seulement l’année 2024, et une question cruciale plane au-dessus de nous, hébergeurs de cloud français : Et si les GAFAM devenaient souverains ? Quelle place resterait-il pour les acteurs de la tech française dans ce scénario ?


Par Bertrand Servary, CEO NetExplorer


La souveraineté technologique est devenue un sujet brûlant en France. Ne pas dépendre exclusivement des géants de la tech, les GAFAM, pour préserver nos données de toute ingérence, est aujourd’hui un enjeu stratégique. Cependant, il est important de reconnaître les défis qui se posent lorsque nous tentons d’atteindre la souveraineté dans un domaine aussi vaste et complexe que la technologie.

La course à la souveraineté

Il est indéniable que les GAFAM demeurent des acteurs incontournables du numérique. Leur expertise, leurs ressources financières colossales et leur capacité à innover continueront de les placer en tête de l’industrie. Les grandes entreprises américaines ont bien compris les enjeux liés à la souveraineté, et depuis longtemps !

On le constate déjà, des efforts sont déployés pour y parvenir, historiquement via la régionalisation des données, et désormais via des partenariats (Bleu de Orange/Microsoft, S3NS de Thalès/Google). En 2024, être souverain ne suffira plus pour se prévaloir comme une alternative aux GAFAM.

Les pièges de la souveraineté absolue

Pourtant, la course à la souveraineté totale comporte des risques. En nous concentrant exclusivement sur cette variable, nous risquons de nous enfermer dans une perspective franco-française, limitant ainsi notre capacité à rivaliser à l’échelle mondiale. La question qui se pose est de savoir si cette stratégie est la meilleure pour l’avenir de la tech française et les entreprises qu’elle a vocation à servir.

En effet, si nous continuons à nous focaliser uniquement sur la souveraineté nationale, que se passera-t-il le jour où les GAFAM deviendront eux aussi souverains en France ? Nous devons garder à l’esprit que notre objectif ultime devrait être de rivaliser avec eux sur leur propre terrain.

Plutôt que de nous enfermer dans une quête sans fin de souveraineté, pourquoi ne pas envisager une autre voie ? Une voie qui consiste à devenir des acteurs globaux, à conquérir les marchés internationaux tout en maintenant notre expertise locale, sans concession sur la protection des données. Si les GAFAM devenaient souverains sur notre territoire, que resterait-il pour nous ? La réponse réside peut-être dans notre capacité à nous développer à l’international.

L’ouverture vers l’international, une alternative viable

L’internationalisation n’est pas sans défis, mais elle mérite d’être explorée. 

De mon point de vue, nous devrions envisager une stratégie équilibrée qui allie la force locale à l’ouverture mondiale. Les gouvernements et les organismes de régulation peuvent jouer un rôle crucial en soutenant cette démarche. Plutôt que d’imposer des contraintes, ils pourraient encourager les entreprises technologiques françaises à s’étendre au-delà des frontières.

Imposer des normes strictes dans le but de garantir la souveraineté technologique peut avoir des conséquences inattendues et contre-productives. L’exemple de la certification SecNumCloud de l’ANSSI met en lumière cette préoccupation. Au lieu d’adopter une approche axée sur l’expansion internationale et le renforcement de l’écosystème local, il semble que l’on commence par imposer des exigences complexes aux entreprises technologiques françaises. Cette démarche hypothétique oblige les gouvernements et les entreprises à prendre des engagements potentiellement coûteux et chronophages. De plus, elle pourrait pousser les éditeurs de logiciels à se concentrer exclusivement sur le marché français, ignorant ainsi les opportunités internationales. 

Cette approche risque de limiter la croissance de nos entreprises à l’échelle mondiale, tandis que les GAFAM continuent d’étendre leur emprise. Au lieu de mettre en place des barrières, il serait peut-être plus judicieux d’inciter à l’expansion internationale, pour permettre aux entreprises françaises de rivaliser sérieusement avec les géants de la tech sur la scène mondiale.

Nous ne devons pas laisser la souveraineté technologique devenir une impasse, un idéal technologique absolu, synonyme de repli sur soi. En fin de compte, la question n’est pas de savoir si nous devons devenir souverains ou non, mais comment nous pouvons prospérer dans un monde où les GAFAM pourraient un jour régner en maîtres. Plutôt que de nous isoler, soyons prêts à conquérir le monde. 

Adoptons une vision globale de la concurrence et du développement économique pour le succès collectif de l’industrie technologique française. En gardant un équilibre entre notre expertise locale et notre ouverture à l’international, nous trouverons notre place et affirmerons notre singularité dans ce futur incertain.


À LIRE AUSSI :


À LIRE AUSSI :

Dans l'actualité

Verified by MonsterInsights