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Habemus Facture Électronique : l’annuaire est (enfin) en production !

Par Thierry Derouet, publié le 07 juillet 2025

La fumée blanche s’élève : la réforme de la facture électronique entre en phase active. L’Annuaire central des adresses de réception de factures électroniques – pierre angulaire de la réforme – est désormais en production. Les premières connexions sont effectives, les PDP s’activent, les flux commencent à circuler. Une facture a déjà été payée en huit minutes. Ce n’est plus un projet : c’est une mécanique qui démarre. Aux entreprises, maintenant, de se raccorder.

Depuis début juillet, l’annuaire est officiellement en ligne. Ce socle technique, indispensable à l’acheminement des factures électroniques entre entreprises, permet aux plateformes de dématérialisation partenaires (PDP) de référencer les adresses de réception de leurs clients et d’activer les flux. Le FNFE-MPE, qui s’était engagé à entrer dans la réforme dès que possible, a été l’un des premiers à le faire. Son adresse est désormais active dans l’annuaire, sa visibilité dans le répertoire PEPPOL est assurée, et une première facture fournisseur a été reçue, en format Factur-X, via sa PDP.

Ce n’est plus un test, ni une promesse technique : c’est une chaîne de facturation complète, interopérable, qui a été mobilisée, connectée et validée. La réforme, désormais, fonctionne.

Normalisation, stabilisation, interopérabilité

Derrière cette bascule discrète mais essentielle, le cadre technique poursuit son adaptation. La version 2.4 des spécifications externes, publiée le 19 juin 2024, est encore en cours de stabilisation. Elle vise à préciser les cas d’usage complexes, comme les acomptes, les avoirs et les prestations continues, et à structurer les statuts d’échange entre PDP, OD, ERP et PPF. En revanche, le volet dédié aux statuts de paiement reste en discussion technique : aucune version définitive n’aurait encore été actée sur ce point.

Cyrille Sautereau

Président du FNFE-MPE.

Tout est branché, et ça marche ! »

En parallèle, une commission de normalisation conduite par l’AFNOR, en lien étroit avec l’AIFE et la DPFE, poursuit la rédaction d’un cadre commun. Ce chantier vise à transformer les spécifications en normes stabilisées, compréhensibles et réutilisables par tous les acteurs concernés. Il s’agit de construire un langage partagé, une grammaire unique, pour éviter la fragmentation des interprétations techniques d’ici à la mise en œuvre généralisée en 2026.

Le terrain s’organise, les flux démarrent

Mais d’ici là, le terrain se structure. Plus de 90 PDP sont désormais immatriculées et en phase de connexion à l’annuaire, avec des tests techniques qui s’enchaînent et des premières mises en production dès cet été. En arrière-plan, le concentrateur de données se prépare à prendre le relais à l’automne pour collecter les flux destinés à l’administration. L’e-reporting, souvent relégué au second plan dans les entreprises, se révèle pourtant stratégique, notamment pour les transactions B2C et internationales. Il reste un angle mort dans de nombreux projets… et un écueil potentiel pour les retardataires.

Le FNFE-MPE, en activant sa chaîne complète de réception, envoie un signal sans ambiguïté. Le dispositif est prêt à être utilisé. Les entreprises peuvent dès à présent créer leur adresse, se raccorder à une PDP, tester la circulation réelle des factures et vérifier la conformité de leurs formats. Autrement dit : entrer concrètement dans la réforme.

Guillaume Rejou, VP Product Marketing chez Cegid, le soulignait récemment dans nos colonnes : « Il faut arrêter de traîner des pieds. L’écosystème se structure, les flux sont réels. Il est temps d’entrer dans la réforme, de tester, de se connecter, de corriger. Ceux qui attendent la dernière minute risquent d’y laisser des plumes. »

Et au-delà de la technique, c’est l’organisation elle-même qui doit s’ajuster : référentiels clients à fiabiliser, circuits de validation à repenser, systèmes d’information à interconnecter, prestataires à choisir. La réforme n’est plus un objet de veille réglementaire. Elle est une mécanique en route. Ce n’est pas une échéance qu’il faut attendre, mais un mouvement qu’il faut rejoindre.


Tous les acteurs entrent progressivement dans la danse

L’ouverture de l’annuaire du PPF fin juin marque le véritable déclencheur opérationnel de la réforme. Depuis, les premières plateformes immatriculées comme PDP activent leurs connexions et commencent à référencer massivement les adresses de réception.

Qonto, fintech également PDP, affirme avoir permis à un de ses clients d’émettre une facture structurée, transmise et payée en 8 minutes. Un cas d’école qui illustre la promesse d’instantanéité du nouveau modèle. Du côté de Pennylane, plus de 5 000 entreprises auraient déjà été inscrites dans l’annuaire central en quelques jours, permettant à ces TPE/PME d’entrer dès maintenant dans un cycle dématérialisé conforme. Tradeshift, acteur international, se dit connecté en production depuis le 27 juin dernier.


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